Notre mémoire est aujourd’hui très externalisée : téléphones portables, ordinateurs, Internet, stockent des informations en quantités considérables. Mais nos élèves ont toujours –et c’est heureux ! – un certain nombre de choses à apprendre par cœur : dates, noms, formules et autres.

Très souvent ils ne savent pas comment faire ! Pour certains c’est facile et immédiat, pour d’autres c’est une véritable souffrance. Pourtant nous possédons tous une mémoire phénoménale. La quantité d’informations inconscientes que nous stockons (repères spatio-temporels, visages, lieux, goûts, odeurs…) est colossale. Mais comment mieux utiliser notre cerveau pour mémoriser une formule de cours ?

 Mémoire

La réponse est millénaire mais aujourd’hui quasi oubliée (même si on l’a revue récemment dans la série « Sherlock » par exemple) : depuis l’antiquité grecque, les orateurs, les étudiants, etc… apprenaient d’abord des techniques de mémorisation avant de « remplir les cases » de leur mémoire. On peut résumer  les grandes lignes comme suit :

Rendre visuel

Notre cerveau est très fort pour mémoriser des images. Alors, « visualisons » ce qu’il faut apprendre. La technique la plus célèbre est celle du « palais de mémoire » : dans un lieu bien connu, créer un parcours mental dans lequel on placera la liste de mots qu’il faut retenir, en la rendant la plus spectaculaire possible (objets, couleurs…). Il existe des techniques plus élaborées, comme par exemple associer des lettres ou des chiffres a des objets spécifiques : une fois ce « code » créé, on l’utilise ensuite pour retenir des données plus complexes.

Utiliser l’affectif

On n’oublie jamais ses sentiments. On retient plus facilement ce qui est drôle, choquant, intriguant. Mettre en scène quelque chose à retenir de manière cocasse offre une marque mémorielle supplémentaire.

Répéter

Revoir régulièrement une notion est évidemment très important. Mais il n’est pas nécessaire de se cogner la tête contre les murs pour le faire. En revanche, le faire toujours dans le même cadre, calme et familier, est important. Une étude a montré que des étudiants réussissaient mieux leurs partiels s’ils avaient lieu dans leur salle de cours habituelle que dans une salle inconnue !

Plus on en sait, plus on peut en savoir

Il faut également savoir que notre mémoire ne fonctionne pas comme un réservoir qu’on remplit. Au contraire, si une nouvelle information arrive, plus elle est liée à des informations déjà connue, plus elle sera retenue facilement. Autrement dit, plus vous en savez, plus c’est facile d’en savoir plus…

Quelques pistes pour nos élèves:

Il y a bien d’autres méthodes encore, mais l’essentiel est là : rendre concret, original, visuel.

Vous êtes sceptiques ? Faites l’expérience vous-mêmes : dressez une liste de 20 objets complètement au hasard. Visualisez-les le long d’un parcours ayant lieu dans la maison de votre enfance. Ajoutez des couleurs, des actions bizarres, des personnages. Parcourez ce chemin deux ou trois fois mentalement. Vous servez surpris de la durée durant laquelle vous le retiendrez : réessayez de vous en souvenir une semaine après, un mois après…

 

F.THIERY, professeur de sciences physiques, Thonon

L’essentiel de cet article vient du livre « Aventures au cœur de la mémoire »,  de Joshua Foer. L’auteur raconte comment, tombé par hasard sur des concours de mémorisation, s’intéresse à ces méthodes millénaires, et un an plus tard…gagne le concours national américain.

5 réponses

  1. Bonjour et merci pour cette synthèse. Prof d’histoire, j’ai tellement souvent entendu mes élèves arguer de leur « mauvaise mémoire » pour justifier de piètres résultats, j’entends tellement de parents dire que l’Histoire « c’est pas difficile, il suffit d’écouter le prof et d’apprendre par coeur », que je m’intéresse de près à cette problématique de la mémorisation. Nos cerveaux et ceux de nos élèves sont sur-saturés d’informations, et on lit de plus en plus d’études sur les effets de ce flux continu sur la concentration, la mémoire … Alors, bon, on ne peut pas faire l’autruche… apprendre à apprendre est une impérieuse nécessité : enseignement explicite, pratiques de métacognition, apprentissages de méthodes de mémorisation pour le « par coeur » et pour le reste … Cette année nous avons développé avec un collègue de mathématiques un atelier « apprendre à apprendre » : sur 6 heures, nous essayons de donner quelques trucs aux élèves volontaires (c’est un atelier sur les heures d’accompagnement éducatif). Il me semble qu’il faut commencer par expliquer à nos élèves comment fonctionne le cerveau (les deux hémisphères…) et à partir de là leur faire tester et expérimenter des méthodes de mémorisation. Nous développons la pratique des cartes mentales, de petits exercices de concentration, la création d’images mentales. Et nous nous appuyons sur la théorie des Intelligences multiples de H. Gardner. Un petit résumé de cet atelier là : http://lewebpedagogique.com/salle112/apprendre-a-apprendre/
    L’idée c’est de leur donner des clés, qu’ils devraient pouvoir réutiliser dans toutes les disciplines, quel que soit leur type de mémoire (la fameuse et un peu simpliste trinité « visuel/auditif/kinesthésique »). Et en tout petit groupe, c’est du luxe !
    Difficile de mesurer à court terme l’efficacité et l’efficience de l’atelier… Mais je crois bien quand même que c’est utile.

    Juliette, enseignante Histoire Géo à EVIAN

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