(Photo de la Reine et de Blanche Neige )
CONTE A REBOURS DE JUSTINE
Je suis la Reine Grimhilde du royaume de Blanche-Neige, mais ce titre n’est pas suffisant pour définir qui je suis vraiment. En plus d’être une reine, je suis également une puissante sorcière.
Mon histoire commence lorsque Blanc-Neige, ma belle-fille, est née. Sa beauté était si éclatante qu’elle en est devenue la plus belle du royaume, ce qui a attiré l’attention de tous, y compris celle du prince charmant. Bien que ce prince eût une conception de l’amour aussi superficielle que la brillance de la pomme empoisonnée de Blanche-Neige. Il est tout de même tombé amoureux juste à sa vue sans même lui avoir adressé un seul mot. C’est simplement son physique qui lui vaut l’amour du prince. Si ça c’est de l’amour alors je suis prête à croire que les souris peuvent se transformer en chevaux et les citrouilles en carrosses. Et devinez qui est devenue verte de jalousie ? Moi ! évidemment, j’étais aussi verte qu’une pomme pas encore mûre ! Je me suis tournée vers mes connaissances en sorcellerie pour concocter un plan diabolique. J’ai utilisé mes pouvoirs pour créer une pomme empoisonnée qui plongerait Blanche-Neige dans un sommeil éternel. Mais, elle a fini par être secourue.
Et devinez par qui ? par moi-même ! Oui, moi ! La vilaine Grimhilde, sauver la princesse ? On aura tout vu !
Alors que je m’apprêtais à lui tendre la pomme empoisonnée, une petite voix dans ma tête a crié « Arrête ! Attends une seconde, Grimhilde ! ». Mais l’idée de gagner une validation extérieure, surtout celle des hommes, semblait plus séduisante que de faire preuve de solidarité féminine.
Pourtant, en me regardant dans le miroir magique pour la millième fois de la journée, j’ai vu à quel point j’étais prête à perpétuer un schéma destructeur, en cherchant à rivaliser avec une jeune princesse pour obtenir encore l’approbation d’un homme.
C’est alors que j’ai réalisé que la vraie puissance ne résidait pas dans la compétition entre moi et elle, mais dans la solidarité. Nous devions nous élever ensemble, peu importe notre âge ou notre apparence, et défier les normes de beauté imposées par le royaume.
Nous vivons dans un monde imaginaire où les femmes jeunes sont idolâtrées tandis que les femmes âgées, comme moi, sont souvent ignorées ou ridiculisées. Mais je vous le dis, mesdames, ensemble, nous sommes fortes et il est hors de question que je reste dans l’ombre sous prétexte que j’ai quelques rides ou quelques vergetures. Nous n’avons pas à nous battre pour rivaliser les unes avec les autres, mais à nous soutenir et à nous élever mutuellement. Sans oublier nos alliés masculins qui seront de véritables princes lorsqu’ils nous soutiendront et arrêteront de nous embrasser dans notre sommeil par exemple.
Alors, au lieu de lui donner la pomme empoisonnée ou bien de l’embrasser sans son consentement comme certains soit disant “prince”, j’ai décidé de lui tendre la main. J’ai utilisé mes pouvoirs pour lui transmettre de la force et du courage. C’était un geste symbolique, mais pour moi, c’était le début d’un nouveau chapitre où les femmes que ce soit des sorcières, princesses, reines etc.. vivent librement sans la nécessité d’épouser un prince pour être heureuse. Je voulais que Blanche neige comprenne qu’il n’est pas impossible de cumuler puissance et beauté chez une femme. Désormais, je serai auprès de Blanche Neige pour l’épauler lorsqu’elle devra affronter les obstacles que doivent surpasser les femmes. Sans oublier de lui rappeler ses nombreuses qualités qui vont bien au-delà de son apparence. Je vais former une princesse forte et prête à assumer qui elle est vraiment.
Alors la prochaine fois mesdames, j’ utiliserai moins de jalousie car elle m’a empoisonnée bien plus que n’importe quelle pomme.
EXPLICATION DU CONTE A REBOURS
PAR JUSTINE
Dans mon récit revisité de Blanche-Neige, je mets en lumière la pression des normes de beauté irréalistes, idéalisées et imposées aux femmes par la société, en soulignant à la fois le destin de Blanche-Neige et celui de la sorcière. Dès la naissance de Blanche-Neige, sa beauté éclatante la place au centre de toutes les attentions, illustrant ainsi la manière dont les femmes sont souvent jugées ou valorisées principalement pour leur apparence extérieure. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé d’appuyer cette vision de la beauté des personnages dans les contes.
Parallèlement, la reine elle-même est victime de cette pression. Malgré son statut de reine et de sorcière, elle se sent menacée par la beauté de Blanche-Neige, ce qui la pousse à des actes de jalousie. La reine est confrontée à la perspective de voir sa propre beauté faner avec le temps. Cela souligne la pression sociale qui pousse les femmes à se préoccuper énormément de leur apparence extérieure pour maintenir leur valeur dans les yeux des autres, en particulier dans le contexte de la recherche perpétuelle de validation par les hommes. Alors je m’adresse principalement aux femmes dans ce texte à la manière de Typhaine D. En utilisant un registre satirique afin de dénoncer les représentations des femmes dans les contes, ici dans le conte de Blanche-neige.
D’autant plus que l’importance de la beauté extérieure va donner lieu à de certaines tensions. Une compétition nocive qui pousse la sorcière à des actes extrêmes, notamment la création de la pomme empoisonnée dans le but de se débarrasser de sa rivale. Elle est prête à tout pour maintenir son pouvoir et son statut de la plus belle du royaume, même si cela implique de nuire à une jeune princesse qui est elle aussi victime de ces normes de beauté. Les femmes se comparent, cela peut être matérialisé par le miroir magique : “Dis moi mon beau miroir qui est le plus belle ? “ Le but ici est d’être la plus belle, d’être au dessus des autres…Au lieu de reconnaître et de célébrer la beauté de chacune, elles se voient contraintes de rivaliser pour obtenir une validation extérieure, représentée par la réponse du miroir magique. Malheureusement la si grande importance de la beauté chez les femmes est très souvent présente dans les contes, et pas seulement celui de blanche neige.
Pour contrer cet aspect, j’ai préféré imaginer l’inverse où les femmes s’unissent plutôt que de se diviser. Ainsi elles peuvent renverser ces normes oppressives et créer un environnement où chacune est valorisée pour ses qualités uniques, au-delà de leurs apparences physiques. Voilà ce que j’ai voulu créer, un conte où l’entraide à une plus grande place que la rivalité. C’est pour cela que la reine finira par changer d’avis. Elle se rendit compte de son caractère rabaissant à l’égard de Blanche neige mais aussi de toutes les princesses en général. Alors j’ai décidé que la reine apportera son soutien à sa plus grande rivale pour qu’elles puissent s’élever ensemble.
Par la suite, j’ai évoqué les alliés masculins qui doivent nous soutenir dans cette lutte pour l’égalité. Pour avancer dans un tel combat, il faut la participation de tous, bien évidemment des femmes mais aussi des hommes pour que cela rentre dans les mœurs de tous. Le soutien des hommes dans le mouvement féministe peut aider à amplifier les voix des femmes et à faire avancer leurs revendications. En utilisant leur privilège pour défendre les droits des femmes et promouvoir l’égalité. Lorsque les hommes et les femmes s’unissent dans la lutte pour l’égalité des sexes, ils créent une force collective plus puissante et plus efficace pour faire progresser la société vers un avenir plus égalitaire. Voilà pourquoi j’ai évoqué dans mon récit nos alliés masculins qui seront des véritables princes lorsqu’ils agissent pour l’égalité.
En ce qui concerne la conception de l’amour, je souligne avec ironie comment les princes des contes de fées sont souvent attirés uniquement par le physique des jeunes princesses, sans se soucier de leur personnalité ou de leurs qualités intérieures. L’attrait physique ne suffit pas pour tomber amoureux or c’est ce que montre ce conte. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y a pas eu de relation amoureuse dans mon récit car Blanche neige peut s’en sortir sans attendre l’aide d’un homme et elle n’a pas besoin d’un homme qui tombera seulement amoureux de son corps. D’ailleurs il n’y a pas de prince, de nains ou encore de chasseurs dans mon histoire. Seulement des femmes puissantes.
Alors afin de remplacer le prince, la sorcière prendra la place de la sauveuse. La décision de la sorcière de sauver Blanche-Neige est significative car elle renverse les attentes traditionnelles des contes de fées où ce sont souvent les hommes qui viennent à la rescousse des femmes en détresse. Dans cette histoire, c’est une femme, la sorcière elle-même, qui se lève pour sauver une autre femme, sans attendre l’intervention d’un homme. Cela remet en question les stéréotypes de genre qui ont longtemps perçus les femmes comme des êtres passifs et dépendants, attendant d’être sauvés par des hommes.Enfin, je soulève subtilement la question du consentement en décrivant le baiser du prince à Blanche-Neige pendant son sommeil. Ce geste remet en question les notions de consentement, soulignant l’importance du respect des limites personnelles et du consentement mutuel dans toutes les relations. De plus, lorsque la princesse se réveille de son sommeil, elle est émerveillée de trouver un inconnu en train de l’embrasser. Cependant, se réveiller auprès d’une personne étrangère, à quelques centimètres de son visage ne doit pas vraiment susciter l’émerveillement. Alors j’ai volontairement supprimé ce passage qui ne respecte pas la princesse.
