Tout d’abord, soyons clair sur les mots. Lorsqu’on parle d’un(e) israëlien(ne), on parle de celui (celle) qui vit en Israël ou qui est originaire de l’État d’Israël. Tous ne sont pas juifs : on peut trouver des musulmans qui habitent Israël… Première erreur à ne pas faire !

Ensuite, lorsqu’on parle d’un(e) arabe, on l’associe trop rapidement à un musulman. Parler d’un arabe, c’est évoquer quelqu’un qui habite ou qui est natif d’Arabie. Certains arabes peuvent donc être juifs ou bien même chrétiens. Seconde erreur à ne pas commettre. La conscience religieuse n’a donc rien à voir avec la nationalité. Une fois ceci compris, la question peut se poser plus clairement : pourquoi Israëliens et Palestiniens ne parviennent pas à vivre en paix ?

Cela revient en fait à parler d’un conflit vieux de plus d’un siècle… Mais pour être encore plus clair, il nous faut remonter encore plus loin, il y a 2307 ans, en l’an 300 av. J.C. C’est la période estimée de la rédaction des premiers textes de la Bible. D’après elle (surtout la partie « Ancien Testament » ou Torah, pour les juifs) la Palestine serait la « Terre promise par Dieu au peuple juif« . Et, l’archéologie le montre bien aujourd’hui : cette terre est belle et bien habitée, jusqu’aux premiers siècles de notre ère, par des Juifs ! Mais, après une ultime guerre contre les envahisseurs romains (130-135), ces derniers sont chassés de l’Empire romain et Jérusalem, la capitale de la Palestine, rasée. Et c’est pourquoi, dès le IVe siècle, ce sont des populations arabes qui s’installent dans le pays.

Souvent rejetés et/ou persécutés, les Juifs immigrés ne cessent de fuir un peu partout dans le monde. Dans les années 1870, le journaliste hon­grois Theodor Herzl en vient à se dire qu’il faut créer un État juif indé­pendant, capable de se défendre et de réunir tous les Juifs sur une même terre. C’est ainsi que les pre­miers colons arrivent en Palestine en 1880 : des Juifs russes fuyant persécutions et misère. Ils bâtissent la ville de Tel-Aviv. La Grande­-Bretagne, qui devient la puissance responsable de la Palestine en 1922, encourage ces arrivées.

La Seconde Guerre mondiale, et la mort de plus de 6 millions de Juifs dans les camps nazis, encourage l’Organisation des Nations unies (ONU) à proposer la création de deux États en Palestine: l’un juif, l’autre arabe. Cela deviendra réalité le 14 mai 1948, avec la création de l’État d’Israël. Les Palestiniens chassés de l’État juif et les pays arabes voisins dénon­cent alors cette création : ils sont présents dans la région depuis presque seize siècles : pourquoi les en chasserait-on alors ? Il en découlera quatre guerres entre Israël et ses voisins arabes, qui permettront à Israël, à chaque fois victorieuse, de s’agrandir avec ce que l’on a appelé les « Territoires occupés ».[kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/3gn6dgkDTySYwll04" width="425" height="335" wmode="transparent" /]
1948, naissance de l’état d’Israël in Histoire de comprendre par Alexandre ADLER (France 5, 2006)

Là vivent deux millions et demi de Palestiniens qui, dès 1960, vont s’unir au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat, et engager la lutte, avec pour but la création d’un État palestinien. En 1987 débute l’Intifada (guerre des pierres), menée par les jeunes Palestiniens révoltés par leur pau­vreté et la brutalité de la police et de l’armée israélienne. En 1993, le chef du gouvernement israélien, Yitzhak Rabin, accepte enfin d’en­tamer des négociations et signe à Oslo (Norvège) un premier accord avec les Palestiniens. En 1995, de nouveaux accords interviennent à Oslo et, en septembre 1997, un accord à Washington prévoit le retrait progressif de l’armée israé­lienne des Territoires occupés.

Mais ces accords sont combattus, tant en Israël qu’en Palestine, par des mouvements ayant choisi l’ac­tion violente. En Israël, car de nombreux colons juifs installés dans les Territoires occupés refusent de rendre les terres aux Palestiniens. D’autre part, la droite israélienne est farouchement opposée à tout accord avec l’OLP, qualifiée d’organisation terroriste ; Yitzhak Rabin sera ainsi assassiné par un étudiant juif d’ex­trême droite en novembre 1995. En Palestine existent également des organisations extrémistes qui consi­dèrent que les Juifs leur ont volé leur pays, et veulent la destruction d’Israël.

A ce jour, malgré les poignées de main entre dirigeants palestinien et israëlien, les négociations en sont au point mort et aucun ne veut vraiment faire un pas vers l’autre. Le terrorisme a encore compliqué la situation dans la région et aucune solution unilatérale n’est envisageable : ce sont tous les pays de la région du Moyen-Orient qui doivent s’engager ensemble dans la voie de la paix. Voilà peut-être pourquoi il leur si difficile d’imposer une paix durable. N’oublions pas que l’Europe a eu besoin de presque vingt siècles pour s’installer dans une paix réelle. La route est donc encore très longue… et périlleuse.

– voir les articles de Jean-François Collinot dans Les Clés de l’Actualité.