Un baromètre sur le vélo

Enquête « parlons-vélo » en cours, décembre 2017

La fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) a lancé à l’automne une grande enquête via les réseaux sociaux et la presse afin de concevoir un tableau de bord des usages cyclistes. Son but est de sensibiliser les pouvoirs publics sur l’impact positif du cyclisme urbain. Les « mobilités actives » selon le terme inventé que sont la marche à pied et la pratique du « vélo musculaire », sont au centre des interrogations des assises sur les mobilités.

La FUB est un organe idéologique dont le but est de promouvoir l’usage du vélo au quotidien. Avec près de 30 000 membres cette association est à l’instar de l’Automobile Club de France, une association tournée sur la promotion de la bicyclette sous tous ses angles.

Cette grande enquête qui devrait être livrée au 16 mars 2018 fournit déjà des données, ce qui est en soit une démarche inhabituelle en statistiques. Le site  est une véritable mine d’informations qu’il faut cependant savoir utiliser. Pour les 113 000 répondants, il est possible d’effectuer des tris croisés, par âge, sexe (genre), fréquence de déplacement à vélo, etc. La variable « profession » n’est pas renseignée, ni le niveau de diplôme, ce qui laisse sous-entendre que l’expertise visée à travers l’enquête ne tient pas compte du niveau scolaire ni du métier. Par contre, la variable « niveau de maitrise » indique qu’en fonction de la maitrise estimée du vélo ou de la confiance que l’on a dans le maniement de la machine, l’enquête livre des résultats différents. Par exemple, moins on maîtrise moins on a confiance, ou moins on a confiance dans sa capacité à circuler à vélo, moins on a confiance dans la route. Sorte de tautologie qu’il faut pourtant pouvoir vérifier.

L’insee nous a montrés que la pratique du vélo dépendait du statut socioprofessionnel et notamment du diplôme (insee première, ). Il est par conséquent dommage que cet indicateur soit absent de l’enquête, mais cela n’enlève rien à son intérêt. D’ailleurs, faisons remarquer qu’il s’agit d’Assises, et non d’une enquête sociologique. Par conséquent, c’est sur la base du volontariat que les fiches sont renseignées et non sur la base d’un arbitraire statistique. Les organisateurs en sont bien conscients puisqu’ils livrent leurs résultats sous la forme  de tendance ou de sentiment.

J’ai choisi de me pencher sur la réponse à la question : selon vous, les vols de vélos sont-ils rares ?

Enquête « parlons-vélo » en cours, décembre 2017

Quel que soit le niveau d’expertise du cycliste, ils sont entre 75 et 77% à trouver que les vols ne sont pas rares. Ce sentiment d’insécurité exprimé pose évidemment des questions.

Enquête « parlons-vélo » en cours, décembre 2017

Ce sentiment baisse avec l’âge, mais reste tout de même assez fort, puisque 69% des réponses des personnes de plus de 65 ans pensent que les vols de vélos ne sont pas rares. On pourrait également regarder du côté du genre.

Enquête « parlons-vélo » en cours, décembre 2017

Les femmes sont plus nombreuses à penser que les vols de vélos sont fréquents (inverse de rare). et globalement, ils sont cette fois 77% à le penser. Comme nous apprécions les tableaux et que l’enquête permet de croiser avec d’autres indicateurs, voyons du côté de la pratique.

enquête « parlons-vélo » en cours, décembre 2017

Plus les gens pratiques la bicyclette moins ils pensent que le vol est fréquent, dans une proportion de 8 points entre ceux qui pratiquent régulièrement et ceux qui ont une pratique occasionnelle du vélo. Les « experts » sont presque à 80% persuadés que les vols de vélos sont fréquents.

D’après un article de la Dépêche du midi (du 4 décembre 2017), Toulouse subit en moyenne cinq vols par jour, ce qui correspondait à 1955 déclarations de vol au moment de la rédaction de l’article. Rapporté à la population toulousaine qui passe à 948 000 habitants au 1er janvier 2018 (Insee), cela nous donne 2 vols de vélo pour 1000 habitants. Cela correspond à la moyenne nationale qui est de 1,1 % des ménages, avec 321 000 déclarations de vol en 2016. Même si le nombre de pratiquants demeurent bien plus faible, puisque évalué à 3% de la population mobile, reste que le taux est beaucoup plus élevé que celui des vols de voitures, qui est de 0,2 % des ménages avec 49 000 véhicules volés en 2016, mais beaucoup moins que celui des vols dans les voitures, qui correspond à 2% des ménages. Et comme il n’est pas demandé dans l’enquête si le répondant s’est déjà fait voler un vélo, il est difficile de mesurer l’objectivité des réponses.

Ces chiffres, bien qu’officiels, méritent toutefois une attention particulière car on comprend bien que si la déclaration du vol de sa voiture ou dans sa voiture est quasiment évidente, celui du vélo demeure assujetti à la possibilité de remboursement sur facture, ce qui limite forcément le nombre de déclarations. Quoi qu’il en soit, le sentiment que le vol est fréquent pose question, car faute d’apporter une réponse politique appropriée, la pratique de la bicyclette en ville ne pourra pas croître dans la mesure des espérances de la FUB (qui souhaite porter à 12% le nombre de pratiquants).

Vous avez $43 millions, allez vivre au 53W53

Vue de l’intérieur d’un espace domestique, projet 53W53, Jean Nouvel arch.

Dans ce cas, vous allez pouvoir investir dans un charmant appartement n°65 d’un immeuble de grand standing, situé juste en face de Central Park à New-York.

Quatre chambres, une salle de gymnastique, un dressing, quatre salles de bain, Jean Nouvel s’exprime dans ce projet luxueux. Pourrait-on reprendre à son compte cette phrase « beautiful place for beautiful people ». Un détail pour nous toulousains, le marbre de Moulis « grand antique » est utilisé dans le hall. C’est un peu l’appartement le plus cher que j’ai trouvé (encore libre), d’autres sont plus abordables.

Ce projet financé par Goldman Sachs, Pontiac et Hines, peut être vécu comme un rêve pour nos jeunes architectes, Jean Nouvel étant l’architecte le plus nommé lors des entretiens du concours d’entrée à l’école. Nous touchons à des limites qu’il est intéressant de questionner dans la mesure où elles nous permettent d’entrevoir un état de la richesse dans le monde.

« I really think one of noble aspects of architecture… »
« …is to testify for a genration, »
« …is to reflect a culture in a said instant. »

Dans le même temps, ou à l’autre bout du monde, Sophie Djigo, vient de recevoir un prix pour son ouvrage sur les migrants à Calais. Voilà deux réalités qui font notre monde. Voilà deux instants donnés d’une culture qui se reflète comme le dit si bien Jean Nouvel. Mais lorsque notre regard critique s’appuie sur l’un pour évaluer l’autre, il s’en dégage un sentiment d’absurdité et d’incompréhension totale.

Les méthodes et la réflexivité

Comment parler des méthodes et de la position réflexive de l’ethnologue en faisant l’économie de son propre travail ? L’adage selon lequel on n’est jamais mieux servi que par soi-même sera repris ici sans scrupules.

Dans mon dernier livre, j’accorde une part importante à l’épistémologie et à la question du rapport que le chercheur a avec le recherche. Il en sera question dans le séminaire, pour éclairer l’étudiant sur un certain genre de limites et pour montrer également que la recherche implique une implication de soi dans cette quête idéologique de la recherche de la vérité.

Séance du mercredi 13 décembre 2017

Carte mentale de la réflexion autour du mémoire

 

Petit point sur l’ensemble des questions autour du mémoire. Si je prends comme exemple le « banc » objet cher à Laury, son sujet peut être celui des bancs de la place Charles de Gaulle cette année : quoi, où, quand ? D’une manière plus générale, son objet est celui des assises dans l’espace urbain. En second lieu, elle pourra envisager de travailler sur le banc de manière plus large et général : le banc dans l’histoire, le banc à travers le monde, etc. C’est-à-dire qu’elle pourra commencer son mémoire par une histoire du banc à travers le monde, de ses origines à nos jours.

L’hypothèse est étroitement liée à la question de marges, limites et frontières qui définissent le séminaire. La question du contrôle des espaces urbains, ou de ce que plus proprement nous pouvons appeler la « gouvernance urbaine », s’articule avec la problématique de l’enfermement. Jean-Pierre Garnier, Michel Foucault avant lui et d’autres ont travaillé sur cette question.

Aussi, nous pouvons faire l’hypothèse que les personnes stationnées dans l’espace urbain sont aujourd’hui contrôlées (ou plus contrôlées qu’avant, etc.).

La vérification de cette hypothèse se fera sur la base d’observations et d’entretiens, de lectures et de confrontations. L’idéal serait qu’un technicien raconte que cette place a été « reconditionnée » pour en améliorer le contrôle. Mais en faisant le tour des commerces, en questionnant les gens et en observant les pratiques sociales, il est également possible de conforter cette hypothèse…

La carte mentale ci-dessus illustre ces propos.

Bibliographie :

Foucault, Michel. Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris : Gallimard, 1975

Garnier, Jean-Pierre. Une violence éminemment contemporaine. Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires, Marseille : Agone, 2010

Franchir les limites du rêve

Saritea magnifica, portait de Sarah, huile sur toile, Maria Mestre

 

Maria Mestre est une artiste peintre que j’ai connue durant mes études à Paris. Son site nous invite au rêve et à franchir ou non, ses imites.

« Comme Freud, Jung a toujours pensé que le rêve était « la voie royale d’accès à l’inconscient ». Mais à l’opposé de Freud, il tent que le rêve n’a pas besoin d’être décrypté pour en faire venir le sens au jour: « Je doute, que nous devions admettre qu’un rêve ne doit être autre chose que ce qu’il paraît être. En d’autres termes, je prends le rêve pour ce qu’il est ».

D’où le recours comparatif aux motifs folkloriques, mythologiques ou traditionnellement religieux : d’où le renfort à rechercher du côté de l’anthropologie ou de la science des religions pour comprendre le sens de nos images oniriques. »

https://mrmestre.wixsite.com/mestre/portfolio

Carla Bley, Jaco Pastorius et l’architecture

Jaco Pastorius, album Word of Mouth, 1981

Carla Bley a dit que le jazz était comme de l’architecture en mouvement. Une image bien pesée pour celle qui fut nommée docteur honoris causa de l’Université du Mirail en 2012. Tout cela pour dire qu’il y a un lien indéniable et évident entre musique et architecture. Alors que péniblement nous essayons de mettre au point un morceau de Jaco Pastorius, que nous présenterons en mai, je me dis qu’il serait intéressant de chercher les limites entre musique et architecture, d’en croiser les frontières et d’en évaluer les marges.

Journée du 6 décembre 2017

                                                  

On débute la matinée par un « atelier lectures », dans lequel les étudiants seront amenés à présenter de nouveaux ouvrages. Pour l’occasion je ferai un petit compte rendu de l’ouvrage de Colette Pétonnet, Ces gens-là, écrit au début des années 1960, et réédité cette année par le CNRS à l’initiative de l’ethnologue Daniel Terrolle. C’est une véritable mine d’informations, et de subtilités quant à la démarche ethnologique, et toujours d’une grande pertinence.

L’après-midi, Samuel et Marjorie invitent les étudiants à travailler sur la question de la question et de l’analyse. Voilà de quoi les occupez jusqu’à la fin de l’année. Il sera sans doute question de prolonger les échanges de la semaine dernière, tout en accompagnant les questionnements vers une analyse scientifique.

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