Génèse

J’ai longtemps cru que la bosse des maths était inscrite dans notre patrimoine génétique.

En CP déjà, mes parents pouvaient lire sur mon carnet de notes « Étourdie en mathématiques » ce à quoi ma mère répondait toujours : « De toute façon c’est de famille ! » Avec un grand-père écrivain, un oncle journaliste et une tante professeur de lettres, mon destin était déjà tout tracé. C’est ainsi que je me suis accommodée de mes piètres résultats et qu’une dizaine d’années plus tard, je me suis engagée comme une évidence dans une filière littéraire. Je n’ai pas hérité du « bon » gène. Du coup cela ne servait à rien que je potasse mes théorèmes puisque je n’étais pas équipée pour les comprendre.

Je prenais quelques cours comme on avale du paracétamol pour apaiser un mal de tête. L’effet durait quelques jours et s’estompait rapidement pour ensuite recommencer à l’évaluation suivante. Jusqu’à l’aube de ma deuxième décennie où l’envie de devenir professeur des écoles se fit sentir. Un choix s’offrait alors à moi : abandonner ce projet ou bien renoncer à la fatalité.  J’ai choisi la deuxième option ! Après une année intense de labeur, découragement et larmes de désespoir, j’obtins le précieux sésame m’ouvrant les portes de l’Éducation nationale : le CRPE ! Et croyez-moi, à l’époque, l’épreuve de mathématiques me faisait aussi peur que l’entrée à Polytechnique.

Qu’en dit la science ?

Mais au juste, cette histoire de génétique, mythe ou réalité ?

Une étude britannique parue en 2011 dans la revue Nature Communications met en avant que des variations génétiques peuvent influencer les capacités en mathématiques (et également en lecture). C’est le cas par exemple de certains troubles de l’apprentissage comme la dyslexie. Néanmoins, aucun gène spécifique du calcul n’a encore été identifié. La science nous apprend que la génétique n’explique pas tout, l’environnement a également un grand rôle à jouer comme le dit à juste titre Oliver Davis de l’Université de Londres: “ C’est cette interaction complexe entre l’inné et l’acquis qui nous fait tels que nous sommes.”

Sur ce constat, il est évident que le rôle de l’enseignant est primordial dans la mise en œuvre de cet apprentissage.

Mettre en confiance

Comment s’imaginer enseigner les maths quand on a éprouvé soi-même des difficultés dans ce domaine ?

Je dois dire, avec le recul, que ce passé de « mauvaise en maths » fut une sacrée chance ! Une occasion hors du commun de tordre le cou aux idées reçues. Parmi mes pires souvenirs d’élève, je trouve en 1ère position les fois où j’étais envoyée au tableau devant toute la classe, avec toutes mes difficultés sur le dos, par une prof de maths qui semblait se délecter de ce spectacle (dans les années 90, la bienveillance était bien moins à la mode que le jean 501 !).

Dédramatiser les maths fut donc mon objectif premier. Je déplore encore la grande pression que l’on met sur les épaules des élèves avec cette matière. On a le droit de ne pas comprendre et de se tromper. Les difficultés d’aujourd’hui ne sont pas forcément celles de demain.

Manipuler

J’ai coutume de dire « les maths ça se vit » Les méthodes que j’ai choisies pour mes élèves sont résolument tournées vers la manipulation. Chez nous, on n’évoque pas la numération sans emboîter des cubes, on joue au marché avec de la vraie fausse monnaie, on fait des batailles de cartes sur le thème des opérations, on manipule des tangrams, des décamètres, des balances. Il peut se passer plusieurs jours avant de remplir le cahier d’exercices. On apprend en jouant avant tout.

Au fond de la classe, nous avons fait un « coin des maths » où les élèves peuvent aller en autonomie pour refaire un jeu ou prendre du matériel afin de réaliser un exercice. Par exemple, en résolution de problèmes, nous avons des jetons, des figurines permettant de « jouer la scène » et donc de mieux comprendre l’énoncé. Enfin, j’essaie au maximum de lier les mathématiques à des situations de classe. Ainsi les séances d’EPS deviennent des inducteurs à problèmes, l’art un prétexte à faire de la géométrie.

Pour aller plus loin

La méthode heuristique des maths de Nicolas Pinel, inspecteur de l’Éducation nationale, m’a très largement inspirée. Monsieur Pinel a mis en œuvre une méthode résolument pragmatique basée sur des situations motivantes pour les élèves et les enseignants.

Impossible de ne pas vous citer les travaux de l’équipe « ACE arithm’école » qui reposent sur les derniers résultats de la recherche en psychologie cognitive et du développement.

Je n’ai pas la prétention de dire que ma pratique est spécialement innovante car c’est seulement le résultat d’une réflexion mêlant mon expérience  et le fruit de mes lectures.

Dans tous les cas, je suis heureuse de voir mes élèves vivre les mathématiques avec plaisir et je suis certaine que l’ancienne écolière que j’étais en aurait fait autant.

Pédagogiquement vôtre.

https://psitec.univ-lille3.fr/2016/le-recherche-ace-arithmecole-les-mathematiques-dans-les-nouveaux-programmes/

https://methodeheuristique.com

 

Une chronique de Céline P

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