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LA LECTURE COMME UN SECOND SOUFFLE

Je suis L…, née à S… le ../../2004. Je suis le prénom que mes parents ont choisi, je suis également « la sœur de.. ». Á vrai dire je n’ai pas vraiment d’identité à moi, d’identité qui définisse ce que je suis réellement moi et non « par rapport à… » c’est un problème qui me suivra durant des années, car faire partie d’une famille nombreuse et surtout à double origine a été une réelle chance mais j’ai également mis plus de temps d’un enfant unique à me trouver, à savoir qui se cachait derrière ce prénom qui m’avait été attribué avant même ma naissance, qui était réellement la petite fille métisse que j’étais.

Cette autobiographie commence en 2010. Les années d’avant, ce n’est pas qu’elles ne sont pas intéressantes mais je n’en ai pas beaucoup de souvenirs, c’est pourquoi je ne vais pas en parler et surtout c’est en 2010 que j’arrive en CP.

Le CP, c’est la découverte de la lecture pour la plupart des enfants, c’était également mon cas. J’ai donc appris à lire l’année de mes 6 ans dans une école élémentaire bretonne avec ma professeure K… et le manuel de lecture de Valentin le magicien, des éditions Bordas. 

La lecture permet de lire des panneaux ou encore comprendre des consignes mais de mon point de vue la lecture, c’était prendre en autonomie, en apprenant à faire mes devoirs toute seule par exemple mais surtout c’était découvrir un nouveau monde ou du moins une nouvelle vision du monde que je côtoyais déjà. C’est ainsi que j’ai littéralement dévoré des dizaines et des dizaines d’ouvrages durant primaire, j’ai par exemple lu l’entièreté de la collection « Les petits vétérinaires » de Laurie HALSE ANDERSON en très peu de temps. En primaire, l’écart entre les autres enfants de mon âge et moi à vite commencé. Quand après avoir fait ses devoirs la plupart des enfants allait jouer, je préférai aller dans ma chambre lire, c’est comme ça qu’à l’âge de 8 ans je parvenais 3 à 4 livres par semaine, livres que j’allais emprunter tous les mercredis à la bibliothèque municipale de ma ville. 

La lecture me permettait de m’épanouir et surtout de m’évader en sortant de cette case dans laquelle j’avais été mise dès petite, je n’étais plus l’enfant du milieu d’une fratrie de 4 mais j’étais L…, la L… que j’avais décidé d’être et de construire. J’étais devenue une enfant posée et réfléchie qui savait prendre du recul sur des situations compliquées. (…)

En revanche, la lecture m’a desservi sur un point, en effet, lors de mes temps de lecture j’ai toujours eu tendance à me mettre a l’écart des autres, ce qui au collège m’a été assez défavorable, mais qui a cette heure est une réelle chance car je parviens à me sortir la tête de l’eau et oublier le temps d’une lecture les problèmes qui m’entourent. 

Il y a donc un trou dans cette autobiographie de lectrice, je ne vais pas mentir en m’inventant des lectures : aucune lecture personnelle de tout le collège. Pourtant, je n’ai pas perdu le goût de la lecture, je lisais rapidement les livres donnés par les professeurs de français et puis je les relisais pour ressentir le plaisir de lire, comme un semblant de liberté. 

Arrive l’entrée au lycée, le début de la seconde et donc d’une nouvelle aventure : des nouveaux professeurs, une nouvelle classe, des enseignements différents et (…) C’est à ce moment que Mme A… entre dans ma vie, c’était une professeure de français qui souhaitait réellement nous donner goût à la lecture ou comme dans mon cas redonner goût. La première lecture celle qui a parmi celle de tant d’autres était Lambeaux de Charles JULIET. Il y fait une autobiographie de son enfance de façon originale, le livre se compose d’uniquement deux chapitres, dans le premier il s’adresse directement à sa mère en évoquant ce qu’elle a vécu (maladie, internement, début de la Seconde Guerre Mondiale etc) et dans le deuxième il s’auto-questionne en tant qu’enfant durant cette période difficile, ce livre à donc été le premier déclic ; je voulais lire mais je les regards des autres me posait problème.

Mars 2020, je vais rapidement refaire l’histoire en vous racontant la pandémie mondiale qui nous touche. On ne sait jamais, peut-être que cette autobiographie faite en Français lors de ma L1 de PPPE sera relue d’ici plusieurs décennies par quelque personne qui n’a pas vécu tout ça. C’est en fin d’année 2019 qu’un virus encore inconnu est détecté dans la ville de Wuhan en Chine. C’est juste un virus me diriez-vous. Je vous réponds alors que non ce n’est pas juste un virus, que ce virus se propage très rapidement et donc met en pause le monde. Oui oui, le monde entier : plus de voiture dans les villes, les commerces non essentiels ainsi que les écoles fermés difficiles d’imaginer ça et pourtant moi du haut de mes 15 ans je l’ai vécu. Pour en revenir à mon propos, c’est durant ce premier confinement que je me retrouve face à moi même pour la première fois, je suis confrontée à une L… qui n’a pas le droit de sortir faire du sport, le comble pour quelqu’un qui depuis ses 8 ans passent ses week-ends sur un terrain de Handball que ce soit pour jouer, arbitrer, coacher ou simplement pour passer du bon temps avec des amis. J’ai donc deux  possibilités : subir cette situation ou alors décider de prendre cela comme une chance qui me permettrait de faire un grand pas vers l’avant. J’ai donc bien évidemment choisi la deuxième possibilité, j’ai passé des semaines à osciller entre mes cours, et mes loisirs personnels (broderie, lecture, activités manuelles) en mettant complètement à l’écart l’influence de mes pairs sur ma vie et c’est après avoir lu Incendies de Wajdi MOUAWAD que le manque causé par la lecture surgit. En effet, j’ai assez rapidement fait le tour de ma bibliothèque puis c’est au tour de l’ennuie de s’installer, je veux lire. 

Mai 2020, le déconfinement, la réouverture des boutiques et notamment la réouverture des librairies. Je m’y empresse et je me refait entièrement une bibliothèque, je veux lire du développement personnel, des romans, des livres historiques et des grands classiques. Et c’est là que mon histoire avec la lecture reprend. 

Je me redécouvre des émotions en lisant, j’ai par exemple lu Changer l’eau des fleurs de Valérie PERRIN. Ce livre m’a provoqué une réelle vague d’émotions en passant par la joie, la tristesse et la stupeur. C’est précisément ce que j’aime et ce que je cherche en lisant des livres. 

J’ai donc maintenant une pratique hebdomadaire de la lecture. Les sujets sont assez vastes, par exemple j’ai lu des livres de Paulo COEHLO qui sont des romans philosophiques car après avoir découvert le bonheur de philosopher en Terminale j’ai une soif de curiosité à combler. Mais j’ai également lu énormément de livres parlant de la Seconde Guerre Mondiale, car c’est assez étonnant de dire ça mais c’est un sujet qui me passionne je veux savoir ce qui s’est passé je ne veux pas que ce soit tu et encore moibs que ce soit oublié. Comme c’est le cas pour d’autres guerres : ma grand-mère a vécu la guerre au Vietnam et c’est assez tard que j’ai compris que si je ne m’y intéressais pas moi-même personne ne m’en parlerait. 

Je souhaite ainsi avoir donné l’envie de lire à ceux qui n’ont pas commencé, il n’est jamais trop tard et puis pour ceux qui sont ou du moins ont été dans mon cas, la lecture reviendra dans votre vie au moment où vous en aurez besoin.

5 commentaires sur “LA LECTURE COMME UN SECOND SOUFFLE”

  1. Cette autobiographie de lectrice est très complète : la façon de prendre du recule sur soi est très intéressante et remettre en question son identité peut être compliqué.
    On peut tirer de cet article que le confinement n’a pas eu que du mauvais et que trouver sa place dans une fratrie peut être difficile et la lecture peut aider à échapper à ce quotidien

  2. On ressent bien les émotions par lesquelles tu es passée en lisant ton autobiographie, c’est intéressant de voir comment la lecture t’a accompagnée tout au long de ta vie malgré certaines périodes où ça a été plus compliqué, et c’est enrichissant de constater ton approche avec la lecture 🙂

    On retient que même si durant certains moments de ta vie tu as « abandonné » la lecture, ton envie de lire est restée en toi et a refait surface quelques années plus tard. Quand on aime vraiment quelque chose, on ne peut pas s’en passer même si les circonstances le voudraient.

    Loïse & Jérémy

  3. Cette autobiographie de lectrice est très complète : la façon de prendre du recule sur soi est très intéressante et remettre en question son identité peut être compliqué.
    On peut tirer de cet article que le confinement n’a pas eu que du mauvais et que trouver sa place dans une fratrie peut être difficile et la lecture peut aider à échapper à ce quotidien.

  4. C’est au travers d’une autobiographie sincère et touchante que l’auteur nous livre ses impressions vis-à-vis de la lecture depuis ses dix ans jusqu’à aujourd’hui. Elle nous y apprends comment la lecture l’a accompagnée dans les période fortes et poignantes de sa vie.

    Cette autobiographie nous apprend à toujours aller de l’avant, que la lecture sera toujours là pour ramener de la lumière dans les moments les plus incertains de nos vies.

  5. Une autobiographie sincère de ton expérience face à ta lecture, nous avons été particulièrement touchées par ton vécu, notamment lorsque tu t’es sentie en retrait de tes camardes. Nous avons réellement ressentie que la lecture t’a permis de te trouver.

    Nous remarquons que certains professeurs t’ont redonné goût à la lecture; Ces derniers étant souvent de grands acteurs face à l’appropriation de la lecture.

    Tu as su surmonter les mauvaises expériences ( la crise sanitaire) pour en tirer du positif. Même les obstacles n’empêchent pas de s’épanouir.

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