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DES LIVRES ET MOI

Lire, du plus loin que je me souvienne, a toujours été une habitude. Je lisais dans le car le matin, à l’école avec la maîtresse, en rentrant et avant de me coucher. Je veillais parfois tard malgré les avertissements de maman. J’écrivais même mes propres histoires, inspirées de ce que je lisais : « les aventures de Fanfan et Mirza » (probablement inspirés des aventures de « Tintin et Milou » de Hergé). Puis je suis entrée au collège, j’ai eu un téléphone portable et j’ai découvert Wattpad. Une application où chacun peut lire ou poster des histoires. Je lisais alors partout, tout le temps, jusque dans les toilettes. En plus d’être une fidèle lectrice, j’écrivais également de nombreuses histoires que je postais, lu par une petite dizaine de lecteurs, mais j’en étais très fière. Pour moi, mon avenir était tout tracé, j’étais une jeune écrivaine en devenir. 

Cependant, mon univers de lecture était très peu diversifié. Je lisais essentiellement des romans d’amour pour les adolescents et le reste ne m’intéressait pas. Pour autant, j’ai réussi avec le temps à me diversifier et à m’ouvrir à de nouveaux styles littéraires grâce à, aussi étonnant soit-il, l’école. (Mais ne lui attribuons pas tout le mérite, ma mère et ma propre personne ont également joué un grand rôle.)

Quatre livres en particuliers m’ont marquée et m’ont permis de m’ouvrir à de nouveaux styles, auxquelles je ne m’intéressais pas jusqu’alors.  

     En 2019, lors de ma rentrée en première, j’ai redouté, comme beaucoup, le programme de lecture. Bien que passionnée par la lecture, je n’ai jamais accroché aux livres imposés par les établissements scolaires. Entre le théâtre que je trouvais barbant (peut-être un peu toujours maintenant je l’accorde), la poésie que je ne comprenais pas, et ce livre « No et moi » de Delphine De Vigan que je trouvais trop enfantin, je dois dire que je n’étais pas la plus motivée de la classe. Mais les notes devaient suivre et le bac m’attendait à la fin de l’année, alors je m’y suis mise. À choisir, j’ai décidé de commencer par ce qui me semblait être le plus facile, cela ferait un livre en moins sur la liste. J’ai donc décidé d’ouvrir ce livre avec deux jeunes filles sur la page de couverture. Je le trouvais trop simple, pas adapté pour une élève de mon âge. 

    Je l’ai fini en trois jours. Pas parce qu’il était trop simple ou trop court, mais parce qu’ étonnamment, il n’était pas si simple et si facile. Narré par une jeune fille de 13 ans, il n’était pas très compliqué à comprendre. Néanmoins, il racontait une histoire compliquée par des mots simples et presque enfantin. C’était là toute la subtilité et la beauté de ce livre. Lou Bertignac nous décrit la dureté de la vie à travers des yeux de jeune adolescente. Mais pas n’importe quelle adolescente, une ado surdouée. On suit alors son aventure, qui a pour but d’aider une jeune fille de 18 ans, No, SDF, trimballée de foyer en foyer. Nous décrivant non seulement une dure réalité, l’écrivain nous permet d’être dans la peau de cette ado qui ne pense pas et ne réfléchit pas comme les autres. 

    Ce livre m’a non seulement permis de découvrir le schéma de pensée de nombreuses personnes, auxquelles je ne m’étais jamais vraiment intéressée, ou encore fait réaliser la misère dans laquelle de nombreux enfants sans foyer sont laissés. Mais il m’a également fait comprendre que la lecture ce n’est pas que le plaisir de lire. C’est également comprendre un message, comprendre davantage le monde autour de soi et s’ouvrir aux autres. 

Cette même année, nous avons étudié le thème de la poésie. Pour cela, nous avons travaillé sur le recueil de poème de Victor Hugo « Les contemplations« . Bien que sceptique, je me suis prise au jeu. La poésie était pour moi une façon d’écrire trop compliquée. Pourquoi ne pas aller droit au but? Dire les choses clairement? À quoi cela sert-il d’utiliser des métaphores, des litotes ou bien encore l’allégorie ? 

Plus ma lecture des poèmes avançait, moins je comprenais ce que je lisais. L’auteur de Demain dès l’aube me perdait parmi ses vers. Bien que légèrement découragée au début, je me suis accrochée. Dans les premiers temps, lors des corrections ou des cours, je me rendais bien vite compte que mes analyses étaient complètement à côté de la plaque. Mais au fil du temps, je me suis surprise à aimer essayer analyser ces poèmes.  

     Au final, ce recueil de Victor Hugo est encore aujourd’hui le livre le plus annoté de ma bibliothèque. Pour dire, je l’ai tellement apprécié que, si la COVID 19 n’avait pas fait si bien les choses (pour le baccalauréat uniquement), je l’aurais probablement présenté à l’oral de Français. En effet, ce livre m’a permis de découvrir mais surtout d’aimer un nouveau style littéraire. Il m’a permis d’élargir mes lectures mais également mes écrits. Depuis, et aujourd’hui encore, j’aime écrire des poèmes pour mon usage personnel, certes sûrement pas aussi profond que ceux de Victor Hugo. 

C’est l’année suivante que ma mère a joué un rôle dans ma « quête » de diversité littéraire. Alors qu’à ce moment-là cette diversité ne se limitait essentiellement qu’à des romans d’amour pour ados, en tant que grande fan de Boris Vian, elle n’a pu me conseiller que « L’écume des jours« . Après beaucoup d’insistance de sa part, j’ai cédé et ai commencé la lecture. Roman du XXè siècle, ce livre aborde l’amour sous toutes ses formes : l’amour fou entre Colin et Chloé, l’amour impossible entre Chick et Alise et l’amour physique entre Nicolas et Isis. Ce livre d’amour poignant et tragique est également très diversifié. En effet, tout en utilisant le surnaturel, il critique également la superficialité de la société, comme par exemple les effets de mode. 

     Ce roman m’a non seulement permis de découvrir et d’apprécier un nouveau style d’écriture, mais il m’a également montré que les livres et leurs histoires peuvent être intemporels. Je ne suis pas obligée de me limiter aux romans parus ces dix dernières années, par des écrivains de mon époque. Mais au contraire, il est beaucoup plus enrichissant de s’intéresser aux « vieux » romans, qui peuvent être tout aussi captivants que les dernières parutions. 

  

 

Le quatrième et dernier livre qui m’a particulièrement marquée, je ne l’ai pas encore terminé. En effet, c’est un livre que je suis toujours entrain de lire en ce moment et qui est particulièrement captivant. Cette fois-ci, cette nouvelle diversité, est venue de moi-même. De mon envie de m’ouvrir et de m’intéresser au monde qui m’entoure. En effet, L’étoile du nord de D.B.John est un roman sur la Corée du Nord. D.B.John, journaliste et écrivain, nous partage à travers une fiction, la dure réalité de cette « dictature socialiste héréditaire qui vit coupé du monde« . En effet, son livre nous dépeints, à travers une histoire d’espionnage, les manières d’agir « si aberrante, si incompréhensible aux yeux des Occidentaux » de ce pays. Au cours de la lecture, on découvre des conditions de vie, des façons de faire si choquantes que la fiction se mélange à la réalité. 

La lecture de ce roman nous force à sortir de notre petit cocon, de notre beau confort, on ne peut plus ignorer ce qu’il se passe dans le monde. Autour de nous, des gens souffrent de famine, de persécutions pour leur croyance, de pauvreté sévère… Tant de difficultés qui, depuis nos pays riche et libre, sont si facile pour nous d’ignorer. Ce livre m’a permis de prendre conscience de ma chance, de mes privilèges. C’est pour cette raison qu’il me semblait important de le citer. 

Plus que n’importe quel autre loisir, lire m’a permis d’apprendre comme de m’amuser, de voyager n’importe où dans le monde pour 8€70, de voyager dans le temps avant même que la science ne le permette. Alors je souhaite remercier Françoise, dont je ne me souviens pas du nom de famille, de m’avoir appris à lire en classe de CP.  

     Bientôt, à mon tour, apprendre aux enfants à lire fera partie de mon métier. Mais plus que leur apprendre à lire, je ferai tout pour leur apprendre à aimer lire. Leur apprendre que la lecture peut être amusante, enrichissante, réconfortante, tout comme on me l’a appris. Leur apprendre que « La lecture est une amitié » (M. Proust), qu’elle permet de voyager, de s’évader. Alors seulement, je pourrai me dire « enseignante ». 

« Lire, c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. »

Victor Hugo

Sources images 1 234

1 commentaire pour “DES LIVRES ET MOI”

  1. Cet article est écrit simplement, l’auteur ne nous perd pas dans l’écriture de sa pensée : la lecture est fluide et simple.

    Cet article nous enseigne que parfois il faut sortir de sa zone de confort pour pouvoir s’enrichir en tant que lecteur.

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