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Comment est née la monnaie ?

La question de Valentin est l’archétype même de la question innocente qui peut vous occuper tout le reste de l’heure si vous n’y prenez pas garde ! Nous connaissons tous le truc, jeunes disciples innocents et naïfs… Inutile de nous pousser à la digression pour ne pas avoir de cours à apprendre pour la prochaine fois : le Blog est là ! Et il ne sera pas dit que je reculerai devant l’adversité. Car oui, je l’avoue, j’ai hésité à accepter la question : elle est si simple et à la fois si large -pour ne pas dire complexe – que je me suis demandé si elle ne relevait pas du niveau lycée. Si, bien entendu, mais l’économie est très présente autant dans les cours de collège que dans notre quotidien. Alors, pourquoi s’en priver ici ? Que mes collègues de S.E.S ne m’en tiennent pas rigueur : je vais simplifier à l’extrême des notions qu’ils manient avec certainement plus de talent que moi. Mais qu’ils n’hésitent pas à compléter ou à me corriger par leurs commentaires : ils sont les bienvenus.

Lorsque Valentin demande « D’où vient l’argent ?« , je me vois contraint de le corriger. La bonne question à se poser c’est surtout « Comment est née la monnaie ?« . Ce n’est pas seulement une question de vocabulaire, mais cette formulation me permet d’ouvrir mon champ d’étude non seulement à l’histoire, à l’économie mais aussi à la numismatique, l’archéologie et à l’ethnologie. Et oui, Valentin, tout ça pour toi !

Avant l’invention de la monnaie, l’homme pratiquait le troc. Il échangeait le produit de ses chasses, de ses cueillettes et de ses récoltes contre des marchandises : coquillages, haches, bijoux. Cet échange direct d’une marchandise contre une autre constitue le premier système de référence. Considérons par exemple qu’un mouton vaut 10 coqs… Dès lors, le mouton devient unité monétaire et sert de valeur de base.

Dès l’antiquité l’homme « artisan » utilise comme unité monétaire l’objet qu’il fabrique : fer de hache, couteau, lingot de métal, pièces de tissus, parures, etc… Ces objets servant comme monnaie – appelés paléo-monnaies – sont nombreux et varient d’une région à l’autre, voire d’une époque à l’autre. Les Cauris, par exemple, sont des petits coquillages en usage jusqu’au XIXe siècle en Afrique comme instrument d’échange et réserve de valeur permettant l’épargne. Groupés en tas et souvent percés, ils facilitent le comptage dans les transactions commerciales.

La monnaie n’a vraiment été inventée que vers 650 avant JC en Lydie (côte occidentale de la Turquie actuelle). Le roi Crésus crée alors un système de pièces en métal semblables. De petits lingots de métal précieux de poids constant sont fabriqués par la cité dont ils portent le symbole. Ainsi naissent les premières monnaies au sens où nous l’entendons aujourd’hui : elles ont même poids, même forme, et portent une marque identique.

Le choix de l’or et de l’argent s’explique par le fait que ces matières sont rares. Elles présentent une grande valeur pour un poids et un volume réduit. Crésus devait d’ailleurs sa fabuleuse richesse au Pactole, fleuve qui charriait des pépites d’or. De l’Asie Mineure, l’usage de la monnaie se répandra progressivement dans tout le bassin méditerranéen. Le développement du commerce entre les cités grecques stimula bien sûr son utilisation. Les premières pièces grecques étaient frappées à l’effigie des cités (par exemple la chouette pour Athènes) afin de rassurer les utilisateurs sur leur valeur.

En 269 avant JC, les Romains installent leur atelier de frappe des sesterces dans le temple de la déesse Junon, protectrice du foyer et pour cette raison surnommée «Moneta» (du latin monere, conseiller). De là découle l’appellation donnée aux pièces, dont nous avons fait monnaie (money en anglais, moneda en castillan,…).

Les monnaies métalliques se répandirent rapidement sur tout le pourtour méditerranéen. Ainsi, les premières pièces métalliques qui furent frappées, au Ve siècle avant Jésus-Christ, sur le territoire qui forme aujourd’hui la France, semblent l’avoir été dans la région de Marseille, très tôt colonisée par les grecs. Vers 330 avant JC, les peuples gaulois imitent les Grecs en frappant le statère d’or, le drachme, le denier, l’obole d’argent et des bronzes. Les pièces coulées sont des potins.

Sou mérovingienA l’époque gallo romaine, L’aureus d’or, le denier d’argent et le sesterce de bronze circulent dans tout notre pays. Ces pièces sont frappées avec le visage de l’empereur sur une face. Dès le Vème siècle apparaissent le solidus puis le sou en or mérovingien.

Au moyen âge, les monnaies n’ont pas de visage mais portent souvent une croix avec toujours l’inscription en latin. Charlemagne, faute d’approvisionnement suffisant en or, doit se résigner à mettre en circulation une nouvelle monnaie de référence, le denier d’argent. Le nouveau monométallisme entre si bien dans les moeurs qu’on utilise aujourd’hui encore le nom du métal en question – l’argent – comme synonyme de monnaie ou numéraire. En 793, il crée la livre de vingt sous. Un sou vaut douze deniers. Un peu plus tard, les monnaies royales s’appellent obole, liard, teston puis livre tournois et écu. Des seigneurs frappent aussi la leur ; c’est la monnaie féodale.

Premier franc de l’histoire monétaire française, le « franc à cheval » est créé le 5 décembre 1360. Cette pièce d’or valant une livre tournois est frappée pendant la guerre de Cent Ans, au moment de la libération du roi Jean II le Bon, qui avait été capturé par les Anglais en 1356 à la bataille de Poitiers. Le terme « franc », employé dans le contexte de l’époque, signifie « libre ». La frappe du franc à cheval se poursuivit jusqu’en 1385. A partir du règne de Charles V, a eu lieu l’émission d’un franc à pied (le roi représenté debout), de même valeur.

En 1575, Henri III crée le franc d’argent, lourde monnaie (14 g) valant une livre tournois. Mais une déclaration royale de 1586 en interdit la frappe car ces pièces sont fréquemment rognées. En revanche, l’émission des demi franc et quart de franc est maintenue jusqu’en 1642. Puis le terme franc, synonyme de livre, tombe en désuétude.

Il faudra attendre 1795 pour que soit prise la décision de faire du  » franc  » l’unité monétaire française, en remplacement de la livre (loi du 28 thermidor an III – 15 août 1795). Le franc est divisé en 10 décimes, le décime étant lui-même divisé en 10 centimes.

La pièce de 1 franc d’argent, appelée Franc Germinal, est émise en 1803 à la suite des lois de Germinal an XI. A cette date, on frappe dans le même métal des demi et quart de franc, ainsi que des pièces de 2 et 5 francs. Les multiples de 20 francs et de 40 francs sont monnayées en or. Le franc en argent apparaît en 1849 avec la Marianne révolutionnaire et la devise liberté, égalité, fraternité. Le système monétaire mis en place au cours de cette période subsistera jusqu’en 1914, date d’un tout premier réajustement de sa valeur. Belle stabilité qui fera rêver bine des économistes aujourd’hui ! En 1958, une réforme monétaire du général De Gaulle institue le nouveau Franc (1 nouveau franc= 100 anciens Francs).

Le 17 février 2002 il disparaît au profit de l’Euro.

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Quelques liens que j’ai utilisé et à consulter pour aller plus loin :

– Une brève histoire de la monnaie sur le site Herodote.net

– l’article complet de référence sur Wikipedia

– une page historique éditée par la Monnaie de Paris

– une petite histoire de la monnaie par des élèves de CE2 de Lagor (64150)


Un commentaire

  1. Hey’ merci monsieur , et preparez vous a la semaine 5 ou 6 , j’ai une autre question ;) ^^ et merci encore pour les bonus ^^

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