Voir la Ville tourne la page

© NJ 2020

Après trois années d’activité pédagogique, le séminaire Voir la Ville change de nom et devient à la rentrée :

Ville en MouvementLAVEM.

Photo de Marine Pradon, Toulouse, 2020

 

Suite au départ de Clara Sandrini sur Val-de-Seine, et l’arrivée de Marc Raymond, nous avions besoin de recomposer l’équipe, et avec elle la maquette pédagogique. Même si les intentions sont les mêmes, nous avons poussé un peu plus loin cette question du mouvement de la ville. A partir des marges, des limites et des frontières, nous allons observer cette évolution dans ce tourbillon qui nous a fait perdre pied ce printemps.

C’est pourquoi nous allons resserrer sur la dimension urbaine, sociale, architecturale…

La suite à la rentrée !

 

Deux soutenances pour cette première session : ¡ Pero no menos importante !

« Votre street art augmente mon loyer », Marina Saez, 2020

Avec Marine et Marina, nous avons deux soutenances étroitement liées tant par la thématique que par le lieu. En effet, Marine est partie l’année dernière à Madrid en Ersamus, et Marina nous vient de Madrid, cette année, au titre de l’Erasmus.

 

Marine s’est penchée sur la problématique des places publiques à Madrid, et à partir de l’histoire de la ville, a cherché à comprendre quel rôle peuvent jouer les places publiques. Pour cela elle a travaillé plus particulièrement sur trois places qui illustrent sa page de couverture : la Plaza Mayor, la Plaza del Dos de Mayo et la Plaza de Tirso de Molina. Dans son chapitre sur la régénération urbaine, Marine fait intervenir des auteurs comme Manuel Delgado, Ariela Masbungi ou encore Jean-Pierre Garnier pour découvrir une lecture critique des places publiques madrilènes.

Travailler sur les usages et les pratiques des places publiques dans une comparaison critique permet de mesurer la part accordée à ce qu’elle nomme in fine la ségrégation socio-spatiale.

 

Son regard est d’autant plus pertinent qu’elle part de sa situation d’étudiante en Erasmus, de touriste en quelque sorte, pour se questionner sur ce qu’elle ne voit pas. A certains moments, elle a intégré quelques passages plus personnels, plus subjectifs, de sa vision des places. Avec le confinement, elle nous avait habitué à son journal avec les « chroniques d’un printemps perdu », et je lui avais demandé de restituer quelques ambiances sous cette forme. D’un point de vue plus « scientifique », elle a imaginé un mode de représentation des cycles pour chaque place (mais je n’ai plus de place pour le montrer, il faudra attendre la version PDF).

Dans sa conclusion, elle revient sur ces remarques :

« Le recul que j’ai pu prendre après cette analyse m’a permis de mettre en avant ce que je n’avais pas vus. Au sens littéral, il y a des groupes sociaux que je n’ai effectivement pas vu, alors comment voir ceux qui ne sont pas là ? Il existe en effet une ségrégation socio-spatiale forte sur les places publiques. Les individus qui ne seraient pas acceptés dans de tels lieux par la société, en effet, ne les fréquentent pas. Les institutions politiques ont alors ce rôle à jouer, comment lutter contre cette ségrégation invisible ? »

Cela est d’autant plus intéressant que Marina, au même moment, travaillait sur la problématique de la gentrification du quartier de Lavapiés à Madrid.

 

 

Ces deux mémoires sont assez complémentaires, car ils illustrent la transformation politiquement encouragée des villes. Dans une première partie Marina retrace l’histoire de la gentrification et de ses mécanismes qu’elle applique à ce quartier si cher à Almodovar. Elle ne va pas faire l’histoire de Madrid, mais seulement des dernières décennies de manière à poser le phénomène de gentrification au regard des événements de ces dernières années. D’un côté, les habitants sont amenés à quitter leur lieu de résidence, et de l’autre, nous assistons à une « touristification » de ce quartier, accaparé par les locations Airbnb.  La ville se transformerait-elle en énorme parc d’attraction pour touristes ? Marina se penche alors sur les mouvements de résistances à l’oeuvre, dont 15M, mouvement né du 15 mai 2011.

Dans sa conclusion, Marina pense que le projet global de Madrid s’inclue dans une sorte de marketing urbain, avec la création de la marque « Madrid ». Cela n’est pas sans nous rappeler un processus similaire à l’oeuvre à Toulouse, avec la déclinaison de So Toulouse, issue de la création de l’agence d’attractivité. Nous voyons que les mêmes logiques s’emparent des grandes villes.

Enfin, l’apport de Marina réside dans l’utilisation d’auteurs espagnols, ce qui donne un véritable sens à cette notion de séminaire.

 

Bonne chance donc à nos deux brillantes étudiantes pour la suite de leurs études.

=> Marine Pradon, (2020), La place publique à Madrid : une construction architecturale, sociale et sociale, ENSA, Toulouse, 142 p.

=> Marina Saez Esteban, (2020), A qui appartient la ville ? Le processus de gentrification dans le quartier de Lavapiès à Madrid, ENSA, Toulouse, 100 p.

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