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IL ÉTAIT UNE FOIS MANON

        Il était une fois une petite bavardeuse, qui désirait s’ouvrir au monde. Avec sa sœur, elles vivaient dans une tour où l’on ne parlait qu’avec M. Français. Elle gazouillait beaucoup, mais aucun mot ne sortit de sa bouche pendant bien plusieurs semaines. Il semble que le premier mot que Mawie ait réussi à prononcer était tout simplement son prénom. Quelle chipie, cette Mawie ! et peut-être un peu égocentrique sur les bords… Aucune phrase avec des mots étrangers ne traversait ses murs puisqu’elle ne connaissait que son ami M.Français. Son prénom, tiré d’un film des années 1980, ne lui donnait guère de sensation. Pour elle, c’est un prénom comme les autres, qui ne fait pas princesse, ni super héros… un prénom banal. Sa seule fierté, c’est son nom de famille qui venait d’une famille royale de chez Madame Italie et la rendait donc spéciale. Quand elle avait l’âge d’aller à l’école des langues, elle commença à parler avec Madame Anglais. Des petits mots par-ci par-là qui la rendent heureuse de les répéter à papa Bavardeur et maman Bavardeuse. Ceux-ci étaient comblés que la petite Mawie parle avec une nouvelle amie Bavardeuse. C’est à ce moment-là qu’elle comprit qu’il n’y avait pas une seule langue dans le monde Bavardeur mais bien plusieurs ! S’ensuit la réelle connaissance avec M. Français, puisque oui, on lui parlait français, mais pour elle cette langue n’avait pas de nom. C’était juste une langue que tous les bavardeurs de la planète utilisent pour communiquer.

        Mawie prît la direction du collège des langues, et elle y fît la connaissance de Monsieur Espagnol. Et là, déclic. Il s’avérait qu’elle était naturellement alaise avec lui et lui parlait beaucoup sans trop de difficultés. Pas besoin d’apprendre par cœur ses leçons, elle comprenait tout, tout de suite. Contrairement à ses conversations avec Madame Anglais qu’elle traînait comme un boulet au pied. En effet, cette langue fut source de nouveauté, mais apprendre la grammaire et la conjugaison n’était pas semblable à l’apprentissage bête et méchant du vocabulaire. Mais lorsqu’on lui parlait de conditionnel passé ou encore de subjonctif présent, Mawie n’avait qu’une envie : quitter la classe de Madame Anglais. Puis vint le jour où l’on remit à Mawie un cellulaire. C’était un nouvel air pour Mawie puisque cela l’ouvrait au monde extérieur. Elle bavardait davantage avec ses amies par exemple, mais utilisait aussi son cellulaire pour accéder à plein de coffre au trésor pour discuter avec les Madames et les Monsieur des autres langues. Elle eut la possibilité de faire la connaissance d’une nouvelle écriture, celle des enfants de Madame Asie par exemple, très différente de celle que connaissait Mawie. De surcroît, elle apprit qu’avec certains bavardeurs, on pouvait communiquer avec des lettres qui ressemblaient à des dessins et avec notre corps sans utiliser la voix. Arrivée en 4ᵉ, elle formait son petit groupe d’amies bavardeuses et cela lui permettait de mieux avancer dans les langues et de pouvoir les pratiquer en dehors du collège des langues. Chose qui ne lui arrivait jamais. 

        Dorénavant, l’école était terminée, maintenant Mawie rentrait dans la cour des grands, au lycée des langues. C’était du sérieux, le bac était important, les études arrivaient à grands pas. Mawie appréciait toujours autant Monsieur Espagnol et détestait davantage Madame Anglais… Pourtant, elle regardait des films en version originale pour pouvoir progresser et pour parler avec Madame Anglais notamment. Son papa bavardeur commençait à lui donner des petits surnoms, pour rigoler, mais ils restaient finalement employés quotidiennement, quitte à presque oublier son prénom. Mawie fît la rencontre de nouvelles amies Bavardeuses. L’une d’entre elle venait du Pays de la vieille Madame Portugais. Mawie s’intéressait alors à cette langue-ci en lui demandant de lui faire écouter des chansons et elle apprit plein de choses. Notamment la grande ressemblance entre M. Espagnol et Madame Portugal. Mais elle apprit également à différencier ces deux langues, ce qui était, pour elle et ses amies, quelque chose de très subtil. Puis Mawie décidait d’inventer des expressions rigolotes aussi pour parler de sentiments qu’elle ressentait ou bien juste pour faire rire tout son monde.

        Mawie avait désormais obtenu son bac et se destinait à devenir, elle aussi, une Madame, mais ne savait pas encore laquelle. Le destin l’avait mise sur la voix de Monsieur Breton. Elle était donc très motivée à apprendre à communiquer avec lui pour peut-être un jour prendre sa relève. Elle utilisait des coffres aux trésors de son cellulaire pour pouvoir progresser. 

        Aujourd’hui, elle adore son prénom et ses surnoms. Elle aime toujours parler avec Mesdames et Messieurs les langues tout en appréciant faire de nouvelles rencontres. Ce n’est pas une langue qui fait la personne, mais c’est la personne qui se construit une culture autour.

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