Concours de poésie 2024 : les résultats

En écho à l’événement national du Printemps des Poètes au mois de mars, les professeurs-documentalistes ont organisé, pour la troisième année consécutive, un concours de poésie interne au lycée Jean Vilar ouvert à tous les élèves. Découvrez-en ci-dessous les résultats.

C’est une dizaine de textes poétiques qui ont été écrits cette année par des lycéens de la 2nde à la Terminale et qui ont été soumis au vote de leurs camarades pendant le mois de mars. Le thème 2024 prenait appui sur la citation de Rosa Parks : « Vous ne devez jamais avoir peur de ce que vous faites, quand vous faites ce qui est juste. »

© F. Delacroix – 03/05/24. Mathilde et Margaux, gagnantes du concours 2024.

C’est le texte rédigé par Margaux Micallef (2nde7), intitulé Se trouver du bon côté, qui a recueilli le plus de suffrages parmi les lycéens.

Un jury composé d’enseignants du lycée s’est également réuni pour décerner le prix du jury. La gagnante de la session 2024 est Mathilde Tarracca (2nde10) pour le poème Nous, les femmes brisées.

La remise des prix, autour d’une collation, a eu lieu au CDI le vendredi 3 mai à 16h en présence d’une partie des participants et du jury, ainsi que de M. Souès, proviseur du lycée Jean Vilar, et d’un correspondant de la presse locale. A cette occasion, les deux lauréates ont lu leurs poèmes à voix haute.

© F. Delacroix – 03/05/24. Remise des prix du concours de poésie 2024.

Les poèmes lauréats sont affichés en ce moment au CDI. Nous félicitons tous les participants à ce concours qui ont réussi à mettre en mots avec sensibilité le thème de l’engagement, de la justice et de la lutte contre les inégalités.

F. Delacroix

Prix des Lycéens : Se trouver du bon côté

Un jour je me suis demandé
Si je devais le défendre ou me moquer
Le pauvre il n’y était pour rien
Selon eux « pas assez masculin »
J’ai décidé d’être son sauveur
Non pour la gloire et l’honneur
Ce n’était pas de mes amis
Mais ceux qui l’embêtaient si
De ma petite voix je décidais
De crier aussi fort que je le pouvais
Leurs yeux se sont agrandis
Ayant peur d’un tel bruit
Ils partirent en courant
Et laissèrent ce jeune enfant
Dans la tranquillité et la paix
À mille et un lieux des méchancetés.

Margaux Micallef, 2nde 7

Prix du jury : Nous, les femmes brisées

Dès que j’ai su parler on m’a appris que le masculin l’emportait sur le féminin

Dès mon année de 5e on m’a dit que la loi salique empêchait au Moyen Age, les femmes de régner

Dès mon année 3e on m’a enseigné que les femmes n’avaient pas le droit de disposer de leur corps, de leur compte en banque ou de travailler jusqu’il y a guère plus d’une cinquantaine d’années.

Toute ma vie on m’a rabâché que les hommes étaient les vrais guerriers,

Que des femmes étaient, de force, mariées,

Que des femmes étaient excisées voire violées.

Toute ma vie on m’a répété de ne pas m’habiller trop court car cela faisait prostituée,

De ne pas parler trop fort car c’était synonyme de vulgarité,

De laisser les garçons me frapper car cela voulait dire qu’ils m’appréciaient.

J’ai onze ans

Je dis que je déteste le rose et les poupées car dans un monde d’hommes il faut cacher sa féminité,

J’ai douze ans

Je ne comprends pas pourquoi ma valeur n’est que le reflet de la taille de ma poitrine

Je suis pourtant autre chose que mon intimité. 

J’ai treize ans

Je me demande pour quelle raison les filles sont listées en fonction de leur beauté

Je suis en dernier, j’étais pourtant bien apprêtée ;

Mais j’ai bien compris que je ne peux le dire trop fort car je n’entre pas dans les critères de beauté.

J’ai quatorze ans

Mes parents ne veulent pas que je sorte avec mes copines car nous ne sommes pas en sécurité,

Mais n’est-ce pas le pays de la liberté ?

J’ai quinze ans

Les garçons, je les hais

Ils me reprochent cette méchanceté. 

Je suis simplement effrayée,

Effrayée de me faire violer,

Effrayée de leurs regards sur mon intimité, 

Effrayée de leurs réflexions déplacées.

Alors au bout de ces quinze années,

Je parle trop fort et je suis trop énervée.

Je n’ai plus honte de ma féminité,

Je suis une femme et j’en fais ma fierté

Je n’ai pas peur d’être la voix de celles qui n’en n’ont plus

Je pense à ces femmes irakiennes, afghanes

Ces femmes décédées sous les coups de ceux qui sont censés les aimer.

Je ne m’excuserai plus jamais d’être née

Je suis féministe et je continuerai de me révolter contre chaque inégalité.

Mathilde Tarracca, 2nde10