Neuf contes – Charles Perrault

Neuf contes – Charles Perrault.

 

Ne vous vexez pas s’il est indiqué que cela s’adresse à des CM1 ! Essayez quant à vous de trouver le message dissimulé entre les lignes.

Petite histoire du portrait pictural.

Petite histoire du portrait pictural power point

Portrait d’Anne Louise Bénédicte de Bourbon Condé, duchesse du Maine.

portrait-d-anne-louise-benedicte-de-bourbon---francois-de-troyPortrait d’Anne Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse du Maine par François de Troy, 1694.

Théâtre de la Maison du Peuple – Ville de Millau : Détail Instant

Théâtre de la Maison du Peuple – Ville de Millau : Détail Instant.

La Chute d’Albert Camus, une pièce que je vous invite à venir voir. Merci de me dire au plus tôt si vous êtes intéressés afin que je procède à la réservation.

Thérèse Desqueyroux, le film et interview d’Audrey Tautou.

Bande annonce du film de Claude Miller.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=WSldtS5_8cw[/youtube]

Extrait 1

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=5c7p_VYXSaE[/youtube]

Extrait 2

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=E3B8VhKn0h0[/youtube]

 

Emission de Stéphanie Duncan. 

http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=499305

1/ L’intro qui présente l’oeuvre.      0.40 à 2.00

2/ Entrée dans l’oeuvre + interview d’Audrey Tautou          11.04

3/ Entretien avec Mauriac          18.25

Fin 26.51

 

Musée d’Orsay: Le réalisme

Musée d’Orsay: Le réalisme.

Vidéos La Belle et la Bête et dossiers images.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Kd7K1mxaOjM[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=9knIVzgDBbs[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=0aUKrOMrtPk[/youtube]

la_Belle_et_la_Bete fiche film

Oeuvres_Gustave_DORE

La Belle et la Bête, corpus d’images.

Le film :

   

      

 

Le dessin animé de Disney.

Un site pour comprendre l’évolution du mythe.

http://www.laparafe.fr/2013/06/la-bete-de-madame-de-villeneuve-a-walt-disney-en-passant-par-jean-cocteau/

A.P : Commentaire : faire un bon repérage.

Commentaire de texte : Le repérage dans le texte.

 

I- Les questions pour commencer :

a)    Quel texte ?      Définir le genre, le registre et les formes de discours.

 

b)    Qui ?

De qui ?             Définir la situation de communication et étudier l’énonciation.

A qui ?

 

c)     Quand ?            Définir le cadre spatio-temporel.

Où ?

Cela doit vous conduire à rédiger une définition du texte : genre / type de texte / particularité / thème, sujet / registre.

Réutilisez cela lors de la phase de présentation du texte dans votre intro. 

II- Lire et mettre en avant

Tout votre travail de repérage doit se faire au brouillon. Il est nécessaire de bien travailler le texte support afin de faire ressortir les éléments importants, les articulations…

Nous pouvons schématiser ce travail de repérage sous la forme d’un tableau mais ce dernier n’est pas obligatoire.

Observer                                  Repérer                                                                                               Interpréter.

 

Les mots –          les procédés lexicaux (le vocabulaire concret/ abstrait, les champs lexicaux, la polysémie, les niveaux de langue, les connotations…etc)

 

 
 

Les phrases et les temps.

 

 

 

 

Les mots entre eux, les phrases entre elles.

 

Les sons et le rythmes.

 

–          les procédés grammaticaux  (la ponctuation, les modes, les temps verbaux..etc)

–          les types de phrases

–          la ponctuation expressive

 

 

–          les procédés rhétoriques (les figures de styles)

–          l’enchainement des phrases entre elles (connecteurs, progression…)

 

       –      le rythme (scansion du texte) et les sonorités.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le genre

 

 

Théâtre

 

 

 

 

 

Roman

 

 

 

 

 

 

 

Littérature d’idées .

 

 

 

 

 

 

 

 

La poésie

 

–       Type de scène (monologue, tirade, dilalogue…)

–       Dominant / Dominé

–       Type de comique / tragique

–       Double énonciation

–       Mise en scène

 

–       Enonciation particulière

–       Topos ?

–       Point de vue adopté / focalisation

–       Type de description

–       Temps verbaux + verbes d’action

–       Discours

–       Implicite

 

 

 

–       Argu°direct / indirecte

–       Texte objectif ou subjectif

–       Présence de l’auteur, implication

–       Modalisation

–       Stratégie argumentative

–       Type d’arguments + exemples choisis

–       Organisation de la pensée, enchainements

 

–       L’énonciation poétique

–       La musicalité

–       Versification

–       Figures de style et création d’images

–       Fonction du poème

 

 

III- Les clés de la réussite.

OUI

NON

REMEDIATION

J’acquiers le sens global du texte.

 

 

Je lis le texte de façon détaillée pour construire une hypothèse de lecture.

Je surligne les éléments avec un code couleur.

 

 

J’analyse les éléments relevés.

 

 

J’interprète ces mêmes éléments.

 

 

+ J’utilise le vocabulaire littéraire approprié.

++ Je parviens à relier le texte à l’objet d’étude.

 

 

 

IV- Mise en pratique.

Victor HUGO, L’Homme qui rit, 1869.

Hugo situe son intrigue dans l’Angleterre du XVIIème siècle. Gwynplaine, fils de Lord, a été enlevé et défiguré par des bandits alors qu’il était tout enfant. Ils lui ont taillé au couteau un sourire permanent. Recueilli par un comédien généreux et savant, il attire les foules à ses spectacles de saltimbanque.

C’est en riant que Gwynplaine faisait rire. Et pourtant il ne riait pas. Sa face riait, sa pensée non. L’espèce de visage inouï que le hasard ou une industrie bizarrement spéciale lui avant façonné, riait tout seul. Gwynplaine ne s’en mêlait pas. Le dehors ne dépendait pas du dedans. Ce rire qu’il n’avait point mis sur son front, sur ses joues, sur ses sourcils, sur sa bouche, il ne pouvait l’en ôter. On lui avait à jamais appliqué le rire sur le visage. C’était un rire automatique, et d’autant plus irrésistible qu’il était pétrifié. Personne ne se dérobait à ce rictus. Deux convulsions de la bouche sont communicatives, le rire et le bâillement. Par la vertu de la mystérieuse opération probablement subie par Gwynplaine enfant, toutes les parties de son visage contribuaient à ce rictus, toute sa physionomie y aboutissait, comme une roue se concentre sur le moyeu[1] ; toutes ses émotions, quelles qu’elles fussent, augmentaient cette étrange figure de joie, disons mieux, l’aggravaient. Un étonnement qu’il aurait eu, une souffrance qu’il aurait ressentie, une colère qui lui serait survenue, une pitié qu’il aurait éprouvée, n’eussent fait qu’accroître cette hilarité des muscles ; s’il eût pleuré, il eût ri ; et, quoi que fit Gwynplaine, quoi qu’il voulût, quoi qu’il pensât, dès qu’il levait la tête, la foule, si la foule était là, avait devant les yeux cette apparition, l’éclat de rire foudroyant.

Qu’on se figure une tête de Méduse[2] gaie.

Tout ce qu’on avait dans l’esprit était mis en déroute par cet inattendu, et il fallait rire.

[…] Cette tête infernale de l’hilarité implacable, il l’avait sur le cou. Quel fardeau pour les épaules d’un homme, le rire éternel !

Rire éternel. Entendons-nous, et expliquons-nous. A en croire les manichéens[3], l’absolu plie par moments, et Dieu lui-même a des intermittences[4]. Entendons-nous aussi sur la volonté. Qu’elle puisse jamais être tout à fait impuissante, nous ne l’admettons pas. Toute existence ressemble à une lettre, que modifie le post-scriptum. Pour Gwynplaine, le post-scriptum était ceci: à force de volonté, en y concentrant toute son attention, et à la condition qu’aucune émotion ne vînt le distraire et détendre la fixité de son effort, il pouvait parvenir à suspendre l’éternel rictus[5] de sa face et à y jeter une sorte de voile tragique, et alors on ne riait plus devant lui, on frissonnait.

Cet effort, Gwynplaine, disons-le, ne le faisait presque jamais, car c’était une fatigue douloureuse et une tension insupportable. Il suffisait d’ailleurs de la moindre distraction et de la moindre émotion pour que, chassé un moment, ce rire, irrésistible comme un reflux, reparût sur sa face, et il était d’autant plus intense que l’émotion, quelle qu’elle fût, était plus forte.

A cette restriction près, le rire de Gwynplaine était éternel.

On voyait Gwynplaine, on riait. Quand on avait ri, on détournait la tête. Les femmes surtout avaient horreur. Cet homme était effroyable. La convulsion bouffonne était comme un tribut[6] payé; on la subissait joyeusement, mais presque mécaniquement. Après quoi, une fois le rire refroidi, Gwynplaine, pour une femme, était insupportable à voir et impossible à regarder.

Il était du reste grand, bien fait, agile, nullement difforme, si ce n’est de visage. Ceci était une indication de plus parmi les présomptions[7] qui laissaient entrevoir dans Gwynplaine plutôt une création de l’art qu’une œuvre de la nature. Gwynplaine, beau de corps, avait probablement été beau de figure. En naissant, il avait dû être un enfant comme un autre. On avait conservé le corps intact et seulement retouché la face. Gwynplaine avait été fait exprès.

C’était là du moins la vraisemblance.

On lui avait laissé les dents. Les dents sont nécessaires au rire. La tête de mort les garde.

 


[1] Pièce centrale de la roue où passe l’essieu.

[2] Personnage féminin de la mythologie gréco-latine qui pétrifiait ses adversaires de son regard. Méduse, fut tuée par Persée, qui lui renvoyé son reflet à l’aide de son bouclier.

[3] Adeptes d’une croyance en la lutte entre le Bien et le Mal.

[4] Dieu intervient de façon irrégulière.

[5] Apparence de rire due à une contraction de la bouche.

[6] Contribution, impôts.

[7] Suppositions.

A.P : Question de corpus « en direct »

Entrainement à la question de corpus « en direct ».

Corpus

Texte A – J. de La Bruyère, « Du Souverain ou de la République», Les Caractères, 1688.
Texte B – Damilaville, article « Paix », l’Encyclopédie, 1750-1772.
Texte C – Voltaire, « Guerre », Dictionnaire philosophique, 1764.
Texte D – Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, 1935.

 

Question (4 points)

Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante.

Ces quatre textes dénoncent la guerre. Vous analyserez les différents procédés littéraires utilisés à cette fin. (4 points)

 

Texte A : J. de La Bruyère, « Du Souverain ou de la République », Les Caractères, 1688.

 

La guerre a pour elle l’antiquité ; elle a été dans tous les siècles : on l’a toujours vue remplir le monde de veuves et d’orphelins, épuiser les familles d’héritiers, et faire périr les frères à une même bataille. Jeune Soyecour[1] ! je regrette ta vertu, ta pudeur, ton esprit déjà mûr, pénétrant, élevé, sociable, je plains cette mort prématurée qui te joint à ton intrépide frère, et t’enlève à une cour où tu n’as fait que te montrer : malheur déplorable, mais ordinaire! De tout temps les hommes, pour quelque morceau de terre de plus ou de moins, sont convenus entre eux de se dépouiller, se brûler, se tuer, s’égorger les uns les autres ; et pour le faire plus ingénieusement et avec plus de sûreté, ils ont inventé de belles règles qu’on appelle l’art militaire ; ils ont attaché à la pratique de ces règles la gloire ou la plus solide réputation ; et ils ont depuis renchéri de siècle en siècle sur la manière de se détruire réciproquement. De l’injustice des premiers hommes, comme de son unique source, est venue la guerre, ainsi que la nécessité où ils se sont trouvés de se donner des maîtres qui fixassent leurs droits et leurs prétentions. Si, content du sien, on eût pu s’abstenir du bien de ses voisins, on avait pour toujours la paix et la liberté.

 

Texte B : Damilaville, article « Paix », l’Encyclopédie, 1750-1772.

PAIX. La guerre est un fruit de la dépravation des hommes : c’est une maladie convulsive et violente du corps politique, il n’est en santé, c’est-à-dire dans son état naturel que lorsqu’il jouit de la paix ; c’est elle qui donne de la vigueur aux empires ; elle maintient l’ordre parmi les citoyens ; elle laisse aux lois la force qui leur est nécessaire ; elle favorise la population, l’agriculture et le commerce : en un mot elle procure aux peuples le bonheur qui est le but de toute société. La guerre au contraire dépeuple les états ; elle y fait le désordre ; les lois sont forcées de se taire à la vue de la licence qu’elle introduit ; elle rend incertaines la liberté et la propriété des citoyens ; elle trouble et fait négliger le commerce ; les terres deviennent incultes et abandonnées. Jamais les triomphes les plus éclatants ne peuvent dédommager une nation de la perte d’une multitude de ses membres que la guerre sacrifie ; ses victoires même lui font des plaies profondes que la paix seule peut guérir.

 

Texte C : Voltaire, « Guerre », Dictionnaire philosophique, 1764.

Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui n’ont rien à perdre ; il les habille d’un gros drap bleu à cent dix sous l’aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire.

Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n’en traînèrent à leur suite.

Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s’ils veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à quiconque veut les employer.

Ces multitudes s’acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s’agit.

Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ; toutes d’accord en seul point, celui de faire tout le mal possible.

Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain.

 

 

Texte D : Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, 1935.

 [La scène se passe dans l’Antiquité. Les Grecs assiègent la ville de Troie. Des négociations sont encore possibles pour éviter l’assaut et la guerre. Andromaque, belle-fille du roi de Troie, Priam, et épouse d’Hector, lutte de toutes ses forces contre l’idée même de la guerre.]

 

ANDROMAQUE – Mon père, je vous en supplie. Si vous avez cette amitié pour les femmes, écoutez ce que toutes les femmes du monde vous disent par ma voix. Laissez-nous nos maris comme ils sont. Pour qu’ils gardent leur agilité et leur courage, les dieux ont créé autour d’eux tant d’entraîneurs vivants ou non vivants ! Quand ce ne serait que l’orage ! Quand ce ne serait que les bêtes ! Aussi longtemps qu’il y aura des loups, des éléphants, des onces, l’homme aura mieux que l’homme comme émule et comme adversaire. Tous ces grands oiseaux qui volent autour de nous, ces lièvres dont nous les femmes confondons le poil avec les bruyères, sont de plus sûrs garants de la vue perçante de nos maris que l’autre cible, que le cœur de l’ennemi emprisonné dans sa cuirasse. Chaque fois que j’ai vu tuer un cerf ou un aigle, je l’ai remercié. Je savais qu’il mourait pour Hector. Pourquoi voulez-vous que je doive Hector à la mort d’autres hommes ?

 

PRIAM – Je ne veux pas, ma petite chérie. Mais savez-vous pourquoi vous êtes là, toutes si belles et si vaillantes ? C’est parce que vos maris et vos pères et vos aïeux furent des guerriers. S’ils avaient été paresseux aux armes, s’ils n’avaient pas su que cette occupation terne et stupide qu’est la vie se justifie soudain et s’illumine par le mépris que les hommes ont d’elle, c’est vous qui seriez lâches et réclameriez la guerre. Il n’y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c’est d’oublier qu’on est mortel.

 

ANDROMAQUE – Oh ! justement, Père, vous le savez bien ! Ce sont les braves qui meurent à la guerre. Pour ne pas y être tué, il faut un grand hasard ou une grande habileté. Il faut avoir courbé la tête, ou s’être agenouillé au moins une fois devant le danger. Les soldats qui défilent sous les arcs de triomphe sont ceux qui ont déserté la mort. Comment un pays pourrait-il gagner dans son honneur et dans sa force en les perdant tous les deux ?

 

PRIAM – Ma fille, la première lâcheté est la première ride d’un peuple.

 

 

 

 

 

 

 

Correction de la question de corpus.

 

 

1)      Quelques rappels de méthode  

? Il faut se demander pourquoi ces textes ont été rapprochés afin de faire une bonne présentation du corpus.

Ces quatre textes d’époque et de genres différents ont comme point commun une critique de la guerre. Ce sont des textes argumentatifs réunis par un objectif commun.

? Il faut faire le lien avec l’objet d’étude : l’Argumentation.

Convaincre et persuader constituent deux démarches complémentaires pour amener le lecteur à partager la critique de la guerre.

Pour convaincre, on a recours à une argumentation, c’est-à-dire à un raisonnement, des arguments et des exemples. L’auteur fait appel à la raison de son lecteur.

Pour persuader, on s’appuie sur la rhétorique, l’art d’utiliser le langage (lexique, syntaxe, procédés de style). L’auteur fait appel à la sensibilité de son lecteur.

Les deux premiers textes sont des argumentations directes qui proposent une réflexion théorique et appartiennent au genre de l’essai.

Les deux autres, des argumentations indirectes :

Le texte D oppose, dans un dialogue théâtral argumentatif, deux visions contraires de la guerre.

Dans le texte C, Voltaire raconte une histoire derrière laquelle se lit une virulente dénonciation de la guerre. C’est un apologue.

 

? Il faut repérer les mots-clés de la question.

Le terme « procédé littéraires » devait être pesé. Ce terme très « large » ne devait pas être confondu avec celui de procédés de style (les figures de rhétoriques), plus réduit.

De plus, la question vous invitait à réfléchir sur les moyens et non pas sur les arguments donnés contre la guerre.

 

2)      Corrigé de la question

Le corpus réunit quatre textes qui dénoncent la guerre en recourant à différents procédés littéraires pour persuader le lecteur [L’introduction reprend les termes de la question]. Le texte A est un « caractère » de La Bruyère écrit en 1688. Les textes B et C sont écrits par des philosophes des Lumières : l’article « Paix » de l’Encyclopédie, l’article « Guerre » du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Giraudoux dénonce la guerre dans une pièce de théâtre, La guerre de Troie n’aura pas lieu, datant de 1935 [Il faut présenter rapidement les documents qui composent le corpus]. Les auteurs pour toucher la sensibilité du lecteur ou du spectateur, s’appuient sur divers genres, registres et procédés de style. [Il faut annoncer le plan de sa réponse].

 

Le genre littéraire peut être un instrument au service de l’argumentation. [La première phrase annonce le premier axe. L’analyse qui suit reprend chaque texte en opérant des rapprochements] Les textes A et B sont des argumentations directes et leurs auteurs adoptent le genre de l’essai en dénonçant explicitement la guerre. Nous pouvons relever des présents de vérité générale et des constructions qui ressemblent à des définitions : « la guerre est un fruit de la dépravation des hommes » (l. 1, texte B). La

réflexion se veut universelle : « dans tous les siècles », « toujours », « de tous temps » (texte A). Au contraire, les textes C et D ont recours à une argumentation indirecte. Voltaire compose un apologue qui véhicule la critique par le biais d’un discours narratif. Giraudoux met en scène un débat, dans un dialogue théâtral, et oppose les arguments d’Andromaque qui dénonce la guerre à ceux de Priam qui la considère comme indispensable.

 

Les auteurs ont également recours à des registres différents. [La première phrase annonce le second axe. Même démarche que pour le paragraphe précédent] Les textes A et B sont polémiques et l’on peut relever de nombreuses expressions fortes : « se dépouiller », « se brûler », « se tuer », « s’égorger les uns les autres » (texte A), « une maladie convulsive et violente du corps politique » (texte B). Le texte C joue sur l’ironie avec des expressions telles que «  le merveilleux de cette entreprise infernale » ; la leçon de l’apologue est implicite : la narration apparemment neutre suscite les réactions du lecteur qui comprend la dénonciation. Nous pouvons également noter que l’auteur du texte A utilise lui aussi l’ironie, comme par exemple à la ligne 8 où il emploie l’expression « de belles règles » pour qualifier les inventions guerrières. Giraudoux, dans le texte D, a recours, quant à lui, au registre pathétique : « je vous en supplie », « si vous avez cette amitié pour les femmes », « toutes les femmes du monde ». Andromaque cherche à émouvoir Priam, et Giraudoux, par le mécanisme de la double énonciation, touche son spectateur. Remarquons enfin queLa Bruyère a également recours au registre pathétique puisque sa critique de la guerre se fait à travers une oraison funèbre (« jeune Soyecour ! je regrette ta vertu »).

 

Pour persuader son lecteur ou son spectateur, les quatre auteurs s’appuient sur différents procédés de style. [La première phrase annonce le troisième axe. Le terme « différent » montre que la réponse va envisager successivement ces procédés en examinant à chaque fois les choix des auteurs du corpus]

Ainsi Giraudoux, dans le texte D, joue sur des modalités exclamatives et injonctives [1er procédé] pour donner du relief aux propos oraux de son personnage et pour charger son discours d’émotion. La bruyère procède de la même manière dans son adresse pathétique au mort. Le texte B, parce qu’il s’agit d’un essai, parce que l’auteur souhaite donner une impression de neutralité, n’utilise que des phrases déclaratives.

Les textes A et B ont recours à un vocabulaire péjoratif [2ème procédé] : « épuiser », « périr », « se détruire réciproquement » (texte A), « dépravation », « maladie », « incultes et abandonnées », « sacrifice », « plaies profondes » (texte B). Ces termes donnent une image négative de la guerre. Voltaire et Giraudoux reprennent eux aussi le champ lexical de la mort mais le registre est différent, ironique dans le premier cas, pathétique dans l’autre.

                Dans trois des textes du corpus, les auteurs ont recours à l’exemple [3ème procédé] pour rendre concrète leur dénonciation.La Bruyère évoque le triste destin du « jeune Soyecour » ; Voltaire imagine l’histoire d’un prince qui décide de s’emparer d’une province dont il a soi-disant hérité ; Giraudoux utilise un personnage mythologique, Andromaque, pour exprimer sa position. Nous pouvons noter aussi que le vocabulaire employé par Andromaque elle-même est concret : « Chaque fois que j’ai vu tué un cerf ou un aigle, je l’ai remercié. Je savais qu’il mourait pour Hector. »

Enfin, les quatre auteurs renforcent leur propos par des contrastes [4ème procédé]. Dans le texte A,La Bruyère oppose le caractère de Soyecour (« ta vertu », « ta pudeur », « ton esprit déjà mûr ») à son destin tragique (« cette mort prématurée »). L’article « Paix » met face à face les bienfaits de la paix (« elle favorise la population, l’agriculture et le commerce ») et les méfaits de la guerre (« la guerre au contraire dépeuple les Etats »).  Damilaville construit son article sur une antithèse : deux métaphores filées parcourent le texte et fond de la guerre une maladie et de la paix la seule garantie de la santé d’une nation. Voltaire, lui aussi, a recours à ces contrastes pour mettre son lecteur sur la voie du message implicite : oppositions entre la violence de la guerre (« s’acharnent ») et les motifs des belligérants  (« sans savoir même de quoi il s’agit »), entre la cause très lointaine (« dont la mémoire même ne subsiste plus ») et l’ampleur du conflit. La force ironique du dernier alinéa repose sur des oxymores : « Le merveilleux  de cette entreprise infernale », « exterminer son prochain ». Enfin, Giraudoux fait s’opposer dans un dialogue argumentatif Priam, aux valeurs viriles, et Andromaque, qui parle au nom des femmes, au nom de la vie qu’elles donnent.

 

En recourant à des procédés littéraires différents [rappel de l’enjeu de la question], qu’il s’agisse du genre, du registre ou des procédés de style [rappel des étapes de la réponse], les auteurs des quatre textes du corpus touchent la sensibilité de leur lecteur ou spectateur et l’amènent à adhérer à leur position critique. [bilan concis de ce qui a été analysé]

 


[1] Jeune homme tué à la guerre et dontLa Bruyère avait peut-être été le précepteur.