Les livres vagabonds

Barbe de soie

Barbe de soie (conte chinois)

 

Il était une fois une petite fille qui s’appelait Huigu. Quand elle était tout enfant, son père mourut ; sa mère n’ayant pas d’autres enfants, elle se retrouva sans frère ni sœur.

Huigu était très jolie et aimait travailler de ses mains. Elle était agile et rapide. Jamais ses mains n’étaient oisives. Quand elle en avait terminé avec ceci, vite elle entreprenait cela et tout dans la maison était bien rangé.

Comme la famille était pauvre, elle montait tous les jours à la montagne pour couper du bois. Avec la vente du bois elle pouvait procurer de quoi manger à la famille. Comme elle arrivait à couper une grosse quantité de bois, leur vie se passait paisiblement et décemment.

Un jour, elle monta dans la montagne pour couper du bois. Elle venait de pénétrer dans la forêt, quand une pluie torrentielle se mit à tomber. Au début elle s’abrita sous un grand arbre dont le feuillage épais arrêtait les gouttes de pluie. Mais il pleuvait de plus en plus fort et Huigu ne portait qu’une chemise usée qui ne la protégeait pas du vent ni de la pluie.

Elle s’enfonça alors plus avant dans la forêt pour chercher un refuge. Peu après, elle aperçut une petite cabane au fond des arbres. Elle se précipita tout heureuse, poussa légèrement la porte et entra.

Dans la petite cabane se trouvaient une table, une chaise et un lit. Dans le buffet était rangée la nourriture, mais on ne voyait personne nulle part. Huigu avait affronté le vent et la pluie sans manger et maintenant son ventre criait famine. Elle tendit la main pour attraper quelque chose dans le buffet, puis se ressaisit :                                         

 » Je viens m’abriter chez des gens et en plus je vais leur manger leur repas !  » Surmontant sa faim elle ne toucha à rien.

Regardant autour d’elle, elle vit que le sol était sale et la table toute poussiéreuse. Elle saisit un balai et balaya la pièce jusqu’à ce qu’elle soit nette et propre. Juste à ce moment, un petit vieillard, pas plus haut que deux pieds, portant une longue barbe blanche qui pendait jusqu’au sol, entra. Quand il vit que Huigu avait tout nettoyé il fut tout content et lui dit :

« Est-ce toi qui as nettoyé cette pièce ?

– Oui, c’est moi.

– Comment es-tu arrivée ici?

– Je suis entrée pour m’abriter de la pluie. J’avais froid et faim et je ne pouvais me cacher nulle part. Je suis arrivée ici par hasard. Vieillard, ayez pitié de moi ! Laissez-moi m’abriter ici un soir ! »

L’homme répondit :

« Tu es une fillette intelligente et travailleuse, tu me plais beaucoup. Reste donc ici ! »

Il sortit du buffet des plats qu’il offrit à Huigu. Elle n’avait jamais mangé de ces mets-là, elle n’en connaissait même pas les noms. Elle les trouva délicieux, parfumés et sucrés. Après avoir mangé, Huigu s’endormit sur-le-champ. Le vieillard la couvrit doucement d’un édredon. Huigu dormit d’un sommeil profond jusqu’au lendemain matin à l’aube où elle fut réveillée par le chant des oiseaux de la forêt.

A peine réveillée, elle se vit offrir à nouveau des plats délicieux. Après le repas, Huigu s’aperçut que la barbe du vieillard était vraiment trop longue. Craignant que cela ne le gêne elle lui proposa :

 » Vieillard, votre barbe est trop longue, ce n’est vraiment pas pratique. Laissez-moi vous la couper un peu ».

L’homme contemplant sa barbe dit en riant : « D’accord, si tu veux ».

Juste quand Huigu voulait jeter la masse des poils tombés à terre, le vieillard la retint de la main en disant :

« Ceci est un trésor précieux, il ne faut pas le jeter ».

Huigu ramassa alors la masse de poils dont elle fit un petit paquet dans un mouchoir, qu’elle tendit au vieillard.

Le jour était déjà bien clair quand Huigu voulut rentrer rassurer sa mère. Elle fit donc ses adieux à son hôte. Le vieillard dit :

« Je n’ai pas tellement envie de laisser partir une fillette si gentille, mais il faut que tu rentres, je ne peux pas t’obliger à rester. Comme je n’ai rien d’autre à t’offrir, rapporte donc ces poils coupés de ma barbe ».

Il lui tendit alors le petit paquet. Huigu se demandait à quoi cela allait bien pouvoir servir. Comme elle hésitait, le vieillard lui dit :

« Ne te préoccupe pas de l’utilité ou de l’inutilité de ce cadeau. Plus tard tu en connaîtras les bienfaits ».

Huigu le remercia et rapporta le paquet chez elle. A la maison, Huigu raconta à sa mère ce qui lui était arrivé. Sa mère demanda : « Fais voir ces poils de barbe ».

Elle ouvrit le mouchoir, mais ce n’était plus des poils de barbe, c’était de longs fils de soie. Elle les plaça sur son métier à tisser et tissa une longue bande de brocart brillant et fin. Le fil était interminable et ne pouvait se rompre. Huigu et sa mère apportèrent la soie au marché, et c’était la plus belle soie du marché. Tout le monde se pressait pour en acheter. Depuis ce jour-là, Huigu vécut avec les siens à l’abri du besoin.

Elle tissait des brocarts merveilleux, bientôt célèbres dans tout le pays. Les gens appelaient ses écheveaux de soie des  » fils de lumière « , leurs nuances étaient infinies et Huigu n’en vit jamais la fin.

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