Rencontre avec Jérôme Sagnard

Nous étions accueillis lors de notre dernière séance de travail  au CDI du collège St Joseph de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire), l’occasion de vous présenter notre collègue Jérôme qui est aussi l’auteur de l’exposition « La Loire, terre de châteaux » que je vous incite à découvrir jusqu’au 3 mars à Andrézieu Bouthéon.

Peux-tu te présenter en quelques mots?

Je  travaille cette année dans deux collègues : le collège Les Chartreux Sainte Famille (Saint- Etienne) et le collège Saint Joseph (Saint-Just-Saint-Rambert). Je viens de quitter le monde du lycée professionnel et hôtelier dans lequel j’exerçais depuis mes débuts en 2000 pour être désormais à plein temps au collège où il y a nettement plus de contact avec les élèves même si ce monde professionnel me manque au niveau de l’organisation des projets professionnels (PPCP) qui fédère une équipe.

Dans le n°spécial d’Inter CDI (voir n°238) sur l’identité professionnelle, l’auteur parle « d’une profession patchwork » en évaluant les multitudes de profils de professeurs documentalistes. Rapidement, peux-tu nous dire quel professeur documentaliste tu es ?

Je suis un professeur documentaliste multi tâches qui se partage entre gestion d’un CDI au quotidien et un temps d’enseignement soit 4 heures par semaine pour les élèves de 6° au collège Saint-Joseph (initiation aux sciences de l’information et de la communication) et six heures en binôme avec deux professeurs de français (organisation d’un défi lecture en 6° avec le collège des Chartreux à Lyon, la rédaction d’un livret sur la lecture en 5° et la rédaction du journal du collège avec une classe de 4°).

Comment es-tu venu à ce métier ?

Je travaillais dans l’univers de la librairie à Saint-Etienne (j’étais un des fondateurs de la librairie La Méridienne puis Lirédienne située dans la rue Gambetta à Saint-Etienne) puis à la Fnac à Lyon La Part Dieu pour terminer comme vendeur dans une librairie à Vienne qui a fermée l’année passée. Après une période de recherche d’emploi, j’ai eu beaucoup de chance d’obtenir un premier remplacement au Lycée Le Mollard Les Collines à Rive-de-Gier en documentation. Ce remplacement de quatre mois m’a plu avant d’être pris en remplacement à l’année au lycée Le Marais Sainte-Thérèse à Saint-Etienne pendant trois ans. Ensuite, j’ai passé pendant plusieurs années les concours externes puis en interne en Lettres Histoire (car j’avais aussi effectué des temps d’enseignement en histoire et en lettres) et en documentation avant de réussir le CAER documentation en 2007. Sinon, j’ai quitté une fois le monde de l‘enseignement pendant une année car je n’avais plus de remplacement à effectuer. J’ai alors  réussi le concours de conseiller à l’emploi à feu à l’ANPE mais l’enseignement me manquait beaucoup.

Que t’apporte ta passion pour l’écriture de sujets historiques dans ton travail auprès des élèves ?

Ma passion de l’écriture de sujets historiques m’apporte beaucoup auprès des élèves lorsque j’effectue des heures d’accompagnement éducatif où j’essaie de leur présenter leur environnement immédiat à travers le patrimoine qui les entoure (église, château, lavoir, croix etc).

J’ai aussi contribué à écrire quelques pages de l’histoire des collèges ou lycées où je suis passé. J’ai participé à un colloque universitaire sur le thème de l’enseignement professionnel à l’Université Jean Monnet à Saint-Etienne sur l’histoire du lycée professionnel Le Marais Sainte-Thérèse.

A chaque fois, je crée des panneaux ou des diaporamas pour présenter aux élèves, l’histoire du lieu dans lequel ils évoluent. J’essaie également de leur faire comprendre qu’ils sont un maillon de la chaîne. Pour l’anecdote, dans un lycée stéphanois, les élèves pensaient que leur école était une ancienne prison et l’action de leur raconter la véritable histoire de leur établissement les a fait changer d’avis.

Récemment, en janvier 2013, j’ai rédigé trois articles sur l’histoire du collège Les Chartreux Sainte Famille et le lycée Le Marais Sainte Thérèse dans le journal L’Essor Les Petites Affiches.

Quelle séance aimes-tu faire?

Les séances que j’aime faire, s’articulent autour de la sensibilisation autour des pratiques d’élèves sur internet. Beaucoup d’adultes et d’enfants pensent que nos élèves savent se débrouiller sur internet car ils sont nés avec (c’est le concept du moment des digitales natives). Après de nombreuses discussions pendant ces séances, je m’aperçois qu’ils ont été souvent confrontés à des problèmes très divers et ils ont été assez dépourvus face à ce qu’ils leur arrivaient sur le net (rencontre avec des inconnus, addiction aux jeux en ligne, vols de leurs données et mots de passe etc). J’essaie de répondre à leurs questions et de réduire leurs angoisses face à ce monde inconnu qui arrive directement dans leurs chambres. Je suis toujours surpris par la proportion grandissante d’élèves qui disposent d’une connexion internet dans leur chambre sans contrôle parental.

De quel projet as-tu gardé un souvenir exceptionnel?

 Le projet médiathèque à Saint-Just-Saint-Rambert sur la place Gapiand avec la classe de 6°A qui s’effectue sur deux années scolaires. Je pense qu’il va rester dans ma mémoire. J’ai pu convaincre mes collègues et madame Trève, directrice du collège Saint-Joseph d’intégrer ce projet de partenariat sur deux années dans le projet éducatif de l’établissement. Les élèves sont venus à la pose de la première pierre de cette future médiathèque puis ils ont eu la chance d’effectuer deux visites de chantier pour appréhender la dimension architecturale du projet entrecoupée de nombreuses séquences pédagogiques autour du livre et de l’architecture. Lors de la dernière visite de chantier et du plateau du premier étage, j’ai vu dans les regards des élèves, un intérêt certain pour ce beau bâtiment. Les questions qui ont suivies m’ont conforté dans mon choix d’avoir influencé la direction du collège d’intégrer ce projet d’une communauté d’agglomération.

As-tu des craintes particulières sur l’avenir du métier?

Je n’ai pas de craintes spéciales pour le métier même si il y a des risques de redéploiement de postes compte tenu des effectifs qui ont varié au fil des années depuis 1986 (date de la création du CAPES de documentation). Je n’oublie pas que je suis resté pendant cinq ans comme non titulaire sur un poste de professeur documentaliste dans un lycée hôtelier.

L’année passée, j’ai fait poser une question au gouvernement par l’intermédiaire du député Jean-François Chossy pour demander une augmentation du nombre de postes au CAPES et au CAER, l’obtention d’une agrégation disciplinaire en documentation et d’un corps d’inspection spécifique mais sans résultat. Actuellement, je prépare une demande pour l’alignement de l’ancienneté des titulaires du CAPES et du CAER lors de l’entrée dans le métier sur les concours du recrutement du CAPET. En effet, ces collègues peuvent intégrer leur ancienneté professionnelle (hors éducation) dans le calcul de leur échelon professionnel et ils arrivent directement aux 9° ou 10° échelons ce qui n’est pas de notre cas pour nombre d’entre nous.  J’y vois là une forme de discrimination dont nous parlons peu dans les salles de professeurs.

Propos recueillis par L. Berger

Liens

http://www.chateau-boutheon.com/-La-Loire-terre-de-chateaux-.html

http://www.lestephanoisalacasquette.fr/?p=51

http://www.legrisou.fr/

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