CPE mais pas (toujours) rabat-joie

Le troisième trimestre touche à sa fin. Déjà !

Il est 10 h du matin. Comme à leur habitude, les élèves déferlent dans la cour de récréation. Attention soutenue exigée pour assurer la surveillance de tous ces adolescents excités.

En plein terrain de foot, j’arrête un ballon qui arrive dans ma direction. J’interromps ainsi un rythme endiablé de passes, exutoire à la pression subie par mes élèves entre 8 h et 10 h du matin (demande non négociable de prise du cours et devoirs). J’arrête d’une main cette balle de foot. Applaudissements de mes élèves. Adel, Ali, Sabros, Anis, Gad, Yacine se sont arrêtés de jouer pour surmonter leur incrédulité. Sur leur échelle de valeurs, je viens de démontrer que je pourrais très bien les affronter sur un terrain sans me déshonorer. Je profite donc de leur sidération pour commenter les fiches travail et comportement que je leur ai demandé de me tendre. Je m’amuse encore un peu du franchissement inattendu d’une frontière adolescente qu’ils ne soupçonnaient pas : admirer leur CPE rabat-joie et « forçeuse » (terme adolescent qui désigne la contrainte) de premier ordre que je suis.

Bilan

Il en faut de l’énergie pour contenir cette agitation. L’épaisseur de ce qu’il y a à faire, à vivre en une journée, me surprend encore. Il faut tenir la cadence. J’ai l’impression de mériter toutes mes fins de journée. À ce stade, j’ai un aperçu presque complet de l’année : mes élèves se sont saisis de façon approximative de la règle, ont beaucoup ronchonné, refusé d’admettre leurs fautes, ont fait le siège de mon bureau pour toutes sortes de questions plus ou moins importantes, sont restés collés aux chaises de la permanence ou ont traîné devant le collège longtemps après la fin de leurs derniers cours. À chaque élève sa façon de manifester l’importance du collège et des adultes qui y sont attachés. C’est mon analyse. Et, en même temps, dans les plus petites histoires de mes élèves se joue la transmission des valeurs auxquelles je crois. Dans leur dimension la plus modeste et la plus efficiente. À cette échelle nous sommes nombreux à pouvoir mettre en œuvre ce à quoi on croit.

Motivations pour recommencer l’année prochaine

Je repense à toutes les actions montées, et je remercie mes élèves de vouloir toujours me suivre. Ils n’ont pas toujours été tendres ou faciles mais ils ont tous eu ces yeux écarquillés et expressifs qui disent leur besoin de me trouver là, leur besoin de réponses et d’attention. Mes élèves sont une motivation puissante, navrante parfois, mais surtout ils éveillent en moi le désir de conquête du monde, conquête du sens que l’on peut donner à ce qui nous entoure. Pour que mes élèves puissent y grandir et s’épanouir. Tous mes élèves, même les plus irritants, sont des sources d’émerveillement. Innocents, inconscients et nécessairement confiants en notre capacité à les guider et à les aider. Ce lien me donne le pouvoir de transmettre une version constructive et belle de l’humanité, de la société. Je peux tracer un sillon pour leurs espoirs et ancrer la vision d’un avenir bien plus proche de leurs rêves.

Alors, merci aux années scolaires d’être le creuset d’aventures éducatives à suspense, même si elles dévorent notre énergie ! Et surtout, merci aux années scolaires qui se succèdent de renforcer mon optimisme et mon envie de construire et de donner sens.

Une chronique de Maude

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