» C’est une femme qui souffre, qui a mal et qui est épuisée »
Le 22 novembre, nous sommes allés voir l’exposition Ernest Pignon Ernest à Landerneau. Nous avons vu de nombreuses œuvres toutes intéressantes. Mais l’œuvre « l’avortement » était différente des autres, elle savait que j’avais vu le film Simone le voyage du siècle et m’a confié son désarroi face à la situation qu’elle vivait chaque jour.
« Aucune femme ne recourt de gaité de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. «
Simone Veil
Pourquoi les passants ne me regardent pas ? Pourquoi ils ne tournent juste pas la tête pour jeter un coup d’œil sur moi ? En même temps je suis si petit par rapport au mur de pierres au dessus de moi. Les gens regardent droit devant eux, ils ont l’air déterminés à aller dans leur direction. Moi aussi je suis déterminée mais à faire prendre conscience aux gens de ce que c’est l’avortement.
Ah je sais les gens sont en colère, ils ne sont pas contents. Tous ces gens en colère sont contre la loi de l’interruption volontaire de grossesse ( IVG). Cette loi encadre une dépénalisation de l’avortement en France. Ils sont contre mais est-ce qu’ils savent que chaque année 300 000 femmes avortent clandestinement au risque d’être condamnées à six mois de prison.
OUI, je suis choquante comme image et je fais réagir mais c’est mon but pour que les gens comprennent.
OUI, je sais, je montre la vérité, la vérité du monde dans lequel on vit. Et cette vérité, les gens ont du mal à la reconnaître. Et pourtant elle est là. La vérité est que l’avortement tue, mais d’abord les femmes.
OUI sur cette affiche, vous voyez juste une femme. Mais c’est une femme qui souffre, qui a mal et qui est épuisée.
OUI j’en ai marre d’expliquer ma présence aux passants et de me justifier d’être là. Avachie contre le mur je fatigue et puis je suis soumise aux intempéries. Alors j’arrête de parler en espérant que la loi soit votée et que tout ça soit derrière moi.
C’est triste de se dire que nous en sommes arrivés à mettre des affiches cruelles pour montrer aux gens la douleur de ces femmes qui risquent l’emprisonnement.
