Préparation à la soutenance – première session

Soutenance publique à Firminy le 17 avril 2015 de Justine Lasserade et Adèle Chalumeau, photo NJ

Jeudi 13 juin sera le jour de la soutenance de la première session. J’aimerais bien que les étudiants soutiennent tous à la première session, mais ce n’est pas toujours possible.

Une soutenance de Master n’est pas une soutenance de thèse, mais à y regarder de plus prêt, ça y ressemble (en plus petit).

D’abord parce que c’est un rite de passage profane, qui comporte les mêmes lois sociales que tout rite de passage : avant, pendant et après. Le tout étant de passer la phase d’agrégation (tiens ! un nom connu dans les grade universitaires) avec succès.

Bien entendu il y a les jeux d’acteurs et les enjeux, le mémoire a été lu par le directeur et le relecteur qui ont chacun validé une note, et l’oral sera le moment où tous les membres du jury vont pouvoir évaluer la prestation. Pour cela, quelques conseils concernant la tenue vestimentaire, la posture et les gestes, l’aisance dans la prise de parole, la maitrise du sujet et la qualité de l’éloquence. Pour le jury, il est composé de l’équipe Voir la Ville (un invité pourrait être membre également). Les étudiants les connaissent, il n’y a donc pas de grand danger de ce côté-là.

La durée de la soutenance est de quinze minutes, suivie de quinze minutes d’échanges avec le jury. Il est préférable à ce moment-là de prendre des notes, et d’être attentif aux remarques (comme si c’était intéressant).

L’ordre de passage est tiré au hasard pour ne favoriser personne, mais les étudiants peuvent échanger leur place entre eux.

C’est important que tout le groupe soit présent, d’une part car cela renforce la cohésion de groupe, et soutient ceux qui passent. En plus, cela permet de se préparer pour sa propre soutenance, par apprentissage vicariant comme dirait l’autre.

Bonne préparation.

Soutenance Séminaire Images de Ville du 10 avril 2016, photo NJ

Présentation du séminaire aux futurs Erasmus

Une ambition qui trouve ses limites

Un défaut d’organisation hier m’a empêché de présenter le support de diapositives. Voilà le lien pour le récupérer. Les futurs étudiants qui partent à l’étranger l’année prochaine doivent s’inscrire dans un séminaire et auprès d’un directeur de recherche.

Nous réfléchissons au meilleur moyen d’intégrer ces étudiants dans notre séminaire. Ce blog semble un bon outil de liaison et de réflexion. C’est un outil didactique. Évidemment, les étudiants qui viendront chez nous devront participer à ce blog, sur le modèle des pages précédentes.

Par conséquent, j’invite les visiteurs à fouiller sur l’année à la recherche d’une motivation ou d’un déclic. Nous approchons des 3000 visiteurs, ce qui me rend perplexe compte tenu du fait qu’il n’est pas référencé.

Nous focalisons notre attention sur les champs en vert

 

Quelques éléments d’observation à Bellefontaine au Mirail à propos de l’espace public dans un grand ensemble

Dalle de Bellefontaine – Reynerie, 1970, DDM

L’espace public d’un grand ensemble répond de manière générale à peu de chose près aux problématiques que l’on rencontre ailleurs. Néanmoins, ces espaces publics ont un fonctionnement qui diffère des autres. La composition sociologique est relativement homogène, ce qui amène des usages dans l’espace public de ces quartiers, spécifiques, faits de limites, de frontières plus ou moins tacites et qui sont difficilement perceptibles aux premiers abords.

 

La dalle, espace public désenchanté

Créées à la fin des années 60, les limites de l’ancienne dalle subsistent, mais ont tendance à s’estomper face aux différents aménagements qui y sont apportés depuis quelques années. La disparition quasi complète de la dalle a remis en question un certain nombre de choses en termes de sociabilisation dans l’espace public. Espace de rencontre, de côtoiement et d’échange, elle fut le lieu de séparation entre le piéton et la voiture, jadis, elle est devenue progressivement un lieu où les limites de sa fréquentation se sont posées.

Au début des années 2000, cet espace public, colonne vertébrale du projet de Georges Candilis, s’est peu à peu mué en un espace en crise : peu adaptée au changement social du quartier, dans un contexte de rénovation urbaine. Elle est mal utilisée : « problème d’ordre morphologique (coût d’entretien élevé), contentieux nombreux notamment en raison de la délimitation de la propriété. De nombreux intervenants participent, en effet, à la réalisation d’une dalle avec par la suite, la gestion de la question des limites physiques et juridiques » (Nathalie Montarde, Nathalie Coulaud, « Aménagement, l’urbanisme sur dalle est à réinventer », Le Moniteur, n° 4918, 27/02/1998).

« Le manque de flexibilité, mais également de la forme, secteurs en déshérence, la plupart des commerces d’origine alimentaires et de proximité ferme boutique, l’un après l’autre » , reléguant cet espace public en position de marge (crainte d’y aller, mauvais éclairage nocturne, sentiment d’insécurité, désertion, détériorations). La dalle se détache progressivement de l’ensemble du quartier. Le coup de grâce donné à cet espace interviendra dès le début des années 2000 avec le déménagement des commerces vers le nouveau centre commercial ainsi que sa démolition censée redonner une dynamique au quartier avec son « noyau villageois » (Guénola Capron, Pédro José Garcia Sanchez, « L’urbanisme moderne de dalle, histoire d’un lent échouage urbain : le cas du centre-ville de Choisy-Le Roi », Flux, 2002/4, n°50 Oct. /Déc., p. 23).

 

Démolition de la dalle – « Le Ttre », journal d’information et d’expression du quartier de Bellefontaine, n°11, Février 2004

Ce nouveau centre redessine les limites de fréquentation et d’appropriation notamment par des usages plus contraints, car il faut désormais cohabiter avec la voiture qui était exclue avec l’ancienne dalle. Cela nécessite donc de réapprendre à circuler selon de nouvelles règles, mais très vite des conflits d’usages apparaissent et mettent en lumière une difficile cohabitation dont les frontières et les limites d’appropriation ne sont pas clairement établies. De plus, le sous-dimensionnement des voies d’accès à ce nouveau centre crée très vite des difficultés de circulation et de stationnement que l’on ne connaissait pas auparavant avec l’ancien modèle, car les voitures et les bus restaient en rez-de-chaussée de la dalle, marquant ainsi, des limites claires et indiscutables.

L’ancien centre commercial sur dalle Le nouveau centre commercial ou « noyau villageois » Photos patrimoines midi-pyrénées.fr & La Gargouille, DR

 

L’espace public, comme lieu de dualité des genres et de pratiques

En cela, les espaces publics de grand ensemble sont particuliers. Leur lecture sociologique et anthropologique n’est pas évidente. Ils sont comme partout ailleurs le lieu de la dualité des genres, mais avec des spécificités propres. La présence masculine y est sans conteste. L’espace public reste « le lieu de la coprésence entre individus, dans le respect mutuel et quasi-muet » (Isaac Joseph, La ville sans qualités, La Tour d’Aigues, L’Aube, 1998) . Néanmoins la présence de la femme dans ces espaces est bien réelle et souvent adossée à la notion de nécessité (faire les courses, le marché hebdomadaire, aller au travail). Les espaces sont donc mixtes, mais démontrent des frontières tacites de genre. Les cafés par exemple sont le lieu des hommes et limités à la gente féminine. La discussion dans les espaces alentours reste par endroit compartimenté. Ici, un regroupement masculin, à un autre endroit des femmes. On cohabite, on pratique l’évitement qui permet d’installer des limites invisibles et convenues. Il y a dès lors, des codes et des règles liés aux usages et à la coprésence dans la sphère publique comme lors du marché hebdomadaire le mercredi matin. La culture d’origine des individus n’est jamais loin et elle vient s’ajouter à des relations dans l’espace public par moment relativement communes. Il y a pour ainsi dire un mélange des pratiques héritées à la fois du pays d’origine et de celles du pays d’accueil. La frontière reste ténue et c’est un aller-retour incessant entre ces cultures selon des situations particulières dans l’espace public.

Le marché hebdomadaire de Bellefontaine, photo MZ, septembre 2008

? rédacteur Mohammed Zendjebil

C’est la nuit

Maison de l’emploi, Saint-Etienne, archi. Rudy Ricciotti, avril 2015, photo NJ

Notes à propos de la nuit

Le mot nuit est issu du latin noctem, noctis, nuit, qui a donné nocturne, et prend le sens de « repos de la nuit », « obscurité », ténèbres », et par la base grecque nux, qui donne en Allemand Nacht et en Anglais Night. Le latin noctua, chouette, hibou, a donné noctuabundus, celui qui voyage pendant la nuit, le noctambule. Nocturnus est le dieu de la nuit.
On retrouve des racines indoeuropéenne dans les langues slaves et baltique.
La nuit prend le sens dès son origine du temps qui s’écoule entre le coucher du soleil jusqu’à son lever dans cette opposition jour et nuit.
Le sens commun utilise également cette opposition pour rendre concret une situation ou un comportement : « c’est le jour et la nuit ».
C’est une période durant laquelle l’ordre des choses se trouve en position de marge ou d’incertitude : « Il ne passera pas la nuit ».
La nuit est noire, on peut le constater dans l’expression « passer une nuit blanche », cet oxymore qui signifie ne pas dormir. Mais il y a des nuits plus noires que d’autres : pleine lune.

La nuit berlinoise, avril 2018, photo NJ

La nuit est destinée au repos. C’est la période durant laquelle les choses se reposent. C’est donc une période où l’être humain est le plus fragile, le plus vulnérable. L’homme va donc chercher à apprivoiser la nuit et à s’en protéger.
Le bonnet de nuit, forme de protection contre les agressions symboliques.
La nuit est aussi, de par l’obscurité, le moment des ébats amoureux, mais aussi des agressions et des violences. Aussi, l’obscurité est artificiellement combattu, dans les parking par exemple ou le sentiment d’insécurité est amoindri par un éclairage adapté et parfois un fond sonore.
La nuit est la période du silence, où le moindre bruit est amplifié.

L’obscurité renvoie à la méconnaissance, à l’ignorance, aux ténèbres, à la mort. L’expression « la nuit des temps » renvoie à un passé très lointain, à l’origine inconnue du monde, où l’on imagine la naissance de l’univers dans l’obscurité. La lumière est une matière, l’absence de lumière est l’absence de matière.
La nuit signifie rien, le néant.

La perception qu’ont les individus de la nuit dépend de la culture dans laquelle ils vivent.

Le dictionnaire des symboles, pour les Grecs, la nuit (nyx) était la fille du Chaos et la mère du Ciel (Ouranos), et de la Terre (Gaïa). Elle engendre le sommeil et la mort, les rêves et les angoisses, la tendresse et la tromperie.

La nuit dans les sociétés Eskimo

La lecture de Marcel Mauss montre qu’il y a le temps de l’été et le temps de l’hiver. La religion de l’été et la religion de l’hiver, ou plutôt l’été laïque et l’hiver religieux, l’été individualiste/jour, l’hiver en groupe/nuit. Les enfants de l’été et les enfants de l’hiver. La vie religieuse apparaît en hiver pendant la période de la nuit. Peut-on penser que la religion apparaît avec la nuit ou avec la volonté de maîtriser la nuit ? de trouver une réponse ?

On trouve encore les éclipses chez les Inca et le sacrifice d’une jeune personne vierge (événement dramatique universel).

La nuit chez les Dowayo, et la représentation pendant la nuit. (Nigel Barley, Un anthropologue en déroute, Payot, lecture p.77 et suivantes.)

La nuit berlinoise, avril 2018, photo NJ

Edward T. Hall et le temps culturel

La notion de temps recouvre une très large réalité : en termes de phénomène, de rythme, de concept. Dans les différentes catégories du temps qu’il définit, E.T. Hall pose la question du temps culturel, c’est-à-dire du rapport culturel que les hommes entretiennent avec le temps. La nuit dans tout cela n’est qu’une « tranche » de temps. Mauss montre qu’il existe un temps profane et un temps sacré. Nous retrouvons ces mêmes notions à l’intérieur de nos sociétés, mais appliquées suivant un autre axe.

Temps profane/jour/été temps sacré/nuit/hiver (4 mois)

Temps profane quotidien/temps sacré ritualisé selon un cycle annuel, cycle de vie

1/ temps biologique : ce temps nous est donné par le donné physique des éléments naturel, le rythme entre le jour et la nuit, les saisons, etc. sont données. Si les périodes dans l’histoire de la terre ne sont pas toutes identiques, et se succèdent, par contre le jour et la nuit sont depuis l’origine les mêmes. Avec cette alternance jour/nuit, il y a une alternance chaud/froid, humidité/sécheresse, qui ont permis à la vie de se développer. Sans ces alternances, la vie n’est pas possible.

L’harmonie du corps avec l’environnement est aujourd’hui bousculé par les artifices. Pourtant chaque fonctions biologique ou sociale dépend du moment à l’intérieur d’une journée, se lever, manger, boire, jouer, apprendre, sortir en boîte, s’accoupler, naître, mourir, toutes ses fonctions ne sont pas faites par hasard et n’importe quand. (ex 1 : étude dans des grottes, rythme hors du temps). (ex 2 : L’horloge interne, voyage en avion et décalage horaire).

2/ temps individuel : porte sur la perception du temps par chaque individu. Trouver le temps long, ou très court, ex : prof/élève. À l’hôpital, le soignant ou le soigné ne perçoivent pas le temps de la même manière. La souffrance allonge la perception du temps. L’attente d’un remède ou d’une opération, allonge la perception du temps.
La nuit le temps paraît long, interminable. « Pourquoi l’infirmière ne vient-elle pas ? »

3/ temps physique : Les astrologues ont cherché très tôt à mesurer le temps. Calculer le rythme des saisons, les périodes culminantes de l’année (21 juin 22 décembre). La relativité du temps d’Einstein, l’échelle humaine du temps, la vitesse de la lumière. Dans le métier de l’infirmière le temps physique joue à fond : le temps entre le début du traitement et l’action d’efficacité du remède. Le temps entre deux prises de température. Le rythme cardiaque, etc. La maîtrise du temps est un vieux rêve.
La nuit, l’horloge permet de mesurer et de prendre conscience du défilement du temps. Elle étalonne le temps individuel.

4/ temps métaphysique : le temps est affaire de perception. L’impression de vivre une scène déjà vue fait appel à ce temps métaphysique, on sait aujourd’hui que ce phénomène arrive suite à un défaut entre émission et perception du cerveau. Il fait appel aux croyances des individus, et doit être pris en considération car il sert à rassurer. La méditation permet de s’extraire du temps physique. Relaxation.

Barcelone, février 2011, photo NJ

5/ micro-temps : le micro-temps est un des fondements essentiel de chaque culture. Entre les peuples du Nord et les peuples du Sud, les micro-temps sont présents dans chaque culture. L rapport au travail, le temps c’est de l’argent, l’importance du temps dans nos société qui fait que l’automobiliste cherche à aller le plus vite possible pour se rendre d’un point à un autre, sans pour autant que cette rapidité soit justifiée. On a des exemples à foison, comme celui du rendez-vous des peuples africains, on trouve aussi ça chez les SDF. La notion du temps est incorporée dans chacun d’entre nous, en fonction de son statut socio-pro, de sa place dans la société. Culture monochrone et polychrone (faire plusieurs choses à la fois). Certains sont capables de faire plusieurs choses à la fois, d’autres non.
Au niveau du genre la monochronie est masculine, la polychronie est féminine.

6/ synchronie : dans un groupe les individus synchronisent leurs gestes et leurs mouvements les uns avec les autres. « les individus qui ne sont pas synchrones avec un groupe dérangent et ne s’adaptent pas ». L’exemple des danseurs, musiciens, « on ne va pas plus vite que la musique », mais surtout de l’équipe chirurgien/anesthésiste/infirmiers. La mauvaise synchronisation des gestes engendre l’erreur.

7/ temps sacré : rite initiatique, fête religieuse, passage d’un diplôme, ritualisation et donc sanction en cas de transgression. Rite de passage.

8/ temps profane : le temps quotidien qui rythme la vie quotidienne de chacun d’entre nous. Les horaires de travail, les jours de la semaine, les vacances, le feuilleton télé.

9/ méta-temps : temps philosophique ou anthropologique issu de discussion entre les différentes conceptions du temps. Que sommes-nous dans l’univers ?

Le temps est une donnée culturelle qui appartient à chaque société. La perception du temps est incorporée à travers la socialisation des individus. « dépêche toi ! », « n’arrive pas en retard », « prend ton temps », « perdre son temps », fait naître une pression sociale à l’égard de celui qui « perd son temps ». Faire attendre est une marque de pouvoir, de domination.

=> Hall, E.T., La danse de la vie, temps culturel, temps vécu, Seuil, 1992

Barcelone, décembre 2010, photo NJ

Le rapport de la nuit aux croyances

Les croyances nous sont inculquées par la socialisation dès l’enfance, à travers la famille, les amis, l’école, etc. La peur du loup ou de la nuit, de l’ogre, sont des éléments culturels destinés à maintenir l’enfant dans un carcan social. « Ne sort pas la nuit, tu vas te faire attraper par un loup ! ». Cela est renforcé par les rituels dont nous disposons chaque soir, fermer la porte à clef, vérifier si la porte est bien fermée, fermer les volets, se protéger en somme. La pleine lune fait plus peur que la nuit noire.

Que perçoit l’enfant de ces rituels profanes ? Cela conforte et renforce l’idée d’une insécurité. Ces croyances vont habiter l’enfant, puis l’adulte dans son inconscient. Aux périodes les plus angoissantes (être à l’hôpital) ces croyances vont ressortir sous forme de peurs, d’appréhension, d’angoisse, d’anxiété. L’hôpital est anxiogène, de part les odeurs, l’inconnu de son fonctionnement, la peur d’être isolé et seul (temps individuel différent).

Cela est lié à l’incertitude de son rétablissement, à sa fin proche. Souvent les gens meurent la nuit, est-ce que cela est lié au rythme biologique ? La nuit est pour le malade un espace liminaire où l’aube serait ce moment d’agrégation « ça passe ou ça ne passe pas ».

Il peut être important de bien connaître le patient (celui qui patiente). « la patience a des limites », bien mesurer les limites du patient. La religion est un indicateur, l’origine géographique en est un autre, le cadre familial également.  Ces notes m’ont servi à introduire cette notion auprès des élèves des écoles de soins infirmiers.

Nature, culture et ressources terrestres

Jardins de la Maourine, mai 2018, photo NJ

« Éléments de correction du devoir sur table du 26 avril 2004

TD Perspectives sociologiques, Noël Jouenne

« Il n’y a pas de nature en soi, il n’y a qu’une nature pensée disait Robert Lenoble ».

Éléments de correction

À partir du texte (deux lectures), vous faites ressortir les concepts pertinents dans l’optique de la question : l’idée centrale reste la notion de nature, de « nature pensée » et renvoie à la notion de culture. Il y a donc grosso modo un débat à établir entre les rapports nature/culture.

« Nature »

« nature pensée »

« Principe de relativité linguistique »

« Univers symbolique japonais »

« espace peuplé »

« milieu »

« nature construite »

« nature sauvage »

Ensuite vous faites ressortir les grands thèmes du texte, toujours dans l’optique de la question :

– Le texte est découpé en deux parties, la première étant une critique d’un premier ouvrage, la deuxième étant la critique d’un deuxième ouvrage, complémentaire au premier. N’oubliez pas les références.

Le « principe de relativité linguistique » renvoie à l’idée selon laquelle « la langue oriente et guide toute l’activité mentale des individus ». La vision du monde est propre à chaque groupe. Chez les Japonais, la notion de nature est liée à l’univers linguistique aussi bien qu’à l’univers symbolique. La préhension du monde reprend la structure de la société japonaise, de la composition de la famille (cellulaire), etc.

« La manière dont ils se sont approprié leur territoire est révélatrice de l’univers mental des Japonais »

Deuxième partie, d’où sort la question ?

Selon Robert Lenoble, cette référence renvoie à un auteur (1969), qui est plus une métaphore surtout si l’on n’a pas lu Lenoble. Dans ce cas, on mobilisera d’autres auteurs comme Claude Lévi-Strauss, André Micoud, par exemple.

Décomposition de la notion de « nature » en deux aspects : nature construite qui fait référence à la culture, à la technicité (Gilbert Simondon) et la nature sauvage qui elle aussi renvoie à la culture, car pensée et créée par les Japonais.

Rapport nature/culture, collectif/individuel, sujectif/objectif, différentes oppositions sémantiques renvoient à un dualisme obligé.

Éléments que l’étudiant peut puiser dans ses cours (exemple) :

Selon Philippe Descola le rapport d’une société à son environnement naturel s’exprime sous forme « d’interaction dynamique entre les techniques de socialisation de la nature et les systèmes symboliques qui les organisent » (Descola, 1986, La nature domestique).

Selon Claude Lévi-Strauss « l’univers est objet de pensée, au moins autant que moyen de satisfaire des besoins » (Lévi-Strauss, La pensée sauvage, 1962).

À partir de tous ces éléments, vous composez un commentaire sans oublier la conclusion ouverte ou fermée. »

Jardins de la Maourine, mai 2018, photo NJ

Ce détour par une épreuve d’examen à l’Université Jean Monnet montre que l’intérêt pour les questions liées à la nature n’est ni récent ni original. Les anthropologues s’y sont penchés depuis la création de l’anthropologie. Cette question fait partie d’un tout sociologique incontournable. La nature se pense dans sa diversité, et l’homme qui en fait partie doit penser la même chose. C’est la diversité humaine qui en fait sa richesse.

Jardins de la Maourine, mai 2018, photo NJ

Questionner la nature c’est question notre place sur la terre, et notre présence à l’échelle terrestre. Après cette promenade cet après-midi dans les jardins de la Maourine, je me dis qu’il faudrait venir en octobre prochain avec les étudiants, histoire de découvrir en situation la nature domestiquée et une nature sauvage, histoire de réfléchir aux limites que l’homme impose et s’impose à lui-même face à la nature, et dégager un bio-logos que nous pourrions réinvestir dans le séminaire…

=> LENOBLE Robert, (1969), Histoire de l’idée de nature, Albin Michel.

Stolpersteine, la mémoire et ses llimites

Stolperstein, Berlin, avril 2018, photo NJ

Lorsque l’on s’intéresse à l’espace urbain, et que l’on parcourt l’Allemagne, on tombe forcément  un jour sur ces petits carrés de laiton posés sur le sol, juste devant certaines entrées d’immeubles.

J’en ai vu à Lübeck, Hambourg, Essen et Berlin, là où je suis allé. Les Stolpersteine sont des cubes de béton d’une arrête de 10 cm recouverts d’une plaque de laiton sur lesquels sont inscrits les noms prénoms des Juifs déportés par les nazis durant la Seconde Guerre. L’artiste Gunter Demning en est à l’origine. Son idée a d’abord été élaborée à Cologne, durant l’année 1994. Comme beaucoup d’artistes qui travaillent dans l’espace urbain, il a opéré sans l’autorisation de la municipalité. Un événement : 250 Stolpersteine sont posées devant une église à Cologne (Antonitekirche).

10 Stolpersteine, Berlin, avril 2018, photo NJ

Demning souhaite par ce geste redonner un nom aux personnes qui durant une période noire n’étaient plus que des numéros. Il veut aussi montrer que personne ne pouvait ignorer ce qu’il se passait. Il faut attendre 2000 pour que Demning soit autorisé à poser des pierres à Cologne légalement. D’autres villes emboîtent le pas et sous la pression d’institutions, plusieurs lieux sont investis de la sorte.

Dans les années 2010, on en trouve dans d’autre pays comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie, la Norvège, l’Autriche, la Tchétchénie, la Hongrie, le Danemark et l’Ukraine, mais en France il faut attendre 2013 pour voir les premières poses en Vendée et en Gironde.

« Ici a vécu Max Matschke, né en 1897, qui a fuit dans la mort le 19 février 1939 », Berlin, avril 2017, photo NJ

Parfois controversées, ces pierres-qui-font-trébucher attestent d’une histoire, d’une présence et d’une mémoire. L’espace de la ville est ainsi recouvert d’une forme de honte et ne peut plus être caché. Le coût d’une pierre est d’une centaine d’euros. Cette visibilité est néanmoins problématique car elle n’offre pas une réelle visibilité ou une visibilité totale de la destruction par les nazis d’un peuple. On est loin de voir plusieurs millions de pierres dans l’espace urbain, ce qui amorce forcément une interrogation sur le nombre. Mais cela donne aussi une visibilité, et le sentiment que chacun assume (enfin) sa part de responsabilité.

Berlin, avril 2017, photo NJ

C’est poignant de voir ces pierres, et d’essayer de comprendre la vie de ces personnes à partir de ces quelques informations, mais aussi à partir de l’espace qui les entoure (rue, immeuble). Certaines de ces pierres sont brillantes, peut-être préservées ou entretenues. Parfois, des fleurs sont posées à côté. A d’autres endroits, elles sont laissées à la souillure du trottoir. Tout dépend du quartier. Tout dépend des gens. Cette frontière avec le temps est pour certains difficile à franchir.

 

Merci à Zélie pour la traduction.

Art Zoyd et les limites de la ville

Art Zoyd en concert, photo X, droits réservés

Un des fondateurs du groupe Art Zoyd est mort vendredi 4 mai. Pour lui rendre hommage, j’aimerai présenter un travail en cours (ou plutôt une démarche) que je mène sur le rapport entre musique et la ville. Au départ, je me suis dit qu’il s’agissait plutôt du rapport entre musique et architecture, mais en fait, c’est bien la ville qui est au centre du questionnement.

Ce travail s’articule autour de leur première œuvre (œuvre de jeunesse) Symphonie pour le jour où brûleront les cités, réenregistrée plus tard, rééditée depuis et disponible en plusieurs versions. D’autres pièces évoquent la ville et le tumulte qu’elle engendre. Il n’est jamais question de ville idyllique, mais de ville soumise au contrôle, où les gens sont tantôt des fourmis, tantôt des simulacres.

Art Zoyd est né d’une histoire qui débuta à la fin de années 1970, avec des rencontres fortuites et la création en 1976 de cette « symphonie » pour deux violons, une basse, une guitare et des percussions. Dans cet exercice assez complexe, j’essaie de traiter de l’œuvre musicale sans toutefois trop investir le champ ethnomusicologique. Je cherche à faire ressortir les particularités musicales, l’harmonisation des pièces et l’utilisation de thèmes musicaux, d’univers sonores, etc.

Art Zoyd en concert, photo X, droits réservés

Un autre aspect est de croiser le contexte de l’œuvre avec le moment historique de sa production. Ici, nous trouvons un pamphlet sur le béton, lié à l’imaginaire et à l’histoire des compositeurs. Gérard Hourbette est né en 1953 à Maubeuge, ville du Nord qui fut reconstruite après la Seconde Guerre par André Lurçat. Dans la plupart des entretiens que j’ai pu écouter, Gérard revient souvent sur cette image de la ville en construction et du bruit des machines, des grues et des marteaux piqueurs. Plus tard, il va associer cet imaginaire à celui de Philip K. Dick, auteur de science fiction. Parallèlement, il publie un recueil de poèmes qui offre une matière littéraire pour éprouver cet imaginaire (Écrits, Paris : La Pensée Universelle, 1988).

« La vie est triste à Maubeuge. Mais la tristesse y a une valeur. Vivrons-nous assez longtemps pour en comprendre le sens ?… » (p. 94).

C’est enfin, un troisième axe qui me permet d’analyser cette œuvre : celui de ma découverte du groupe au début des années 1980. Cette musique aura-t-elle été assez puissante pour orienter ou guider une trajectoire ? De quel impact ces « messages » ont-ils pu être l’objet ? Voilà trois axes qui devraient me permettre de proposer une analyse de cette musique, de ce courant musical et de l’influence de ce courant musical sur ma trajectoire. Par extension, je cherche à mesurer l’influence de cette musique sur le monde, toutes proportions gardées. Car ce n’est pas dans la musique qu’il faut aller chercher, ni dans la parole des créateurs. Pour cela, rappelons-nous cette phrase de Pierre Bourdieu : « Se situant au-delà des mots, la musique ne dit rien est n’a rien à dire. » (« L’origine et l’évolution des espèces de mélomanes », in Questions de sociologie, Ed. de Minuit, 1984/2002, p. 156).

Pour faire cela, j’ai effectué des entretiens avec les membres du groupes (des années 1980) et eu plusieurs échanges avec Gérard Hourbette, par e-mail. Sa mort m’empêche aujourd’hui de valider certaines hypothèses, mais nos derniers échanges n’indiquaient aucune réfutation de sa part, notamment sur les bénéfices d’une influence familiale. Car il est des mystères dont on voudrait qu’ils ne soient jamais révélés.

 

Enfin, pour celles et ceux qui voudraient écouter un des derniers entretiens de Gérard Hourbette, voici le lien :

Gérard Hourbette

buy windows 11 pro test ediyorum