Retour sur la journée du 29 novembre 2017

La ruée vers Samuel, photo NJ

Aujourd’hui : présentation des sujets

Aujourd’hui, les étudiants ont dû faire un gros effort de synthèse pour présenter leur sujet devant leurs pairs. Nous avions invité les aînés de l’année précédente qui ont pu assister partiellement aux présentations et aux échanges. Une journée donc bien remplie et riche, et épuisante…

 

Juliette, photo NJ

Juliette a commencé la matinée avec sa présentation des territoires qu’elle a étudiés, et plus particulièrement celui du Mirail. Le contexte historique est ici convoqué dans une articulation épistémologique à ce fameux courant de l’architecture moderne. Qu’en est-il de l’acceptation des formes urbaines, et pourra-t-elle faire le lien avec son séjour à Stolipinovo ?

Rosemarie, photo NJ

Rosemarie était plus détendue pour sa présentation riche en couleur. Son intérêt pour la question du lien social fut mise en avant, et ses choix ont pu être discuté et approuvé.

Vincent, photo NJ

Vincent s’intéresse à la mobilité, mais aussi à la question de l’accélération du temps qu’il place sous la métaphore d’une nouvelle religion. J’ai oublié de lui conseiller le livre de Marshall Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance, notamment pour ce fameux passage sur l’introduction de la hache d’acier chez les mélanésiens. Comme le dit Pierre Clastres dans sa présentation : «Si l’homme primitif ne rentabilise pas son activité, c’est non pas parce qu’il ne sait pas le faire, mais parce qu’il n’en a pas envie.» La vitesse nous sépare-t-elle entre générations ?

Ginette, photo NJ

Ginette, quant à elle, nous a présenté deux villes dans la ville, avec une exemple en Angola, son pays natal, et un périmètre du quartier du XVIIIè arrondissement de Paris. elle s’intéresse aux limites verticales de la ville, et pour cela a forgé la notion de « ville bis ».

Candida, photo NJ

Candida nous a parlé du quartier des Sept Deniers, à Toulouse. Son intérêt pour ce quartier se décline dans le rapport entre l’identité, l’enclavement et la densité. Ce quartier qui abrite le stade toulousain livrera-t-il se secrets ?

Romane, photo NJ

Romane s’intéresse au « quartier » de la Patte d’Oie, qui n’en est pas vraiment un, mais pourrait le devenir. Quelles en sont les limites, et comment cela se recoupe-t-il avec les limites administratives ?

Convivialité, photo NJ

Puis, nous sommes passés par un petit moment de convivialité en temps d’un repas partagé. Là chacun apporte quelque chose qu’il met en commun. Vous remarquez qu’il n’y a pas d’alcool. Pour l’occasion j’ai fait des gaufres de Liège. Non pour mettre en avant mes qualités culinaires, mais pour rebondir sur une scène mémorable du film de Paul Auster et Wayne Wang, Brooklyn Boogie (1995) où il est discuté de la particularité de la gaufre Belge de Brooklin, qui n’a rien à voir avec la gaufre Belge de Belgique…

Gaufres Belges, Brooklyn Boogie, 1995

L’après-midi, les étudiants ont changé de place pour leur présentation.

Laury, photo NJ

Laury a présenté son travail sur le banc. A partir d’un repérage dans le Square Charles de Gaulle, elle remarque les usages, les rôles, les perceptions et les enjeux liés à cet objet urbain. De quoi le banc est-il le symbole ?

Daniel, photo NJ

Daniel a ensuite présenté son travail autour de l’habitat participatif. Qu’est-ce que la concertation, en quoi la participation est-elle révélatrice d’un nouvel art de vivre ou bien d’une fumée ? Un questionnement qui devrait s’enrichir du travail de Bardaguer & Pejus à propos des « maisons qui meurent« .

Guillaume, photo NJ

Guillaume s’intéresse aux espaces entre les grandes villes, entre les villes connectées, dans ces espaces ruraux entre deux cultures, celles de l’Aragon et de la Catalogne. Quels singularités ont-ils ? Une histoire de connexion qu’il pourrait aborder sous forme de cartes mentales.

Yvanna, photo NJ

Yvanna s’intéresse à la ville numérique, et aussi à la lumière dans la ville. Alors qu’elle a commencé à pointer un certain nombre de dispositifs numériques, elle compte également aborder l’événement des Lumières de Lyon le 8 décembre prochain. De la Smart City à la ville intelligente, nous sommes ici plongé dans le XXIè siècle.

Benjamin, photo NJ

Pour terminer, Benjamin a présenté son travail sur Val d’Isère. Cela nous a donné envie d’aller faire du ski, ou au moins de tâter la poudreuse… Ici, la question des limites est clairement au centre d’enjeux qu’il faudra comprendre pour penser la ville demain ou en repousser les limites.

Voilà rapidement brossé les onze interventions de la journée. Bon, les images sont de mauvaise qualité, c’est rassurant de voir que tout n’est pas parfait.

Journée du mercredi 29 novembre

TagCrowd du texte de la semaine dernière

Présentation des sujets

Cette journée arrive à la onzième séance et sera réservée aux étudiants. Chacun présentera son travail (appelons cela une ébauche) à partir d’une série de trois diapositives qui pourront laisser place à l’incertitude, le doute, mais aussi la découverte, et le partage.

D’ailleurs à midi, nous échangerons autour d’un repas partagé.

Pour obtenir un TagCrowd, il faut aller sur un site comme :

https://tagcrowd.com/

Retour sur la journée du 22 novembre avec Carl Hurtin

Quartier d’Empalot, photo JD
En attendant les retardataires qui ne sont finalement pas venus, nous avons discuté de l’état d’avancement des mémoires des étudiants présents avec trois propositions : Une définition pour chacun de ce qu’est la limite, une question de fond ou de sens sur un terme qui fait obstacle et une série de questions sur son sujet. Puis nous avons commencé le cours avec une digression sur le corps et ses organes : limites et interconnexions. Individuation des fonctions et fonctionnement collectif.
Puis une digression sur le normal et le pathologique en s’inspirant de Georges Canguilhem. Et une dernière digression à partir de l’écoute de A comme Animal, tiré de l’Abécédaire de Gilles Deleuze. Ces trois digressions étant une manière d’approcher la limite par d’autres chemins (Rome étant peut-être une limite ultime). Puis nous sommes passés à des expressions artistiques qui ont fait charnière entre l’art moderne et l’art contemporain.
Toutes ces façons différentes d’aborder la limite étaient une tentative de démontrer que les limites ne sont que des articulations entre des mondes, que chaque objet de pensée, chaque objet du réel, chaque être vivant, est un monde et que tout ces mondes sont interconnectés et interdépendants, et comme les organes d’un être vivant, ils sont à la fois récepteur et émetteurs et sont en constante recherche d’un équilibre collectif.
Pour finir, j’ai montré quelques éléments de mon travail récent (exposition en cours jusqu’au 16 12 2017 au Centre d’Art Contemporain La Chapelle St Jacques à St Gaudens) autour de la notion de « Sfumato » (fumées industrielles et abolitions des limites d’une image) et quelques vidéos  et documents réalisés dans l’espace public abordant l’idée de limite et de territoire.
Parc de la ZAC Niel, photo JD
L’après-midi a été consacrée à la visite accompagnée du quartier St-Agne/Empalot et de sites emblématiques d’une certaine idée de la limite et de l’interconnexion des territoires. L’après-midi s’est terminée par un goûter sur une terrasse avec des Oreillettes, spécialité locale interconnectée avec les Merveilles, les bugnes, les Tourtisseaux et autres beignets frits, mondes vectorisés des cuisines régionales qui n’ont de cesse de se partager.
Parc de la ZAC Niel, photo JD
Merci aux étudiants présents, ce fut une bien sympathique journée.

Pollution en ville

Graphique de l’état de l’air en fin de semaine

 

En cette fin de semaine, Toulouse a connu un taux de pollution record. Plusieurs sites internet permettent de suivre cette évolution au fil du temps, jours après jours, semaines après semaines, http://oramip.atmo-midipyrenees.org/l-air-de-ma-region/les-chiffres-du-jour/mesures-en-direct

Il est toujours inquiétant de voir franchir des limites de ce type, touchant à la santé et au bien être des citadins. Ici les appareils de mesure permettent d’objectiver une réalité invisible et quasi-imperceptible. Les recommandations sont pourtant claires : ne pas faire de vélo aujourd’hui.

Nouveau pic de pollution cette nuit ! Enfin un travail sur les limites qui incorpore le dialogue entre le politique et la société.

Graphique de l’état de l’air sur une semaine

Les outils de surveillances sont à la portée des citoyens qui font la ville. Ce soir, le taux est redescendu à une limite acceptable. Et si l’on veut relativiser, il n’y a qu’à regarder du côté de l’Asie pour se faire une belle frayeur.

Etat du réseau de surveillance de la pollution de l’air ce soir.

Cette carte ci-dessus montre l’emplacement des capteurs, dans le centre et au sud de Toulouse. La plupart des logiciels effectue une moyenne. Ici, nous avons 29, ce qui ne correspond ni à la Zac du Chapître ni au centre toulousain.

Au même moment en Chine…

Comme on le voit, les seuils enregistrés en Chine sont d’une tout autre dimension.

http://aqicn.org/map/europe/fr/#@g/43.5831/1.4758/12z

Repousser les limites de Val d’Isère par Benjamin

Village de Val d’Isère, vu sur la tête de Solaise, photo BL

 

J’ai profité de cette semaine expérimentale pour retrouver mon lieu d’étude. La station ouvre le week-end du 25 novembre. La période de mon séjour reflète toute la préparation de la saison hivernale. Beaucoup de chantiers sont encore en cours, les ouvriers coupent du bois dans les rues, les bars et les restaurants ouvrent petit à petit leur porte. Les équipes administratives se préparent à accueillir les nombreux skieurs. L’inter-saison est une période très chargée pour l’ensemble du village, souvent même plus chargé que le milieu de saison.

Chalet en rénovation au Crêt, photo BL

Connaissant très bien Val d’Isère pour y être né, j’ai eu l’occasion d’échanger avec beaucoup d’habitants/saisonniers de manière informelle. Cela a été pour moi l’occasion de discuter autour de l’architecture et de l’urbanisme du village. On remarque que celui-ci se développe d’année en année ; de nouveaux projets naissent constamment bien qu’il ne soit pas facile de trouver du terrain constructible.

Construction traditionnelle dans le vieux village, photo BL

Val d’Isère a d’abord été un petit village niché au fond de la vallée où coule l’Isère. Dans les années 1960, des immeubles dits « modernes » sont apparus comme dans toutes les stations françaises.

En 1983, un nouveau maire, monsieur André Degouey, a eu l’idée de restructurer totalement le centre de la station et avec l’approche des jeux olympique de 1992, Val d’Isère s’est totalement transformé, facilitant les flux de piétons/skieurs/voitures. A la suite de cela, un code d’urbanisme s’est mis en place pour construire un village homogène, reprenant l’architecture traditionnelle du village avec pour base, le bois, la pierre et les lauses.

Aujourd’hui, pour des raisons économiques et de climat, la construction des projets doit être rapide, le chantier est figé durant la saison hivernale. Ainsi, il y a beaucoup de constructions en béton, parementées de pierre et de bois. Du fait de la forte fréquence de constructions, beaucoup d’ossatures en béton surgissent au milieu des constructions « traditionnelles ». Les habitant qui sont face à l’envers du décor sont moins sensibles à cette intention d’homogénéité. Ils ne retrouvent pas le charme qui peut s’opérer dans le vieux village et reprochent une certaine monotonie. Cependant, certains citent des projets plus contemporains, qui ne cherchent pas à imiter le traditionnel, mais se l’approprie et l’adapte pour former une nouvelle architecture.

Nouvel Hôtel contemporain, la Mourra, photo BL
Chantier adosser au vieux village, photo BL

Lors de mon arrivée dans le village, j’ai eu la grande surprise de découvrir l’avancement d’un projet en particulier. Quelques années auparavant, le même projet avait commencé pour ensuite être stoppé par la municipalité. Depuis plusieurs années, on pouvait voir une structure en béton au bord de la route. Avec le temps, les graffiti sont venus s’installer sur l’ossature. L’Office du tourisme l’a ensuite « cachée » avec des grands panneaux pour promouvoir la station. Le lieu de ce projet est dans une zone sensible aux risques d’avalanches. Mais le fait que la construction ait repris confirme qu’il existe des moyens pour repousser les limites. L’avant-projet mérite sans doute d’être analysé pour comprendre les moyens mis en place pour s’implanter à cet endroit.

Le développement du village est extrêmement lié à ses limites, contraint par des sites inondables/avalancheux/montagneux, l’espace disponible pour le bâti devient une denrée rare. Il est donc essentiel de comprendre par quels moyens on peut étendre ces limites.

Projet de parking sur la pleine de la Daille, photo BL

Mon analyse s’est beaucoup portée sur la recherche d’archives et d’informations auprès des intervenants clés de la station. Je me suis rendu à la mairie, à l’Office du tourisme ainsi qu’à la médiathèque municipale. Un musée qui retranscrit l’histoire du village est sensé ouvrir ses portes fin décembre. Les archives n’étaient donc pas disponibles car déjà prêtées à l’agence qui s’occupe du Musée. Cependant, la visite de ce musée en fin d’année me permettra d’enrichir d’avantage les connaissances du lieu.

J’ai eu l’occasion de rencontrer Patricia Suilot à la « Maison de Val » qui s’occupe des archives de Val d’Isère. Elle a su me conseiller dans mes lectures et elle s’est proposée de me fournir plusieurs contacts des « anciens » du village ainsi que les intervenant clés de la station après leur accord. Cela me permettra d’avoir des visions plus sensibles sur l’évolution du village.

La visite à l’office du tourisme m’a permis d’apprendre que contrairement à beaucoup de stations de sport d’hiver, Val d’Isère est complètement transparente sur sa stratégie de développement. Ainsi, le site : www.valdiserestrategie.com est une sources de données et d’informations très précises à exploiter qui complèteront celles présentes sur le site de l’INSEE.

La visite à la mairie m’a permis de rencontrer M. Jovet qui s’occupe de l’urbanisme. Il s’est proposé de me transmettre d’ éventuels plans (du village ou de projets spécifiques) lorsque que je serai plus précis dans mon orientation de sujet.

Le rôle du banc dans la ville par Laury

Un banc place Charles de Gaulle, photo LA

 

« Une qualité du banc de ville est de se faire oublier quand on l’a investi, à moins que sa structure singulière ou son inconfort ne le rendent trop présent. » 1

Le banc, un objet si familier, si présent qu’on l’oublie régulièrement. Malgré tout son rôle dans l’espace public reste primordial.

Dans le square Charles de Gaulle, lieu toulousain connu de tous, la présence du banc est importante, on n’en compte pas moins de 49 placés selon un schéma particulier : celui du touriste qui s’arrête surpris par la statue de Claude Nougaro et qui soudainement à une envie irrésistible de faire une photo avec lui ou encore celui des habitués du square connaissant l’emplacement des bancs par cœur, qui les choisit en fonction du soleil ou du passage, mais on peut aussi voir des amoureux (comme dans la chanson de George Brassens2) faisant une escale dans leur promenade. Ce lieu emblématique où l’on s’y retrouve seul ou à plusieurs le temps d’une photo, d’un café, d’une pause, d’une promenade est marqué par le temps qui vient se figer ou au contraire s’accélérer.

Schéma d’impact de la position des bancs dans l’espace public – L A

L’apparition de ce square remonte aux années 1870 lorsque la rue Alsace-Lorraine a vue le jour. Ce lieu très marqué par son emplacement qui est l’intersection entre le Capitole, le quartier Jean Jaurès ou encore la rue Alsace-Lorraine est aussi connu de tous pour sa végétation emblématique, car très variée, on y retrouve par exemple un sophoras du Japon ou encore un érable.

Jusqu’alors très végétal, le square se voit modifier à partir de 2011 dans le cadre du réaménagement de la rue Alsace-Lorraine, la présence de pavage et de murets en granite vient fortement modifier ce square le rendant plus harmonieux avec le paysage urbain qui l’entoure.

La forte minéralisation de ce lieu permet de venir répondre à son usage dense – qui ne compte pas moins de 10000 passages quotidiens – mais également de le préserver dans le temps.

 

La présence de murets en granite que l’on retrouve tout le long de notre cheminement vient jouer un rôle important dans le réaménagement du square. Ils servent en même temps à délimiter les espaces, à protéger la végétation, ou encore d’assise. Malgré la possibilité de se servir de ces murets comme une assise, on peut constater très vite que cela n’est pas étudié pour sa hauteur, et sa matière ne permet pas une position du corps très confortable.

Pour répondre au besoin d’assises, des bancs sont venus s’accrocher à ces murets venant eux aussi délimiter l’espace et guider le visiteur tout au long de sa promenade.

 

Photographie du muret en granite – L A

On peut constater que la présence du banc dans ce lieu lui permet de ne pas être seulement un lieu de passage. Malgré tout le banc reste un objet très vite oublié, car commun de tous. Chaque acteur de l’espace public reconnaîtra sans problème cet objet, beaucoup l’identifieront grâce à un souvenir, une sensation, une image, etc.

———————————-

1 – Ernest Boursier Mougenot, page 23, chapitre – Si familiers qu’ils passent inaperçus dans le livre L’amour du banc.

2 – Chanson George Brassens – Les amoureux des bancs publics 

La vie d’un quartier à travers les images mentales par Cândida

Le quartier des Sept Deniers, photo CZ

 

 

La stratégie utilisée pour faire l’analyse était de se promener dans le quartier et de se laisser dériver. Je souhaitais laisser le quartier me conduire avec pour but de construire une image par rapport issue de mon expérience.

 

Limites du quartier des Sept Deniers, photo CZ

Au début  j’ai pris le bus jusqu’à l’arrêt terminus de la ligne, pour voir jusqu’où l’agence Tisséo nous mène, et cela jusqu’à l’arrêt des Sept Deniers/Salvador Dali – je me suis posée la question – et quand le bus s’est arrêté, il n’y avait que la voirie et des voitures, ainsi que des camions… Je suis sortie des limites du quartier, me suis-je dis. J’étais toute seule et après j’ai pris le même bus pour retourner vraiment dans le centre du quartier.

Plan du quartier

 

À partir de ce moment-là, j’ai commencé à faire ma dérive à pied. Connectée avec l’ambiance d’une petite ville (sentiments personnels), j’ai décidé de tourner à droite, de regarder le ciel, les personnes qui passent, les arbres et les panneaux existants.

« Nous apprécions les lieux reconnaissables à leur caractère particulier et nous leur appliquons nos sensations et nos significations » dit Kevin Lynch.

Par ailleurs, je devrais voir les sentiments et les impressions des habitants et des passants. De cette manière, les entretiens seront un matériel primordial pour la construction d’analyse et l’hypothèse.

Vue des marches de l’espace Job, photo CZ

 

Maintenant, en regardant sur une échelle plus éloignée, les frontières du quartier des Sept Deniers, la ville et la banlieue sont à la périphérie avec la Garonne et si l’on observe d’un peu plus près, il est possible de s’apercevoir que le quartier est situé à la marge de Toulouse par rapport aux frontières de la ville. Pourtant, les habitants du quartier voient les limites plus souvent, ce qui les font se sentir dans un autre temps, dans une autre dynamique, dans laquelle il n’y a pas besoin de courir. Le sentiment partagé est de se trouver dans un lieu calme où  le temps passe plus lentement. Le quartier se ferme sur lui-même et on s’aperçoit que Toulouse est encore là en regardant les voiries qui longent le fleuve ou le bouchon que l’on aperçoit de temps en temps dans le quartier.

L’environnement affecte la vie quotidienne d’un lieu et les frontières du regard influencent la construction des images mentales.

Le long des berges, photo CZ

Approche du quartier Patte-d’Oie par Romane

La Patte-d’oie : un quartier et ses limites, photos Romane Joyeux

Située dans l’Est toulousain, plus précisément dans le secteur rive gauche de la ville rose, la patte-d’oie se différencie de son quartier administratif St-Cyprien. En effet, on ne peut que constater une forte identité qui se dégage autour de la place de la Patte-d’oie et qui semble rayonner sur quelques îlots alentours et former un quartier autour de cette place « rond-point » en forme de patte-d’oie.
Les observations effectuées sur place ont permis de relever les marques du territoire Patte-d’oie. On observe donc les arrêts de bus Patte-d’oie au nombre de trois situés à proximité de la place, puis également les deux bouches de métro situées de part en part de la place. On observe également des commerces qui affichent clairement en façade leur appartenance à ce quartier tel que la pharmacie Patte-d’oie. Voici donc le récit de mon après-midi :
« C’est en remontant l’avenue de Grande Bretagne, que j’aperçois le « Cabinet infirmier Métro Patte-d’oie ». Voilà donc un premier service qui revendique son appartenance à ce quartier et m’informe que je ne suis plus très loin de la Patte-d’oie. En poursuivant mon chemin, je tombe sur l’arrêt qui dessert les bus 14, 66 et 45, avec cette borne qui identifie l’arrêt Patte-d’oie. Passé cette borne, j’arrive enfin sur la place. Des petites plaques accrochées aux façades qui donnent sur ce rond-point m’indiquent la Patte-d’oie.
Aujourd’hui, il fait froid et le bruit incessant des travaux pour l’agrandissement du métro avenue de Lombez, ainsi que le trafic routier, rendent désagréable cette place. Peu de monde en terrasse ou une faible présence sur la place ce jour-là. On trouve seulement les gens qui se pressent pour rentrer dans les bouches de métro ou en sortir. Au niveau du métro, une petite oie dessinée afin de permettre aux illettrés, selon la rumeur, de se repérer dans le métro.
Au niveau de la place, des commerces revendiquent leur appartenance au quartier. On trouve le pressing de la Patte-d’oie et également le Crédit Agricole agence de la Patte-d’oie. C’est donc bien plus qu’une place, mais un quartier avec sa véritable identité et ses commerces de proximité. Cependant peut-on réellement parler de place pour la Patte-d’oie ? Avec ce trafic journalier important et ses axes majeurs elle devient plus un rond-point place qu’une place.
En poursuivant vers St Cyprien, et remontant l’avenue Étienne Billières, je découvre encore quelques commerces de proximité revendiquant l’appartenance au quartier tel que « La pharmacie de Patte-d’oie », ainsi que les arrêts de bus Patte-d’oie. Je découvre également un peu plus loin, la borne de Vélib 130 : la borne de la Patte-d’oie.
La Patte-d’oie semble donc rayonner sur plusieurs îlots se formant en une identité propre et surtout autre que celle de St Cyprien. La Patte-d’oie semble être un quartier, avec une ambiance de « petit village » par la présence de ses commerces de proximité et ses petites maisons. La question maintenant : Où sont les limites de ce quartier ?

Premiers pas, premières impressions : La ZAC Vidailhan à Balma par Daniel

Entrée de la ZAC Vidailhan, photo DEDSP, 2017

Localisation

Située au nord de la ville de Balma, la ZAC du Vidailhan occupe une place atypique au sein du tissu « rurbain » de l’agglomération toulousaine. En effet, elle est encerclée par différentes zones très hétérogènes, mais pourtant complémentaires. Au nord, proche de l’accès de la ligna A, on retrouve l’immense centre commercial Balma Gramont et une zone d’activité tertiaire qui mêle commerces, services, bureaux et industries. À l’ouest, la ZAC borde un vaste centre d’essai aéronautique militaire dont l’accès est strictement contrôlé. À l’est, s’étendent à perte de vue des pleines vallonnées peignant une ruralité forte, un paysage façonné par et pour l’agriculture. Enfin au sud, le Vidailhan se connecte à la trame urbaine, confrontant sa vision de l’habitat collectif et/ou groupé, plus dense, au modèle pavillonnaire traditionnel d’un Balma plus diffus.

Venelle, photo DEDSP, 2017

Accessibilité

Pour aller et venir à la ZAC du Vidailhan, une seule ligne de bus (n°84) est mise à disposition des usagers. Elle prend son point de départ à la station terminus du métro Balma Gramont puis traverse la ville de part en part, du nord au sud. Avec une fréquence de passage moyenne d’un bus toutes les 20 minutes en semaine (15 minutes en heures de pointe et 25 minutes en heures creuses) il n’est pas étonnant de constater une fréquentation plutôt faible sur la ligne au moment de ma visite. Pourtant elle traverse un bassin d’activité important et la ville compte une population de plus de 15000 habitants, dont plusieurs centaines rien que dans le secteur Vidailhan. De plus, ce dernier ayant vocation d’éco-quartier, il est étonnant de ne pas avoir développé des modes de déplacements doux, comme le vélo par exemple, aucune station Vélo Toulouse n’y est installée.

Chemin végétal, photo DEDSP, 2017

Espaces bâtis

L’abord du lieu est similaire à une entrée de ville. Une fois passé le secteur d’activité la coupure est nette, voire même brutale. Pas de transition progressive ni d’entrelacement entre différentes typologies : c’est la fracture. Le dessin urbain est très sectorisé : d’un côté de la rue c’est l’industrie, de l’autre c’est l’habitat. Pas de communion, on assiste à une cohabitation qui semble  presque forcée. Une fois ce seuil passé, la ZAC donne une impression de grande uniformité. Le vocabulaire architectural est très codifié. Matières, matériaux, couleurs, gabarits, etc. Les bâtiments respectent tous scrupuleusement les codes institués par le plan d’aménagement. Néanmoins, aux détours des rues, des ruelles, des passages et autres venelles, on découvre des changements, parfois subtils, mais qui apportent plus de richesse au discours du bâti. Alors cette apparente fadeur se transforme en jeu d’infinies variations de tons, de formes, de typologies et de trames.

Le parc, photo DEDSP, 2017

Cette « unité vibrante » et « rythmique » est ponctuée par un artéfact singulier : l’école primaire José Cabanis. Posée au milieu du parc, l’école a fait l’objet d’un traitement particulier. Elle est vêtue de briques et de bois, ses façades sont largement vitrées et l’ensemble du bâtiment se joue ici et là de la gravité en arborant fièrement quelques porte-à-faux. L’unité architecturale est rompue. Ici il ne s’agit plus de faire corps avec la masse, mais d’en ressortir. Il faut signaler, il faut signifier, il faut faire lieu et ainsi marquer la présence d’une institution publique. Cependant, bien qu’il y est une forme de confrontation architecturale, le bâtiment participe à la cohésion et à la cohérence de l’ensemble. De par sa position dans la continuité du parc, il constitue l’espace public. De par sa forme unique, il contribue à éviter l’uniformisation et continue un repère visuel. Et de par son dialogue avec les bâtiments environnement, il vient articuler le lieu.

L’école, photo DEDSP, 2017

Espaces en creux

La notion de « creux » est à comprendre comme l’opposé de « bâtis » et non pas comme synonyme de « vides ». Le Vidahian compte de multiples espaces creux, par leur nombre, mais aussi par leur variété. Une grande partie d’entre eux sont des espaces naturalisés. Parcs, promenades et jardins partagés jalonnent le parcours et offrent une diversité appréciable d’espaces verts. Ils signent aussi le retour de la nature en ville. Les allées sont plantées de diverses essences d’arbres, une multitude de plantes accompagnent les promenades piétonnes et certains chemins sont même bordés de ruisseaux. En faisant abstraction du bâti, cette nature rapportée donne l’illusion d’une vie à la campagne. Le travail sur les trames vertes et bleues venant créer des écosystèmes urbains. Quant aux jardins partagés, ils accompagnent les autres espaces en creux : les places minéralisées, les larges cheminements piétons, etc., et participent à tisser des liens sociaux, créer une vie de quartier et retrouver un esprit de village.

En attendant le train… par Vincent

Gare Matabiau, 19h08. Photo VD, 2015

 

« Avec l’essor urbain du XIXe siècle, la gare est devenue un lieu multifonctionnel. Elle assure le passage de la ville à la campagne, du fermé à l’ouvert. Son statut de « porte de la ville » lui confère, encore au XXIe siècle, un rôle central dans l’organisation de l’espace tant d’un point de vue matériel que symbolique. Lieu public le plus récent de l’espace urbain, elle est riche d’enjeux architecturaux, industriels et historiques. »1

La gare ferroviaire n’est plus la seule à assurer ce passage « de la ville à la campagne » ainsi que ce rôle de « porte de la ville », des espaces comme cela, il en existe plusieurs de nos jours, des aéroports aux gares routières de bus en essor depuis 20152. Ces espaces, qui ont pour rôle de connecter la ville au reste du territoire dans un sens, et d’assurer la liaison aux différentes mobilités dans l’autre, sont symptomatiques de notre rapport à la vitesse et au déplacement.

Néanmoins, la gare, elle, était là depuis le début. Depuis l’avènement de la rapidité différenciée au milieu du XIXe siècle3, ce lieu a vu nombre de voyageurs, de plus en plus divers et venant de plus en plus loin. Il a vu évoluer nos modes de déplacement, leurs vitesses ainsi que leurs destinations et s’est adapté au fil du temps. De plus, les transports ferrés représentant les réseaux de transports en commun les plus utilisés en France4, la gare semble être un lieu idéal pour prendre le pouls de notre société.

Intrigué par notre rapport au temps, à la vitesse et de son impact sur les hommes et sur le territoire, je me dirige donc vers la gare de Toulouse Matabiau en quête d’indices.

Question territoire, une photo du Capitole imprimée sur les marches du souterrain de la gare, accompagnée d’un « Bienvenue à la gare de Toulouse Matabiau » en guise d’accueil, nous donne déjà un élément de réponse. Il ne manquerait presque que le vent d’autan pour se croire sur la place du Capitole.

Mais passons, dirigeons-nous vers le cœur du bâtiment de la gare. Celui-ci est constitué de deux halls comportant des espaces d’attente aménagés, des services de restauration et de Relay, de panneaux d’affichage d’horaires ainsi que d’accès aux quais, halls séparés par un couloir comportant divers services dont une grande salle de guichets SNCF, sorte de salle des doléances du XXIe siècle.

Ce bâtiment forme un espace de transition entre l’intérieur et l’extérieur, entre le territoire et la ville, entre le train et les autres transports, un espace ou l’homme peut « choisir entre le mouvement et la halte »5. Mais il est également lieu de vie, de travail, d’attente, de passage et d’information. Entre usagers transitoires, fixes, de passage ou même « en marge », comment cet espace est-il adapté à tous ces usages ?

Hall principal de la gare. Photo VD, 2017

 

Les halls, totalement libres de cloisons, sont à la fois espacés d’attente et de passage, une interaction entre flux constant et pause s’y opère. Pour autant, il est possible de rejoindre aisément le flux perpétuel comme il est possible d’effectuer une halte sans franchir aucun seuil. Les individus en halte, attendant leur correspondance ou l’annonce de leur quai de départ, ne prêtent pas attention au passage de ceux qui n’ont pas le temps d’attendre. Ce qui est compréhensible, tout est là pour vous aider à passer le temps ! Restaurants, Relay, tables de travail avec prises électriques, fauteuils avec accoudoirs permettant d’être « à la fois face à face et isolés »6, la SNCF est même là pour vous lire une petite histoire ! Grâce à une borne qui imprime un texte aléatoirement en fonction de temps que vous souhaitez prendre à lire : 1, 3 ou 5 minutes. Pour moi, ça sera Le crépuscule du soir de Charles Baudelaire, « La Gare de Toulouse Matabiau vous offre des histoires à lire… sans attendre. ».

Le crépuscule du soir, Ch. Baudelaire & la SNCF

Tous ces éléments font de la gare un lieu de passage et de halte avérés, en est-il pour autant un lieu de vie et d’interaction ? Cela reste difficile à définir. Lieu en constant changement, la gare est fondamentalement liée au mouvement et à la vitesse. Cette « rapidité des relations modifie le rapport aux autres »7, les usagers hésitent à nouer une conversation avec quelqu’un qui risque de partir à la minute qui suit.

Toutefois, un endroit particulier brise la temporalité de ce lieu et réunit quelques individus, celui d’un espace de piano en libre utilisation. Libre à chacun de partager sa musique et de chanter en chœur, après tout, si un art à toujours réussi à réunir les hommes et traverser le temps c’est bien celui de la musique.

 

« Le jour tombe. Un grand apaisement se fait dans les pauvres esprits fatigués du labeur de la journée ; et leurs pensées prennent maintenant les couleurs tendres et indécises du crépuscule. »8 Mais la gare, elle, ne se couche jamais, je la laisse à son rythme effréné, et garde dans mes pensées, sous le crépuscule du soir, ces quelques mots de Baudelaire.

« Crépuscule, comme vous êtes doux et tendre ! Les lueurs roses qui traînent encore à l’horizon comme l’agonie du jour sous l’oppression victorieuse de sa nuit, les feux des candélabres qui font des taches d’un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, les lourdes draperies qu’une main invisible attire des profondeurs de l’Orient, imitent tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l’homme aux heures solennelles de la vie. »9

 

_____________________________

  1. David Bàn, « Les sciences sociales françaises face à la gare. Bilan et lecture critique », Revue d’histoire des chemins de fer (En ligne), 38, 2008.
  2. « Loi Macron : 70 villes desservies par le nouveau service de transport par autocars », Article, Le Monde.fr avec AFP, 21.09.2015. http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/09/21/autocars-les-premiers-effets-de-la-loi-macron-se-font-sentir_4765743_1656968.html
  3. Jean Ollivro, « L’Homme à toutes vitesses. De la lenteur homogène à la rapidité différenciée », Presses universitaires de Rennes, 2000.
  4. En 2016, ce sont 103,2 milliards de voyageurs/km sur les réseaux de trains, RER et métros, contre 82 milliards/km pour les bus, cars et tramways et 14,8 milliards/km pour les transports aériens. La voiture individuelle, représente à elle seule 756,4 milliards de voyageurs/km, plus de trois quarts des déplacements dans l’année. « Transports intérieurs de voyageurs par mode », données de l’INSEE et du SDES, 2016
  5. Jean Ollivro, « L’Homme à toutes vitesses. De la lenteur homogène à la rapidité différenciées », Presses universitaires de Rennes, 2000.
  6. Ibid.
  7. Ibid.
  8. Charles Baudelaire, « Le crépuscule du soir », Petits Poèmes en prose, 1869.
  9. Ibid.

buy windows 11 pro test ediyorum