3/10- Le changement, c’est long et difficile

 

Dans un format qui correspond mieux à la lecture comme aux publics des Cahiers, je pourrais proposer dix phrases et dix outils pour accompagner le changement -(avec les images et les graphiques en plus °)

 

3-      le changement, c’est long et difficile

C’est long – On ne change pas tout tout de suite, s’agirait-il même de cela ? Les effets d’une pratique dans sa classe, qui plus est d’un dispositif plus large ne se mesurent qu’après plusieurs semaines, voire des mois. La compétence pour un élève se construit sur plusieurs années ;  devenir un bon professionnel dans l’enseignement à la même aune. Il en est ainsi pour la compétence collective d’une équipe en  établissement. Greffer une nouvelle routine professionnelle, changer un peu l’organisation, instaurer une pratique coopérative, c’est se donner les moyens d’influer sur le climat, les relations dans l’établissement, et sur les apprentissages des élèves selon une durée comprise entre deux et cinq ans. Le facteur temps est essentiel et pourtant il est trivial de constater qu’il est peu pris en compte dans la gestion collective de l’établissement.  Mobilité des enseignants, mais alternance des personnels de direction, variabilité incertaine des conditions et des moyens d’une année à l’autre représentent des contraintes certaines pour garder le cap.  Dans le changement, il y a paradoxalement une continuité à rechercher pour atteindre un « développement  durable » des compétences.

 

C’est difficile – Les équipes témoignent aussi de difficultés dans ce chemin ; la réelle difficulté proviendrait du cumul de petites contraintes de nature différente,: dans cette transformation silencieuse, les équipes sont à la fois actrices et sujettes aux changements dans des établissements et écoles déterminées par des routines administratives ou pédagogiques.

– au  niveau de l’établissement : faiblesse de l’audit-diagnostic initial, contraintes organisationnelles (organisation du temps de travail des personnels et absence de flexibilité, calendrier des examens et stages), contraintes réglementaires (cadre juridique régissant l’EPLE et l’école, les statuts des enseignants avec un temps hors classe non prévu, partenariats mal établis, absence ou carence de la communication institutionnelle en direction des enseignants et des parents ;

– au niveau de l’institution : un environnement peu porteur professionnellement (absence ou carence de valorisation des équipes engagées, absence de ressources identifiées à l’interne/externe en accompagnement et évaluation), budgétairement (insuffisance de l’assise budgétaire) et techniquement (manque de fiabilité de l’équipement informatique) ;

– au niveau d’une organisation: résistances de certains personnels souvent engagés dans une routinisation de leur pratique, gérer l’incertitude et l’imprévu dans un système contraint par ailleurs (programmes, horaires réglementaires par matière ou discipline, examens).

La litanie des difficultés ne peut masquer pourtant la dynamique de certaines équipes et la réussite manifeste de centaines d’actions entreprises. L’attribution causale externe, ainsi que le qualifient nos amis psychiatres, est une forme de projection de sa propre intériorité.

Le changement comme une vague

La méta-analyse des actions suivies en innovation a permis de dessiner  une modélisation en deux vagues décalées, qui rend compte d’un cycle repéré : Par un point rouge sur la vague, repérez votre niveau de changement.

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 La « roue » des difficultés

La « roue des difficultés » recense les principaux domaines évoqués par les équipes en changement (sur une base de 2700 actions suivies, juillet 2013). Identifiez celles que vous rencontrez ? Quelles sont les difficultés qui sont contextuelles, puis structurelles ?

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(source MEN-DGESCO-DRDIE)

Quelles sont celles sur lesquelles vous pouvez avoir prises ? Tout de suite, ? Dans quelques temps ? Que proposez-vous ?

la suite demain.

photos de vacances: la mondialisation et l’innovation

Voici une observation sur 24 heures des vols des grands avions dans le monde, réduit à 2 minutes environ. Chaque point jaune est un avion dans le ciel. De l’espace on dirait un essaim d’abeilles. On voit que c’est l’été dans le nord par l’ombre portée par le soleil sur la planète…

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=geDGTFdUpEQ&eurl=http%3A%2F%2Fwww.lesitedelevenementiel.com%2Fworld-air-traffic-video%2F&feature=player_embedded[/youtube]

Et vous, où êtes -vous ? A observer les petits points se déplacer, chacun suivant sa logique propre, et pourtant participant à des flux, se regroupant dans des aires de départ et d’arrivée, nous assistons « vu du ciel » à un ordonnancement de la mondialisation des échanges, des biens et des personnes.

Cela ressemble furieusement à notre « vague de l’innovation » où chaque image possédait son histoire, son origine, son appartenance, et pourtant, en changeant d’échelle, formait une image globale du changement.

Et vous, où êtes-vous en cette fin juillet ?

La « vague » de l’Innovation et de l’Expérimentation pédagogique

La Vague de l’Innovation

concept: François Muller et Frédéric Teillard d’Eyry, Catherine Soubise, déc. 2007

l’affiche est disponible sur demande dans la limite des stocks disponibles en laissant vos coordonnées ici

A la manière de la « carte du Tendre » de l’enseignant que nous avions déjà proposée, ou du jeu de l’oie de l’enseignant, ou encore du labyrinthe,

A lire les écrits des équipes en innovation, à analyser avec eux les « bons heurts » et malheurs de la vie pédagogique, à être attentif aux indices du processus innovant dans les écoles et les établissements, nous avions envie de retranscrire l’extrème variété,et la productivité étonnante des équipes, sous une forme originale, avec humour.

Ici, cette année 2007, la Vague d’HoKuSai nous a largement inspirés; mais dans une approche toute numérique (B2I oblige), nous avons puisé le fond des images dans les infinis dossiers de l’Innovation parisienne depuis 10 ans. Ainsi, prés de 5000 images composent cette Vague toute symbolique, en Ying et en Yang, qui peut emporter la frêle barque, quand au loin, le Fuji veille. Allégorie de notre petit système éducatif ? Quelles transpositions feriez-vous ?

Nous avons élaboré cette affiche en trois tailles (au choix de votre mur !), mais nous avons eu le souci que les petites vignettes soient tout aussi signifiantes que le grand motif. A découvrir assurément.

A découvrir: l’extraordinaire émission « Palettes » d’Alain Jaubert, consacré à la Vague (en VOD)

La métaphore de la Vague prend sens dans l’analyse de l’innovation: en tant que processus dynamique et collectif dans un établissement, l’innovation ou l’expérimentation s’inscrit dans un cycle, plus ou moins long selon les terrains: il est fortement corrélé (mais pas réductible) aux performances scolaires. Ainsi, dans la grande majorité des cas étudiés, l’innovation, quand elle « se montre », apparait quand l’équipe se saisit de problèmes ou difficultés rencontrés quant à son efficience scolaire; on peut suivre dans le temps deux vagues légèrement décalées. On observe alors parfois un paradoxe où des performances scolaires avérées correspondent au même moment à un déclin relatif du processus.

En résonance avec les analyses entre « innovation », vague et apprentissage: de la même façon, le processus d’apprentissage ne répond pas à une logique purement linéaire, mais connait aussi un mouvement ondulatoire, entre des moments de doute, d’errance, de prise de compétences, d’expertise, puis de questionnement.

On retrouve cette observation dans l »open learning » (ou apprentissage ouvert, c’est à dire déconnecté de l’Ecole en tant que cadre spatial, l’auto-formation par exemple) est assimilée fréquemment à une vague.

et par analogie, avec le mouvement cyclique par vague des périodes économiques de type Kondratieff

Par ricochet :
L’apprentissage informel
Métacognition autonome
Pourquoi le Web change tout
Des chercheurs questionnent l’utilité de l’école

Extraits de l’affiche en taille réelle des vignettes: