Des réseaux pas si sociaux

Depuis les années 2000, les « réseaux » sont apparus dans nos vies, rendant certains d’entre-nous accro à leur utilisation. En effet, Facebook, Messenger, Snapchat, Instagram, Be Real et Tik Tok ont pris une place importante dans nos vies. Les jeunes sont les plus touchés par cette mode des réseaux. Cependant, leur utilisation n’est pas sans danger.

            Les réseaux sont la passerelle entre le connu et l’inconnu. On peut facilement ajouter des amis, mais également des inconnus, qui peuvent parfois être mal intentionnés. Cependant il peut être dangereux de parler à n’importe qui, les plus jeunes sont facilement influençables. En effet, malgré une limite d’âge imposée, on peut y retrouver des enfants âgés entre 9 et 12 ans. Fort heureusement, ils ne sont qu’une minorité, mais nous avons constaté que la création d’un compte sur les réseaux sociaux a lieu de plus en plus tôt.

La fiction suivante a pour but d’illustrer mon point de vue sur l’utilisation des réseaux sociaux numériques.

« Il est sept heures du matin, je pars pour Paris dans un bus scolaire avec d’autres prodiges de mon âge. Un concours de science se déroulait dans tous les collèges dans le but de rassembler les petits génies dont le groupe auquel je fais partie. Est-ce que j’étais fière ? Oui. Est-ce que j’étais heureuse d’aller à ce concours ? Honnêtement je ne sais pas. J’y suis allée car cela rendait heureux mes parents, j’ai donc voulu leur faire plaisir mais plus j’y réfléchis, plus je me dis que ce n’était peut être pas une si bonne idée. On devait être, peut-être, environ une trentaine dans ce bus. Tout le monde se fait des potes très vite, tout le monde sauf moi. Ils commencent à s’échanger ceux que je crois comprendre des ‘snap’. Snap. C’est quoi au juste « snap » ? Je m’empresse de faire une recherche Google pour mieux comprendre ce mot qui m’est inconnu. Ma recherche me dirige directement sur le Play Store « Snapchat ». J’ai le choix de l’installer ou pas… Et pourquoi pas après tout ? Du haut de mes 14 ans, je me sens devenir de plus en plus adulte. Ce qui n’est bien entendu qu’une illusion.

Direction Snapchat : un tas de consignes s’affiche sur mon écran. Entrer ci-dessous votre nom et prénom. Entrer votre date de naissance. Et cela se poursuit par mon numéro de téléphone, puis mon adresse mail, ils veulent même ma localisation ! Est-ce au moins légal tout cela ? Après la finalisation de la création de mon nouveau compte, je constate que j’ai déjà cinq nouvelles personnes souhaitant devenir mes amis. Je les ajoute donc. Et l’un vient directement faire le premier pas. « Salut » « ça va bien ? », « moi c’est Yanis et toi » « t’as quel âge ? » « woah on a presque le même âge », « devenons amis 🙂 » Et de là, naît une nouvelle ‘‘amitié’’. On parle pendant des heures, au point que le trajet que je pensais allait durer une éternité passe au contraire très vite. Il est gentil, doux et attentionné. Pourquoi penser qu’il me voudrait du mal ?  

Je ne voient pas passer les heures. J’oublie de réviser, j’oublie d’envoyer un message à mes parents. Cependant je n’oublie pas de lui parler. Il veut toujours en savoir plus sur moi. Il me pose des questions, plein de questions, même trop de questions. Il a réussi à gagner ma confiance pour obtenir ma localisation et des photos de moi. Mais il ne me parle pas de lui. Il me flatte, me dit que je suis belle pour que je me sente plus proche de lui à chaque vocal qu’on échange. Je n’aime pas sa voix. Elle est grave et beaucoup trop rauque pour moi. Il a les yeux noirs, les cheveux bruns coiffés sur le côté, la peau métisse et ce qui ressemble à un semblant de barbe sur les côtés. Il paraît plus vieux. Mais je sais qu’il ne l’est pas puisqu’il m’a affirmé le contraire. Puis mon concours a lieu et je rentre chez moi. Je ne me suis toujours pas fait d’amis mais peu importe. Deux jours plus tard, lors d’une conversation avec Yanis, il me réclame étrangement une photo de ma féminité. Je reste sur la tête. Je n’y crois pas. Cela ne se fait pas de demander ça. Et puis pourquoi me demande-t-il ça ? Je refuse poliment en lui demandant pourquoi cette étrange envie. Il ne répond pas.

Une semaine après cet épisode refroidissant, le garçon auquel j’ai consacré mon temps, veut qu’on se voit pas loin de chez moi. Est-ce que j’en ai envie ? OUI ! Est-ce que mes parents accepteraient ? Même dans mes rêves les plus improbables, je savais que leur réponse serait négative. Une nouvelle fois, je refuse poliment. Mais cette fois Yanis réagit assez mal. Il ne me répond plus. Cette fois-ci, je me décide. Je l’appelle et visiblement il voit mon appel puisqu’il répond en un message. « Envoie des n*** de toi ou sinon je te bloque. » Du chantage ? J’en suis abasourdie. Je ne veux pas arrêter de lui parler. Il a été la seule personne avec laquelle je pouvais parler pendant des semaines. Je l’aime. Il est mon ami ou peut-être plus. Je ne sais pas vraiment ce que l’on est. La seule chose que je sais, c’est que je ne veux rien lui envoyer et que si je dois souffrir de son absence je veux que ce soit moi qui le décide. Je tapote sur mon téléphone et sans un mot je clique sur ce bouton, ce que je redoutais tant de sa part : « bloquer. » Un petit message s’affiche sur mon écran : êtes-vous sûr de vouloir bloquer cet utilisateur ? Non, mais je n’ai pas le choix.

Ce jour-là je crois que j’ai réellement mûri, ça m’a fait mal au début. Ce n’était pas de l’amour, pas non plus de l’attirance puisqu’il n’était pas à mon goût. Mais c’était de la dépendance affective. Mais ça, je l’ai compris bien plus tard. Mais ça, c’est du passé. Cela s’est passé sur Snapchat.

Lyne