Bizarre, bizarre, mais quand on est professeur d’allemand dans l’Éducation nationale française, on est une sorte d’animal en voie de disparition. C’est tout de même assez étrange au vue de l’importance des liens divers et variés qui existent entre la France et l’Allemagne (liens économiques, certes, mais aussi et surtout échanges culturels, importance du couple franco-allemand dans la construction européenne).

Le super-héros multicasquette !

Aujourd’hui, quand tu es prof d’allemand dans l’Éducation nationale, tu es un « super-héros multicasquette » ! Alors, oui, on ne te le dira pas souvent, mais ça fait du bien de le dire, voire de l’écrire !

Ton job, c’est quoi ? Eh bien, déjà, tu vas apprendre à tes élèves à comprendre l’allemand et leur enseigner à s’exprimer dans la langue de Goethe. Ouah ! Quelle surprise !

Des projets à gogo !

Tu as un peu moins d’élèves que ton collègue prof d’espagnol ou prof d’anglais. Tu ne peux donc avoir qu’une seule classe par niveau. Si tu as de la chance, tu vas avoir tous les niveaux : de la classe de sixième débutants à la terminale LVB sur un ou deux établissements scolaires. Tu te retrouves à jongler avec de nombreux projets interdisciplinaires.

Afin d’être efficace en version hybride et pouvoir continuer à faire progresser tes élèves aussi bien en présentiel qu’à distance, tu es devenu champion du numérique. Tu as créé et tu alimentes ton blog de façon régulière. Certaines de tes vidéos pédagogiques cartonnent sur YouTube.

Tu deviens un véritable tour-opérateur et en même temps un manager interculturel quand il s’agit d’organiser un échange scolaire entre les élèves d’un Gymnasium (collège/lycée allemand) et ceux de ton collège rural du sud de la France.

Le « nombre d’élèves qui font allemand », tout un symbole !

Quand, en début de carrière, tu entends au gré d’une conversation « mais toi, t’as peu d’élèves » (souvent en guise de conclusion), ton visage se transforme en véritable sorcière des contes des frères Grimm en une fraction de seconde. Avec l’expérience et les postes de professeurs d’allemand non pourvus, tu as juste envie d’entonner L’Ode à la joie en V.O. en te disant, « ben si vous enviez mon poste… allez-y, il reste de la place ! »

Justement, le fameux « nombre d’élèves qui apprennent l’allemand », ça rime à quoi ?

Eh bien, tu as toujours une petite pression latente qui te dit « il faut que tu recrutes car sinon, à moyen terme, on fermera ton poste. ». Je te l’ai dit au début, tu es un super-héros multicasquette !

Spécialiste marketing et communication

Maintenant, tu deviens un vrai marketing manager, spécialiste de la communication en ligne et de l’événementiel. En début d’année scolaire, ta pédagogie est inspirée des animations proposées dans les clubs de vacances afin de ne pas brusquer le retour à la réalité de l’école et donner envie aux élèves de rester en cours d’allemand. Progressivement et avec délicatesse, tu vas glisser vers des méthodes pédagogiques plus classiques et même oser faire une ou deux évaluations avant les vacances de Noël.

Être prof d’allemand, c’est plaisant !

Quand tu as la chance d’être prof d’allemand dans un groupe scolaire à taille humaine, tu peux suivre tes élèves germanistes tout au long de leur cursus. D’un point de vue strictement linguistique, c’est pratique car tu sais ce que tu as pu travailler ou pas avec les élèves d’une année sur l’autre. On ne peut pas te faire le coup du « Mais Madame, on l’a jamais vu ça ! ». D’une année sur l’autre, tu peux vite te rendre compte de quels points sont à revoir ou à approfondir.

Humainement parlant, c’est sympathique de voir grandir les jeunes qui te sont confiés. Mais bon, quand tu croises un ancien élève, étudiant depuis deux ans, sur le marché de ton village, qui a fait tout son parcours d’apprentissage de l’allemand collège et lycée avec toi, ça te donne un sacré coup de vieux !

En France, apprendre l’allemand, c’est dans l’air du temps !

Alors, oui, si on est économiquement pragmatique et efficace, on va dire qu’apprendre l’anglais, le globish, c’est suffisant. Ça permet d’aller partout, de se faire comprendre partout, bref de faire du commerce partout… partout, c’est aussi nulle part.

Le système Éducation nationale à la française tend à mettre en concurrence les différentes langues entre elles alors que c’est une aberration.

Dans le monde actuel qui se cherche, c’est en apprenant les langues et en découvrant les cultures de tous nos voisins : anglais, italiens, espagnols… et bien sûr allemands, que nous favoriseront le véritable vivre ensemble dans la diversité qui fait notre belle Union européenne !

 

Une chronique de Joy J

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