Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le musée “des arts premiers” ou “des arts derniers”, on ne sait plus très bien, n’est pas un musée de plus dans la capitale parisienne.
En effet, l’espace adopte plusieurs niveaux de lecture.
Le premier niveau de lecture peut se faire de manière très fluide, purement esthétique car les objets sont visibles de tous les côtés, grâce la scénographie qui soigne la lumière, la présentation et le rythme. Car l’ennui n’est pas au rendez-vous, le spectateur se déplace dans plusieurs espaces (niches, succession de vitrines, salles presque fermées). On passe d’un continent à un autre sans vraiment y penser.
La deuxième approche, plus attentive, peut se faire en lisant les cartels en noir et blanc et les cartes qui donnent un contexte, une situation aux objets présentés.
La troisième, plus ethnologique où le spectateur peut s’asseoir sur les côtés et prendre le temps de sélectionner des vidéos sur des aspects plus scientifiques moins superficiels.
Bref, plusieurs lectures donc plusieurs approches. Il faut donc y revenir plusieurs fois.
Mais qu’est-ce qui a changé vraiment par rapport aux musées traditionnels ?
1. la manière de mettre en scène les objets, qui sont je le rappelle en trois dimensions, car ceux-ci étaient souvent présentés dans les expositions de manière frontale.
2. les commissaires ont fait un choix dans les collections suivant les continents, ce qui évite l’aspect descriptif voir barbant des expositions traditionnelles.
3. différents niveaux de lecture sont proposés au spectateur.
En d’autres termes, les collections ne sont plus présentées comme une évidence. Elles sont dans un contexte scénographique, esthétique, géographique et ethnographique. Peut-être parce qu’elles ne sont pas occidentales. On peut alors se demander pourquoi nous n’avons pas le même type d’approche avec l’art occidental qu’il soit contemporain ou bien médiéval. Comment faire ressentir au spectateur la puissance d’un retable par exemple lorsqu’il est accroché à la cimaise d’un mur blanc, d’un coin à côté de la porte?
Seule critique à ce musée : les bornes temporelles ne sont pas assez marquées : dans la plupart des collections, la production est encore vivante (tous les populations, civilisations ne sont pas à l’image des Mayas, à savoir disparues). L’exemple le plus familier pour nous, étant l’art aborigène en Australie qui permet de faire vivre des communautés entières. Voir l’étonnant plafond de la librairie.
Mettre en scène, contextualiser ce n’est pas seulement “enrober le bonbon” mais c’est surtout permettre au spectateur d’émettre des éléments de comparaisons, de tisser des liens pour pouvoir revenir sur sa propre culture avec moins d’évidences et plus de recul.
Pour les curieux, le Musée Dapper, merveille pour l’art africain ancien ET ACTUEL, est à voir. Pour l’ACTUEL exclusivement, visitez le Musée des Arts Derniers (une expo jusqu’au 20 septembre sur “des hommes sans histoire”, bientôt sur ce blog…).
Adeline Besson