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Dimanche 11 janvier 2015 : une France meurtrie, unie et debout

Paris. Dimanche 11 janvier 2015.

Journée historique.

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A 19 heures, selon le décompte du Monde, près de trois millions de personnes avaient défilé tout au long de la journée dans les villes de province. A Paris, même si aucun décompte officiel n’a été communiqué, ils étaient près de deux millions à marcher en hommage aux victimes des attaques terroristes qui ont fait dix-sept morts entre mercredi 7 et vendredi 9 janvier en région parisienne. Selon le ministère de l’intérieur, il s’agit d’un rassemblement sans précédent.

C’était effectivement un rassemblement sans précédent pour des événements qui l’étaient tout autant. Parler de tuerie, de barbarie, d’obscurantisme ne changera rien à la douleur des familles qui ont perdu des êtres chers dans des conditions abominables. Mais voir ces Français debout, ensemble, braver toutes les menaces pour dire haut et fort leur attachement à la démocratie et à la République donne soudain une raison d’espérer. Le peuple est là, fort et puissant. C’est lui qui fait l’Histoire. C’est lui qui marche. Les chefs d’État étaient derrière, silencieux, recueillis et presque impressionnés soudain par la noble et immense tâche qui leur a été confiée : nous protéger de la barbarie.

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L’émotion et le choc provoqués par les attaques et la cavale sanglantes des frères Kouachi et de Amedy Coulibaly ont fait se multiplier les comparaisons avec les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Washington et en Pennsylvanie. Des rapprochements que l’on retrouve dans les réseaux sociaux et dans les médias, à l’image de la une du Monde. Certains estimeront – à juste titre – que c’est critiquable : comment comparer 2.973 morts à 17 morts ? Pourtant le choc émotionnel, politique et moral est comparable non seulement en France mais aussi dans le monde – les manifestations qui se sont tenues aujourd’hui dimanche 11 janvier en sont le témoignage poignant. Pourtant, Eric LESER sur Slate.fr estime qu’au-delà du « rassemblement instinctif d’une nation dans l’émotion et le patriotisme, les conséquences politiques et sociétales des attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et de celles des 7, 8 et 9 janvier 2015 en France seront très différentes« . Pour lui, le grand danger pour la France n’est pas celui d’entrer en guerre – comme l’avaient fait les États-Unis en Afghanistan en 2001. Il est surtout interne : c’est celui de la fracture de sa société, de la volonté et de la capacité des français chrétiens, musulmans, juifs et athées à résister aux tenants du choc des civilisations. Aujourd’hui, les accolades ont été nombreuses, sincères, spontanées entre différentes confessions. Et demain ?


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Passée l’émotion, ils vont resurgir en force. La guerre ne reviendra surement pas en France en janvier 2015, mais certains le souhaitent. Alain RODIER est directeur de recherche au sein du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et à ce titre il est chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée. Dans un récent article publié sur Atlantico.fr, il explique qu’en 2004, Abou Moussab Al-Souri, théoricien du djihadisme, publiait un ouvrage de 2500 pages donnant les indications des actions à mener pour composer un djihadisme mondial, qui ne s’arrêterait pas à la seule région du Proche et Moyen-Orient. Ayant une grande connaissance de l’étranger, il prônait la créations de cellules clandestines sans liens avec un commandement central pour ne pas se faire détecter. Ces cellules devaient pouvoir passer à l’action avec leurs propres moyens pour déclencher une guerre civile en créant des divisions entre les musulmans et les populations locales ! Pour Alain RODIER, « Daech, à la différence d’Al-Qaida « canal historique », ne possède pas (encore) de « réseau » à l’étranger. C’est pour cette raison que Daech lance des « appels au meurtre » via le net en espérant que des adeptes s’en inspireront. Daech qui « patine » sur le front syro-irakien depuis l’été, en particulier en raison des frappes de la coalition, de la résilience des Kurdes et de l’appui apporté par Téhéran (et le Hezbollah libanais) à Bagdad et à Damas, souhaite desserrer l’étau qui pèse sur lui en déclenchant des actions terroristes de par le monde. En dehors des mouvements qui lui ont fait allégeance en Libye, en Tunisie, en Algérie, au Liban, dans le Sinaï et en Extrême-Orient, il n’en a pas les moyens matériels et humains« . A y regarder de plus près, c’est vrai qu’aujourd’hui en Occident, Daech est particulièrement démuni, ce qui explique son « appel dans le désert ». Le problème réside dans le fait que des individus isolés trouvent dans la « cause » de l’État Islamique la raison de passer à l’action.


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Vendredi 9 janvier dans la matinée, BFMTV avait joint, par accident, l’un des deux terroristes réfugiés dans une petite imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Chérif Kouachi affirmait alors appartenir à « Al-Qaïda du Yémen » et précise avoir été formé et financé par l’imam Anwar Al-Awlaki, tué en septembre 2011 par une attaque américaine. Cette appartenance revendiquée à Al-Qaïda au Yémen confirme ce qu’avait rapporté un témoin le jour de l’attentat visant la rédaction de Charlie Hebdo. De son côté, Amedy Coulibaly, le forcené de Montrouge et l’assaillant de l’épicerie casher de la porte de Vincennes, contacte la chaîne à 15 heures, en pleine prise d’otages. Il indique appartenir à l’organisation Etat islamique et explique s’être « synchronisé » avec les frères Kouachi. Il explique également avoir attaqué un magasin casher car il visait des juifs.

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Ces déclarations sont assez claires et entrent assez bien dans le schéma prévu par Abou Moussab Al-Souri. Comme l’explique Alain RODIER, en Europe comme ailleurs, « l’objectif est de créer le chaos qui devrait amener la destruction des sociétés en vigueur. Sur ce chaos, l’islam radical serait alors imposé comme la solution. Toutefois, cette organisation n’a plus les moyens nécessaires pour déclencher des attentats du type « 11 septembre ». Cela n’exclue pas des opérations de moindre importance mais pouvant être meurtrières du style des attentats de Londres (ou de Paris). »

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3O-2klyE80w[/youtube]

Alors, dans ce contexte, que penser de l’exceptionnelle mobilisation des Français aujourd’hui ? Que dire de ces centaines de milliers de personnes qui ont marché en brandissant des pancartes « Je suis Charlie », en chantant La Marseillaise ou en applaudissant les forces de police présentes ? Ce rassemblement d’ampleur sans précédent est une réponse implacable à cette montée en puissance de l’obscurantisme et de la barbarie. C’est un camouflet infligé à ceux qui pensaient pouvoir trouver dans le peuple français les failles nécessaires à l’instauration d’un chaos dont les intégristes sortiraient vainqueurs. C’est la démonstration qu’il existe un souffle puissant de fraternité et un amour tel de la liberté qu’ensemble, nous pouvons aller au delà de nos différences qui sont nos richesses.

Soyons fiers de qui nous sommes et de ce que nous avons fait aujourd’hui. Soyons fiers de notre passé et confiant en notre avenir. Comme le disait Winston CHURCHILL à Londres le 13 mai 1940, devant la Chambre des communes, « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. Nous avons devant nous une épreuve des plus douloureuses. Nous avons devant nous de nombreux et longs mois de combat et de souffrance […] Vous demandez, quel est notre but ? Je peux répondre en un mot : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire en dépit de la terreur, la victoire aussi long et dur que soit le chemin qui nous y mènera ; car sans victoire, il n’y a pas de survie. »

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A la découverte du « califat islamique » instauré par l’EIIL

L’État islamique est un mouvement djihadiste sunnite né en Irak. Ce groupe extrêmement violent s’oppose à Al-Qaïda. Il veut conquérir les territoires allant d’Alep en Syrie à Diyala, à l’ouest de Bagdad, ce que son leader Abou Bakr Al-Baghdadi appelle le califat islamique.

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1. État islamique ou Daech ?

Mais pourquoi les uns parlent de « Daech », d’autres d’EIIL et d’autres encore d’États islamique ? Les noms ont ici une importance diplomatique essentielle. En effet, les autorités françaises, fer de lance dans la guerre contre l’organisation de l’État islamique, ont officiellement adopté l’acronyme « Daech » pour désigner l’EI dans leurs discours officiels. À quelques rares exceptions connues – Hamas palestinien – les organisations et groupes politiques ont peu recours aux acronymes dans le monde arabe. L' »État Islamique en Irak et au Levant » (EIIL), ancêtre de l’EI, a d’ailleurs d’emblée rejeté l’acronyme « Daech », lancé peu après sa création en avril 2013, par des médias qui lui sont hostiles : cette dénomination a fait rapidement des adeptes dans les rangs de ceux qui se battent contre l’EI en Syrie, du côté des rebelles comme du côté du régime de Bachar al-Assad. Le but était justement d’occulter les mots « État » et « Islamique », pour minimiser l’influence de l’organisation au sein des populations de la région et empêcher toute adhésion à son idéologie.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=GrKWhTKusgU[/youtube]

2. Quelle idéologie ?

Justement, pour comprendre leur diéologie, il faut oublier Al-Qaida, tout autant que les Talibans afghans. Le journaliste Anand GOPAL a passé des années en Afghanistan en tant que reporter pour le Wall Street Journal, et dans quelques mois, il se rendra en Irak pour rendre compte du chaos auquel est confronté la région. Il explique que, dans une certaine mesure, l’EIIL, ou l’État Islamique, est assez différent des Talibans. D’Al-Qaida aussi, mais surtout des Talibans, pour plusieurs raisons. L’une d’elles est que « l’objectif des Talibans a toujours été nationaliste, dans le sens où ils prétendent se battre au nom des Afghans contre un occupant étranger […] C’est un mouvement très localement orienté, contrairement à l’EIIL. Ce qui est très intéressant avec eux, c’est qu’ils semblent rejeter en bloc l’ordre mondial. Je pense que c’est unique et très différent. Même lorsque les Talibans avaient le pouvoir, ils cherchaient la reconnaissance internationale dans une certaine mesure. Je ne pense pas que l’EIIL soit nécessairement plus sanguinaire que le régime d’Assad, ou que les Talibans et Al-Qaida, mais ce qui est différent à leur sujet, c’est qu’ils sont contents de montrer leurs atrocités. Ils les postent sur Twitter et YouTube. Et c’est parce qu’ils ont essentiellement rejeté l’ordre international, et qu’ils refusent de collaborer avec lui. Ils déclarent leur propre ordre, un ordre islamique qui retourne au temps des califats. »

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C’est l’une des clés essentielles pour comprendre ce qui les motive. Cette volonté d’afficher leur violence, leur haine leur donne bien sûr une image bien plus sanguinaire que d’autres groupes. Pourtant, les organisations au pouvoir – régime syrien, Al-Qaida, Talibans pakistanais…) peuvent l’être tout autant mais ils essayent de minimiser leurs atrocités ; ils ne veulent pas que le monde les découvre. Comme l’explique Anand GOPAL, « ils cachent leurs atrocités alors que l’EIIL, puisqu’ils rejettent l’ordre international, a une stratégie complètement différente. Ils promeuvent leurs horreurs. On a donc tendance à penser que qu’ils sont exceptionnellement violents, plus qu’aucun autre groupe, mais je ne pense pas que ce soit réellement le cas. »

3. Pourquoi un État Islamique ?

Mais pourquoi parler d’État islamique (dawla islamiyya) ? Comme le demande le site L’Orient du jour, existe-t-il une continuité historique entre le dernier califat, aboli en 1924 par Mustapha Kemal Atatürk, et le nouveau califat autoproclamé ? Bernard ROUGIER, spécialiste du Moyen-Orient arabe, maître de conférences en sciences politiques, enseignant à Sciences po Paris, confirme explique que « la notion » d’État islamique « est très moderne ». « Elle s’est développée dans les années 1960 chez les plus radicaux au sein des Frères musulmans (Sayyid Qotb par exemple) », précise l’auteur de L’Oumma en fragments. Selon lui, le concept est un pur anachronisme, « comme beaucoup de concepts islamistes », qui ne correspond à aucune référence de l’histoire islamique. « Le mot « dawla » en arabe connote une idée de succession dynastique, on parle de « Dawla al-‘abbassiyîn », et n’est jamais utilisé seul », précise encore M. Rougier.

Il semble donc qu’Abou Bakr Al-Baghdadi endosse à la fois le costume de calife et de sultan, et impose un mode de fonctionnement très similaire à celui « d’une administration moderne avec des services humanitaires, des règlements de la circulation et une production juridique tirée de leur lecture de la charia qui provoquera autant de protestations et de divisions », souligne M. Rougier.

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Selon le cheikh Hassan al-Chahal, docteur en islamologie et président d’une association religieuse, « Abou Bakr al-Baghdadi n’a aucune légitimité pour se proclamer calife, puisqu’il n’a pas obtenu en amont la confiance des « gens qui lient et qui délient » ». L’État islamique apparaît donc comme une notion schizophrène dans le sens où elle cherche à appartenir à deux époques en n’ayant de sens défini dans aucune des deux.

4. De quoi sont-ils capables en occident ?

Leur objectif est hélas assez simple : semer la terreur. Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont appelé, dans un message audio diffusé lundi 22 septembre, au meurtre de Français, d’Américains, d’Australiens, de Canadiens ou de tout « citoyen des pays entrés dans une coalition » contre l’EI. Ce groupe radical sunnite n’en est pas à sa première mise en garde. Depuis sa progression fulgurante au Proche-Orient, en juin, plusieurs actions de ce groupe témoignent de la menace grandissante qu’il représente pour l’Occident, et particulièrement pour les nations qui seraient entrées en guerre contre lui.

Ces dernières semaines, ce sont des décapitations médiatisées qui ont profondément marqué les esprits. Ces décapitations sauvages des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, puis de l’humanitaire britannique David Haines et enfin du français Hervé Gourdel ont été diffusées par les djihadistes sur la Toile. Volontairement choquantes, ces vidéos font partie de la stratégie d’intimidation des djihadistes : des images d’assassinats largement diffusées sur les réseaux sociaux et donc visibles dans le monde entier.

La liste de leurs potentielles prochaines victimes est longue : selon CNN, au moins deux Américains, deux Italiennes, un Japonais et un Danois seraient détenus par l’EI. En même temps, plusieurs projets d’attentats ont été révélés par les médias au compte-gouttes. Comme l’explique l’article du Monde.fr « plusieurs plans déjoués des djihadistes en Europe ont récemment été dévoilés. » Le 7 septembre, le journal Libération révélait ainsi que Mehdi Nemmouche, auteur d’une tuerie au Musée juif de Bruxelles en mai, avait projeté de commettre un attentat le 14 juillet, lors du défilé de la fête nationale à Paris – information démentie par le ministre de l’intérieur français.

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Il faut enfin compter avec des « infiltrés » en Occident. Ce sont justement ces djihadistes formés au combat en Irak ou Syrie, de retour sur les sols américain, français, canadien… qui font craindre le pire aux autorités. Selon les estimations, plusieurs milliers d’Occidentaux auraient rejoint les rangs djihadistes. Car si certains abandonnent la « guerre sainte » de l’EI en cours de route, d’autres reviennent avec des projets d’attaques terroristes. C’est le cas de Mehdi Nemmouche, qui revenait de Syrie. Lui-même avait pour modèle un de ses « frères d’armes » également passé par la Syrie, Mohamed Merah, qui avait semé la mort à Toulouse et à Montauban en 2012.

5. Quelle coalition contre eux ?

Face à cette menace, la coalition contre l’EI, qui regroupe pour le moment 27 Etats, met désormais l’accent sur l’arrestation de suspects. Les Etats-Unis ont annoncé que plus de quarante pays y participeraient, d’une manière ou d’une autre, à la coalition contre l’Etat islamique (EI). S’ils ne sont pas cités nommément au sein de la coalition, d’autres pays pourraient collaborer plus discrètement, en termes de renseignement ou de lutte contre le recrutement et les réseaux financiers de l’EI. Les membres de la Ligue arabe se sont par exemple montrés déterminés à faire cesser l’afflux d’armes, de matériel et de fonds destinés aux jihadistes présents en Irak et en Syrie.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=I9V3MXtwxs0[/youtube]

 

Pour en savoir plus :

– « De quoi l’Etat islamique est-il capable en Occident ?« , article du site LeMonde.fr

– « État islamique (organisation)« , article du site Wikipedia

– « C’est quoi l »EIIL ? » par LeParisien.fr

– « LES ORIGINES DE L’EIIL, PAR UN CORRESPONDANT DE GUERRE AMÉRICAIN » sur le site de Vice.com

– « L’État islamique (en Irak et au Levant) » par le site de FranceInter.fr

– « Irak: le « califat islamique » instauré par l’EIIL, c’est quoi ? » par l’Express.fr

– « Moyens financiers, combattants, zones d’influence » par le site 20minutes.fr

– « Les dix secrets de l’Etat Islamique’ par le site de L’Internaute

– une carte interactive « Qui fait quoi dans la coalition contre l’Etat islamique ? » sur le site Liberation.fr ou celui du journal LeMonde.fr

Ecosse vs Angleterre: les raisons de la colère

Ce jeudi 18 septembre 2014, les Écossais ont décidé de rester uni à l’Angleterre et aux autres nations qui composent le Royaume-Uni. Enfin, peut-on encore dire « uni » après le déchaînement de ces dernières semaines ? Plus rien ne sera comme avant : ils restent unis pour le meilleur et pour le pire… et cela fait sept siècles que cela dure. Mais pourquoi autant de désamour – pour ne pas dire haine entre ces deux nations ?

 

Le 1er mai 1707 prend effet l’Acte d’Union qui unit l’Angleterre et l’Écosse au sein d’un Royaume-Uni de Grande-Bretagne (United Kingdom of Great-Britain). Mais l’histoire de l’Ecosse a débuté bien avant, il y a environ 10 000 ans, avec l’arrivée des premières populations humaines dans l’actuelle Écosse après la fin de la glaciation de Würm ! Très vite, son puissant voisin anglais devient une cause de conflit, plus ou moins grave.  Les guerres d’indépendance ont ainsi poussé l’Écosse à nouer des liens commerciaux, culturels et souvent stratégiques avec un certain nombre de puissances européennes.

Sous la dynastie des Stuart, au XVIe siècle, les deux pays ont appris à vivre ensemble mais l’union personnelle des deux royaumes connaît de brutales anicroches dues aux divergences religieuses entre anglicans (Anglais) et presbytériens (Écossais). Ce n’est qu’avec la «Glorieuse Révolution» de 1688, l’éviction définitive des Stuart et l’avènement du roi Guillaume III que les Écossais obtiennent enfin le respect de leur foi… et un renforcement des pouvoirs législatifs de leur Parlement.

Comme l’explique le site Herodote.net, peu après l’avènement de la reine Anne Stuart, en 1702, le Parlement écossais laisse entendre par l’Act of Security qu’il pourrait remettre en cause une décision du Parlement de Westminster prévoyant qu’à la mort d’Anne, sans enfant, la couronne reviendrait à l’Électeur de Hanovre. Cela signifierait la fin de l’union personnelle des deux royaumes et l’éventuel retour des détestables Stuart sur le trône d’Écosse ! C’est pour éviter ce drame que le parti des whigs lance alors l’idée de réunir les deux royaumes en un seul et, en cas de refus, menace les Écossais d’un blocus économique. La reine, dans un souci de conciliation, nomme une commission anglo-écossaise qui rédige un traité de 25 articles dont quinze se rapportent à des différends économiques et les autres au projet d’union politique.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=n4tPZmdnMLM[/youtube]

Cet Acte d’UnionAct of Union») est ratifié le 16 janvier 1707 par le Parlement d’Édimbourg, par 110 voix contre 67 et 46 abstentions. C’est ainsi que naît officiellement le Royaume-Uni de Grande-Bretagne, avec un seul souverain, un seul gouvernement et un seul Parlement, à Westminster, où entrent 45 députés écossais (Chambre des Communes) et 16 pairs écossais (Chambre des Lords).

Le sabordage du Parlement écossais débouche sur de nombreuses émeutes populaires dans le royaume. On suspecte, non sans raison, beaucoup de parlementaires d’avoir été grassement achetés par les whigs anglais. Finalement, les esprits se calment. Il est vrai que la religion nationale n’est pas remise en cause par l’Acte d’Union.

L’union rentre dans les mœurs et les Écossais, enfin, prennent leur part à l’essor inouï de la Grande-Bretagne et peuvent ainsi profiter du siècle des Lumières et de la révolution industrielle : l’Écosse devient l’un des principaux centres culturels, commerciaux et industriels de l’Europe du XIXe siècle. Mais cette unité ne résiste pas aux secousses du XXe siècle : une partie de l’Irlande arrache son indépendance après la Grande Guerre et à la fin du XXe siècle, le gouvernement de Tony Blair assouplit l’union tricentenaire en restituant aux Écossais un début d’autonomie et un Parlement à Édimbourg, en attendant une possible indépendance.

Depuis peu le pays bénéficie d’un certain renouveau économique et culturel, grâce notamment à un secteur des finances en développement, à l’extraction du pétrole et du gaz naturel de la mer du Nord, et finalement au rétablissement du parlement écossais. Aujourd’hui, pour beaucoup d’Écossais, les considérations nationalistes passent après leur envie d’en finir avec le système économique actuel.

Etre indépendants, cela signifierait pour les Écossais en terminer justement avec le système économique, et l’ambiance libérale, actuelle. Les électeurs veulent du logement social, et le maintien de l’emploi subventionné. Les considérations nationalistes arrivent seulement après tout cela.

Mais aujourd’hui, nous savons que les Écossais ont voté à 55 % contre l’indépendance. Nigel Farage, le leader du parti eurosceptique Ukip, appelle à la tenue d’une convention constitutionnelle, pour que soit créé un Parlement anglais, explique le Guardian. Il a par ailleurs posté une cinquantaine de lettres pour appeler les députés écossais au Parlement britannique à ne pas voter sur les questions qui concernent uniquement l’Angleterre, ce qui est le cas aujourd’hui. « Je pense que nous avons besoin d’un débat à nous, qui soit ouvert« . Aux Écossais, sans doute. Mais aussi un débat pour les autres nations composant ce Royaume qui a bien du mal à rester uni. God Save The Queen !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=gqCXnqnyME0[/youtube]

Pour aller plus loin :

– l’article original du site LaLibre.be

– l’article de base extrait de Wikipedia

– l’article « Union de l’Angleterre et de l’Ecosse » sur Herodote.fr

– l’article « la guerre d’indépendance de l’Ecosse » sur Histoire-fr.com

– « Pourquoi les Ecossais veulent l’indépendance » sur le site de BFM.tv

– Quelles seraient les conséquences d’une indépendance de l’Ecosse?

 

Langemarck, 1915 : la guerre chimique commence

Sur un monument élevé à Steenstraat, petit village flamand près d’Ypres, on peut lire : « Le 22 avril 1915 les troupes de la 45e division et de la 87e division territoriale furent empoisonnées par la première nappe de gaz. Depuis, il meurt encore, chaque jour, dans la paix, des victimes de ces procédés de guerre abominables. » Même si les plus hautes autorités avaient pris conscience de l’ampleur du mal puisque le 17 juin 1925 avait été signé à Genève un «protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques» , dans le cadre d’une conférence internationale sur le commerce des armes, c’était déjà trop tard.

Attaque au chlore à Langemarck, près d’Yrpres, le 22 avril 1915

Le 22 avril 1915, vers  17h20, le commandant Villevaleix (du 1er tirailleurs) annonçait à ses supérieurs d’une voix haletante, entrecoupée, à peine distincte, « qu’il était violemment attaqué, que d’immenses colonnes de fumée jaunâtre, provenant des tranchées allemandes, s’étendaient maintenant sur tout le front, que les tirailleurs commençaient à évacuer les tranchées et à battre en retraite; beaucoup tombaient asphyxiés. » Si pendant un instant certains ont pu croire que le commandant avait perdu la tête, il fallu rapidement se rendre à l’évidence : quelque chose d’anormal venait de se déclencher. Personne n’avait encore entendu parler de la possibilité d’une attaque au moyen de gaz. La surprise était totale.

Ce fut le commandant de Fabry qui, d’une voix aussi émue que le commandant Villevaleix, confirma les craintes. Il disait « être obligé de quitter son P. C., ne pouvant plus respirer; qu’autour de lui des groupes entiers de tirailleurs tombaient asphyxiés ou tués en cherchant à franchir le barrage d’artillerie que les Allemands venaient d’établir sur les emplacements occupés par nos réserves ; la situation n’était plus tenable, on était pris entre les gaz et le barrage. »

Enfin, dernier coup de téléphone du commandant Villevaleix : « Tout le monde tombe autour de moi, je quitte mon P.C. », puis une fin de phrase que l’on n’entendit jamais ; le téléphone ne fonctionnait plus. Cette fois, le commandant de la brigade était fixé. Il montait aussitôt à cheval et, suivi de quelques spahis, partait ventre à terre vers les tranchées.

Bataille de Loos : les britanniques avancent dans le nuage de gaz (25 septembre 1915)

Au loin, le bombardement des lignes françaises se faisait entendre avec fracas: l’artillerie allemande semblait très puissante. Arrivés sur place, le commandant et sa troupe ne parvinrent à distinguer que quelques bribes de fumée jaunâtre. Ce n’est qu’une fois à trois ou quatre cents mètres de Boesinghe que ces soldats furent saisis de violents picotements dans le nez et la gorge ; leurs oreilles commençaient à bourdonner et leur respiration devenait pénible : une odeur insupportable de chlore s’était sournoisement répandue tout autour d’eux. Les chevaux, incommodés, oppressés refusaient d’aller plus loin.
C’est donc à pieds qu’ils gagnèrent les abords du village. Le spectacle était terrifiant : partout des fuyards sans armes, hagards, la capote enlevée ou largement ouverte, la cravate arrachée, courant comme des fous, allant au hasard, demandant de l’eau à grands cris, crachant du sang, quelques-uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer. L’un d’entre eux, tout titubant, à grands cris, réclamait du lait et, en apercevant le colonel, s’écriait : « Mon colonel, ces v… nous ont empoisonnés. »

Depuis le début de la guerre, ces hommes avaient déjà connu l’horreur sur le front, mais jamais il ne leur avait été donné de voir un tel spectacle, une telle débandade.

Deux ans plus tard, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, toujours dans le secteur d’Ypres, la guerre chimique franchit un nouveau seuil dans l’horreur avec l’usage par les Allemands des premiers obus remplis de gaz moutarde – très vite surnommé «ypérite», en relation avec Ypres. Très agressif, il n’attaque pas seulement les voies respiratoires mais aussi la peau, ce qui complique beaucoup les protections.

A la fin du XXe siècle, les représentants de la quasi-totalité des États signent à Paris, le 13 janvier 1993, une Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction.
Autrement plus contraignante que le protocole de Genève de 1925, cette convention a été sciemment violée par le gouvernement syrien, qui a bombardé avec des gaz la banlieue de Damas, le 21 août 2013, occasionnant plusieurs centaines de morts dans la population civile.

Une note récemment déclassifiée des services de renseignement français fait état de « plusieurs centaines de tonnes d’ypérite et de « gaz sarin« , soit un stock total qui dépasserait les 1.000 tonnes d’agents chimiques. « Avec plus de 1.000 tonnes d’agents chimiques de guerre et de précurseurs, Damas détient l’un des stocks opérationnels les plus importants au monde, sans perspective de destruction programmée, en l’absence de volonté d’adhésion de Damas à la convention sur l’interdiction des armes chimiques », est-il encore précisé.

110.371 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début mi-mars 2011.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CAfYCPoOaP8[/youtube]

Pour aller plus loin :

Général Mordacq « 1915, la Première attaque au gaz Secteur de d’Ypres (Belgique) » du site Chtimiste.com (parcours de régiments en 1914-18)
Joseph Savès « 22 avril 1915 et 12 juillet 1917La guerre chimique » du site Herodote.net

Jean-Christophe Plot « Armes chimiques : brève histoire d’une horreur guerrière » sur le site DEJA-VU

Olivier Lepick La Grande Guerre chimique, 1914-1918 (Puf, Histoires)-1998.

Rédaction RTL.fr « Syrie : ces preuves d’utilisation d’armes chimiques que les États-Unis et la France affirment détenir » du site RTL.fr
– World War One Battlefields : Flanders: Langemarck du site ww1battlefields.co.uk

Hommage aux Poilus

Hugo MELLADO est un élève de Première (2012-2013) qui a montré un intérêt tout particulier pour la période de la Première Guerre mondiale. Il a été marqué par les images présentées à l’occasion du cours sur la thématique « guerre d’anéantissement ». Il a tenu à rédiger seul un article rendant hommage aux poilus en général, et à son arrière-grand-père en particulier. C’est avec plaisir (et une petite fierté) que je le publie ici aujourd’hui.

Parler de la Première Guerre mondiale, c’est s’intéresser à ces hommes et à ces femmes qui ont souffert sur le front et à l’arrière. parmi eux, j’ai une affection particulière pour les poilus.

Dans cet interminable conflit qui dura quatre longues années, les soldats étaient surnommés les poilus car, du fait de leurs conditions de vie dans les tranchées, ils laissaient pousser barbe et moustache et de retour chez eux, ils paraissaient tous poilus.

Des conditions de vie inimaginables.
En fait, les hommes manquaient de nourriture, ce qui entraînait la famine avec énormément de morts. Les poilus vivaient avec la fatigue car ils étaient obligés de rester éveillés pour voir si l’ennemi arrivait pour les attaquer. Le froid les faisait énormément souffrir. Ils restaient dehors jour et nuit ainsi que dans la boue. Il ne faut d’ailleurs pas oublier les rats !
La survie était primordiale. Ils voulaient protéger leur amis, la famille ainsi que leurs proches ce qui était loin d’être facile vu les conditions de vie qui leur étaient données. Voir les gens mourir autour d’eux était difficile à surmonter, ainsi que la peur d’être fusiller ou de respirer des gaz mortels.
A la fin de la guerre, nombreux sont revenus blessés ou amputés, on les a surnommés « les gueules cassées ».

Le Poilu c’est celui qui…
Extrait d’une lettre d’un soldat à un ami extrait de
Paroles de poilus”, Lettres et carnets du front 1914-1918
(sous la direction de Jean-Pierre Guéno)

Le poilu c’est celui que tout le monde admire,mais ont on s’écarte lorsqu’on le voit monter dans un train, rentrer dans un café, dans un restaurant,dans un magasin, de peur que ses brodequins amochent les bottines, que ses effets maculent des vestons a la dernière coupe, que ses gestes effleurent les robes cloches, que ses paroles soient trop crues.
C’est celui que les officiers d’administration font saluer.
C’est celui a qui l’on impose dans les hôpitaux une discipline dont les embusqués sont exempts.
Le poilu , c’est celui dont personne a l’arrière ne connait la vie véritable……
…..c’est celui qui ne parle pas lorsqu’il revient pour 8 jours dans sa famille et son pays,trop occupé de les revoir,de les aimer…..
……A-t-on vu expliquer dans la presse que le poilu, c’est encore le seul espoir de la France,le seul qui garde ou prend les tranchées, malgré l’artillerie, malgré la faim, malgré le souci, malgré l’asphyxie…

Souffrir de devoir tuer.

Pour moi, être un « poilu”, c’est tout simplement être un homme brave, très brave et courageux que l’on a arraché à ses parents, à sa femme, à ses enfants , à ses amis, à une vie pleine de promesses pour se lancer dans l’horreur de la guerre !…

Ma mère me raconte parfois la vie de son grand-père. C’était un homme effacé, ne parlant presque jamais de son passé. Pourtant, à chaque onze novembre, des larmes coulaient sur ses joues : « Il s’était retrouvé ce jour-là face à un allemand de 20 ans (il n’en avait guère plus) et avait tiré le premier. Il ne savait pas combien d’allemands il avait tué pendant la guerre, sa douleur lui venait d’avoir vu tomber ce jeune homme… »

Hommage à eux.

MELLADO Hugo

Voici une vidéo montrant et l’horreur de la guerre et certains poilus :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1tt3H08oKFA[/youtube]


Barack OBAMA : « Four more years »

Après plusieurs heures de suspense, le président sortant Barack Obama a annoncé sa victoire à l’élection présidentielle américaine en postant sur Twitter un bref message, « Four more years » (« encore quatre ans »), accompagné d’une photo où il enlace sa femme Michelle Obama. Cette photo a été retweetée près de 700.000 fois et partagée plus de 300.000 fois sur Facebook.

« C’est arrivé grâce à vous, merci », a-t-il ajouté dans un autre message, juste après l’annonce de sa victoire dans l’État absolument crucial de l’Ohio, dans le nord du pays, aux dépens de son adversaire républicain Mitt ROMNEY.

Barack OBAMA, 51 ans, élu en 2008 pour un premier mandat, va diriger le pays le plus puissant du monde pendant les quatre prochaines années, à l’issue d’un scrutin qui reflète une profonde division de l’opinion américaine. Les deux candidats avaient dramatisé l’enjeu dans un pays qui a du mal à se remettre de la plus grave crise économique depuis 1929 en proposant des solutions opposées sur le rôle que doit jouer l’État pour réduire une dette considérable et un chômage élevé.

En 2008, après l’euphorie de la victoire, beaucoup de commentateurs politiques avaient prévu une cruelle « gueule de bois« . Barack OBAMA lui même ne s’y était pas trompé en annonçant dés le soir de son élection « A l’heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence: deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle ». La tâche était colossale. Elle l’est toujours.

Jonathan CAPEHART écrivait ce matin dans le Washington post : « Obama n’était pas censé gagner cette élection. C’est du moins ce que l’Histoire suggérait. Aucun président ne l’avait emporté avec une situation économique aussi mauvaise. Aucun président ne l’avait emporté avec des électeurs aussi angoissés. Mais, fidèle à son habitude, Obama a défié l’Histoire« . C’est vrai que cette victoire est un quasi-miracle puisqu’aucun président, depuis la Seconde Guerre mondiale, n’a remporté un second mandat avec plus de 7,2 % de taux de chômage.

Pourquoi un tel pied-de-nez à l’histoire ? Sans doute parce que la crise de 2008 a frappé en premier les Etats-Unis et les a donc d’abord plus durement touchés, d’où une montée en flèche du nombre des sans-emploi. Sans doute aussi parce que les décisions économiques adoptées ont été très réactives. Tout cela a permis d’améliorer la situation de l’emploi et à Barack OBAMA de présenter un bilan satisfaisant où plus de 40% des promesses électorales ont été tenues. De plus, il a du affronter l’opposition acharnée d’un Parti républicain hostile avant même son arrivée à la Maison-Blanche.

Aujourd’hui, il a été réélu à l’issue de la campagne électorale la plus coûteuse de l’histoire des Etats-Unis face à Mitt ROMNEY. Ce dernier, ancien gouverneur du Massachusetts, a mené une campagne très dure pour son concurrent politique mais aussi parfois pour certains électeurs. Ainsi que l’a souligné l’éditorial du Washington Post du week-end dernier : « Au-delà de toutes ses volte-face, le candidat républicain est resté cohérent sur un point : son mépris pour les électeurs. […] Mitt Romney semble faire le pari que les Américains n’ont pas de mémoire, une certaine inaptitude à l’arithmétique et une incapacité générale à voir ce qui se passe en coulisses. » Hélas pour lui, les Américains ont de la mémoire…

Le président américain a obtenu mardi soir 303 grands électeurs –il lui en fallait 270 pour gagner– contre 206 à son adversaire. Au niveau national, il a emporté environ 50,2% des voix contre 48,3% à son rival. Depuis deux ans, quand il avait subi un revers aux élections à la moitié de son premier mandat, M. Obama déplorait que le chef de la minorité du Sénat, Mitch McConnell, ait affirmé que son premier objectif était de le faire battre à la présidentielle. M. Obama affirmait que sa victoire à la présidentielle sonnerait la fin de cet état d’esprit.

L’espoir fut de courte durée puisque dés mercredi, le président républicain de la Chambre John BOEHNER a une nouvelle fois exprimé une position de fermeté sur la fiscalité : « Une approche équilibrée n’est pas équilibrée si cela veut dire davantage d’impôts sur les PME qui sont la clé des futurs progrès de notre économie« . Il a néanmoins assuré que ses troupes étaient prêtes à travailler avec le président réélu. Bonne nouvelle, car la tâche est ardue !

Personne ne peut le nier :  malgré sa réélection, Barack OBAMA avait déçu l’espoir immense de 2008. S’il rempile pour quatre ans, ce sera la liesse en moins, mais les cicatrices et la lucidité en plus. Il y a quatre ans, on célébrait un événement historique : l’élection du premier président noir qui promettait de changer l’Amérique. Aujourd’hui, on réélit « moins un sauveur qu’un être humain avec des défauts et des vertus, des échecs et des succès« , résume E.J. DIONNE, grand chroniqueur au Washington post.

Il a hérité d’un pays plus divisé que jamais. Certes, il a rallié en masse les jeunes, les Noirs, les Hispaniques, l’électorat féminin et les États côtiers. Mais les électeurs blancs, les seniors et tout le centre de l’Amérique l’ont amèrement boudé. Il hérite aussi de nouveau d’un Congrès divisé, entre un Sénat démocrate et une Chambre des représentants républicaine, truffée de conservateurs purs et durs qui vont sans doute tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues.

À moins que la défaite n’entraîne un déclic salutaire et qu’ils se décident à coopérer. Selon Alvin FELZENBERG, professeur à l’université de Pennsylvanie, cela ne sera pas évident. Cette opposition récurrente du parti « perdant » est l’une des raisons qui le pousse à penser que le second mandat est souvent moins heureux que le premier. Woodrow Wilson, Richard Nixon, Bill Clinton et Georges W. Bush en ont fait l’amère expérience. Quant à Lincoln, il a été assassiné. Reagan est une exception. puisqu’il a bénéficié de la fin de la guerre froide.

Pourtant déchargé  de la contrainte d’un renouvellement de son mandat, Barack OBAMA pourrait se consacrer entièrement aux réformes. Mais la plupart des présidents qui ont lancé de grandes réformes l’ont fait lors de leur premier mandat, lorsqu’ils bénéficiaient de l’excitation de la nouveauté. Une fois réélu, un président a en fait très peu de temps pour faire des choses avant les élections législatives de mi-mandat. Et puis rapidement, de plus en plus de prétendants à sa succession vont apparaître dans son parti et dans le parti adverse. Difficile d’être serein dans ce contexte, et pourtant…

Barack OBAMA est assuré de passer à la postérité. Non pas comme le président qui a reçu le prix Nobel de la paix en menant deux guerres de front, mais comme l’homme qui a donné aux Américains la première assurance santé universelle.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=t3-sNqkxXWY[/youtube]

Pour aller plus loin :

– un article du site LePoint.fr : « États-Unis : Barack Obama, le miraculé » (08/11/2012)
– un article du site LePoint.fr : « Barack Obama fera-t-il mentir « la malédiction du second mandat » ? » (08/11/2012)
– un diaporama du site l’Internaute : « L’incroyable destin de Barack Obama »
– un article du site 20minutes.fr : « Nettement réélu, Obama au défi de la crise et d’un Congrès toujours divisé » (07/11/2012)
– un article du site challenges.fr : « Pourquoi le chômage n’a pas fait tomber Barack Obama » (07/11/2012)
– un article du Washington Post traduit sur le site de courrierinternational.fr : « Obama fait un pied de nez à l’Histoire » (07/11/2012)
– un retour sur la campagne de 2008 sur la section qui y est consacrée sur ce Blog
– un article du site lexpress.fr : « Obama, l’homme qui peut changer le monde » (05/11/2008)
– un article du site lexpress.fr : « Saint Barack décevra » (06/11/2008)

 

 

 

 

 

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