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VOYAGER A TRAVERS LES LIGNES

Cher Roman,

Je t’écris aujourd’hui pour te raconter comment s’est passé mon voyage à travers tes pages. En effet, à travers tes lignes, j’ai en quelques façons voyagé. Mais trop peu à mon goût. Tu n’as pas réussi à me faire partir aussi loin qu’est parti Hervé, qui a parcouru tant de chemins et d’épreuve pour arriver jusqu’au Japon.

En effet, j’ai eu beaucoup de mal à rendre compte des paysages, des personnages. La description des paysages est très succincte, sans détails des lieux, des couleurs qu’il a pu voir, des odeurs qu’il a pu humer, des sons qu’il a pu entendre (mis à part le chant des oiseaux, je te l’accorde) ou même encore de la douceur d’un ver à soie par exemple. Quant au personnage, il en est de même, j’ai personnellement eu du mal à me figurer les personnages, par manque de détails sur eux, de quelle couleur sont les cheveux d’Hélène, Hervé est-il grand ou petit, à quoi ressemble Baldabiou. Tant de détails qui peuvent paraître futiles, mais qui me semblent importants pour rentrer et m’imprégner complètement dans l’histoire. Après, était-ce peut-être un choix de ta part que de laisser le plaisir au lecteur de se faire sa propre image d’Hervé, d’Hara Kei, d’Hélène et de tous ces autres personnages qui me paraissaient quand même tous être singuliers et ayant une histoire qui leur est propre, notamment Baldabiou qui a l’air d’avoir vécu dans de choses tout au long de sa vie. On a donc du mal à s’attacher aux personnages.

Pour compléter mon propos, je dirais que le manque d’image dans ce livre n’aide pas pour ma part à l’imagination. Je dis bien, « pour ma part » car je sais que de nombreuses personnes aiment ne pas avoir d’image et être libres de s’en faire la représentation qui leur plaît. Pour continuer sur les points négatifs du roman pour ma part, (promis je te fais un portrait plus glorieux plus tard dans la lettre), je voudrais souligner le manque considérable d’action dans ce roman dit « d’aventures ». Effectivement, pour moi, le mot « aventure » est synonyme d’action, de rebondissement, d’intrigue et je n’ai point retrouver ceci à l’intérieur du livre (bon mis à part la jeune fille et la lettre 😉). Le fait que le roman est court explique peut-être cela, le peu de temps qu’a eu ton auteur pour créer des moments de rebondissement en seulement une centaine de pages.

De plus, je trouve, même si je pense que cela est peu volontaire de la part de ton auteur, le roman assez répétitif notamment au moment des voyages, ils sont toujours les mêmes sans nouveauté, sans surprise, très rapide. Ils prennent finalement une place moindre à l’intérieur du roman alors même que le mot « expédition » apparaît dès les premières lignes de la quatrième page de couverture. Même si l’effet est sans doute voulu, je n’y adhère pas. J’ai trouvé cela particulièrement lourd à un moment donné.

I

l est enfin temps pour moi, de te révéler ce qui m’a le plus plu dans tes lignes. En effet, malgré les points évoqués plus haut, j’ai tout de même du positif qui est ressorti de ma lecture.

Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié l’histoire du « triangle amoureux » que je mets entre guillemets, car il n’y a pas de réelle histoire avec cette mystérieuse jeune fille. Tout de même, il y a un lien très fort qui se créer entre Hervé et cette fameuse jeune fille dès le premier regard, jeune fille dont on ne saura d’elle que ce à quoi elle ressemble et même pas son prénom, mais c’est qui la rend encore plus mystérieuse et intrigante. On pourrait même dire qu’il y a eu « Love at first sight », un coup de foudre.

Cette intrigue qui est celle de savoir si oui ou non Hervé va succomber à cette jeune fille, et donc trahir sa femme, nous tient en haleine tout au long de tes pages. Bien plus pour ma part que les voyages d’Hervé qui ont été plutôt ennuyeux et sans suspense. Ce qui est beau dans cette histoire, c’est qu’au bout du compte malgré la lettre de la jeune fille, Hervé est resté fidèle à son Hélène jusqu’à la mort de sa femme, mais surtout jusqu’à la fin de sa vie. Effectivement, il ne cherchera pas à recontacter la jeune fille même après la mort d’Hélène.

Mais cela s’explique peut-être tout simplement par cette fameuse lettre qui est pour moi le moment le plus marquant et le plus surprenant de l’histoire. En effet, elle apparaît quasiment à la fin de l’histoire et je dois bien l’avouer, je commençais à désespérer d’avoir eu un quelconque rebondissement. Mais alors quel fut ce rebondissement qui m’a laissé complètement sans voix et m’a fait remettre en question tout le roman ! Lorsque j’ai appris qui était la protagoniste de cette lettre plus qu’osée et personnelle, je me suis d’abord presque sentie mal à l’aise de lire cette lettre qui ne m’était pas destinée, que je n’aurais pas dû lire, car je ne suis pas la légitime destinataire.

Le moment de la lettre est un moment suspendu du roman, mystérieux qui m’a personnellement captivé. Pour tout te dire, j’étais dans le train quand j’ai lu ce passage et en règle générale dans le train, je me laisse rapidement déstabiliser par ce qui m’entoure, le bruit des voyageurs autour de moi, le va-et-vient des passagers…

Cependant, à ce moment de l’histoire, je suis entrée dans une bulle et j’ai dévoré ces quelques lignes en une poignée de secondes, tellement j’étais captivée, mais surtout car le suspense à ce moment du roman est à son comble. On s’est tous demandé, et à juste titre qui avait écrit cette lettre, et bien évidemment, nous avons tous pensé que comme la première et parce qu’elle était écrite en japonais, c’était donc la jeune fille qui l’avait écrite. Mais surprise, c’est en fait la femme d’Hervé qui l’a écrite.

Ce passage est un des rares moments où mon attention a été uniquement tournée sur le roman et pas sur autres choses, j’avais enfin hâte de connaître la suite de l’histoire, mais malheureusement ce moment est arrivé un peu tard, car l’histoire s’est terminée quelques pages plus loin (fin qui soit dit en passant m’a laissé sur ma faim).

J’aimerais maintenant te parler de deux personnages qui m’ont particulièrement touchée. Ils sont loin d’être les personnages centraux, mais à mon sens ils ont une place particulière dans le roman car sans eux tu n’existerais pas. Ce n’est bien évidemment pas ni Hervé ni Hélène, mais Baldabiou et Madame Blanche.

Tout d’abord, je voudrais te parler de Baldabiou, ce personnage discret que l’on retrouve malgré tout, tout au long du roman. Sans lui, le livre, toi Soie, tu n’existerais pas. Effectivement, sans lui, les nombreuses filatures de Lavilledieu, n’auraient jamais vu le jour. S’il n’avait pas eu le courage de suivre ses convictions malgré ce qu’on pouvait penser de lui et de ses idées, les voyages d’Hervé au Japon n’auraient pas eu lieu. Il a eu la force, que peu de gens peuvent avoir, de se lancer seul dans l’inconnu, mais quelle réussite quand on voit le succès des filatures malgré les déconvenues qu’elles ont pu subir tout au long de leur existence, avec notamment les maladies sur les ver à soie. C’est un personnage qui pour moi n’est pas assez mis en avant, alors qu’il a réellement une histoire singulière et qui vaut la peine que l’on se penche dessus. Il est honnête, courageux, simple, tolérant mais aussi mystérieux, intriguant et voyageurs. C’est un homme aux multiples facettes qui a pour seul et unique but de transmettre et d’enseigner. Transmettre tous les voyages qu’il a pu faire, toutes les expériences qu’il a vécu, bonne comme mauvaise. Enseigner les valeurs comme la tolérance, la volonté ou encore le courage. J’en ai fini pour lui, mais je me devais de donner quelques-unes des lignes de ma lettre à ce grand homme.

Ensuite, j’aimerais parler de Madame Blanche. Personnage encore plus de second plan que Baldabiou, car il me semble qu’on ne la retrouve qu’à deux reprises dans le roman. Pour moi, tout comme pour Baldabiou, c’est un personnage indispensable de l’histoire. En effet, sans elle, l’histoire du « triangle amoureux », citeé plus haut, et de la très belle histoire d’amour entre Hélène et Hervé, n’aurait jamais vu le jour. Comment Hervé aurait pu savoir que la jeune fille l’aimait en secret alors que leur échange se limite à des lettres que seul Madame Blanche peut traduire ? Il n’aurait pas pu, car il ne parle pas le japonais tous simplement. Et comment ce moment du roman qui m’a tant marqué aurait pu exister si Madame Blanche n’avait pas été là pour traduire à Hervé, la fabuleuse lettre de sa femme ? Eh bien, ce moment du roman n’existerait pas. Et c’est cela, qui la place, pour moi parmi les personnages les plus importants du roman, bien qu’il n’y paraisse pas forcément. De plus, elle a une histoire qui me touche particulièrement notamment le lien qu’elle a avec sa langue. En effet, après la guerre, sa relation avec le japonais a beaucoup changé, elle ne veut plus avoir de relation avec lui, car elle n’accepte pas ce qui s’est passé.

Pour conclure sur mes personnages préférés, j’aimerais rajouter, comme une sorte de morale, qu’il ne faut jamais oublier les personnes dans l’ombre, car ce sont souvent elles qui sont à l’origine des plus belles choses.

Je voudrais terminer ma lettre, par vous faire part des quelques morales que j’ai pu repérer tout au long de tes lignes. Tout d’abord, « Il ne faut jamais se fier aux apparences » correspond totalement au passage que j’ai pu lire dans ma caresse audio. Cette phrase fait appel à une qualité très importante pour moi qui est la tolérance envers les autres. M’engageant dans le domaine de l’enseignement, il me semble primordial de véhiculer cette notion auprès des élèves. À la page 118, on peut voir que « l’apparence et le caractère d’une personne change en fonction de qui la regarde ». En effet, dans le texte, on peut lire « ils disaient que c’était un escroc. Ils disaient que c’était un saint ». Il ne faut donc pas se fier aux apparences. Dans le même chapitre 52, tu nous montres que « même si l’on est au plus bas, on peut toujours se relever ». Effectivement, à ce moment du roman, la situation des travailleurs de Lavilledieu est terrible, il n’y a plus d’œufs donc plus d’emploi. Mais grâce à la générosité d’Hervé et la solidarité, ils se sont unis pour travailler à la construction du parc dans le jardin d’Hervé. Et le dernier passage que je voudrais mettre en évidence fait partie du chapitre 53. Il dit « C’est une souffrance étrange […] Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais. » Cela nous montre la difficulté de désirer quelque chose que l’on ne peut avoir.

À mon sens, ce sont ces différents passages de « morales » qui sont les trésors cachés entre tes lignes.

Pour conclure, je dirais donc qu’au vu de mes propos, j’ai du mal à déterminer si tu fais partie des livres que j’ai aimés ou bien des livres que je n’ai pas aimés. Je dirais que tu fais partie de cet entre-deux qu’on ne sait pas classer. Mais peut-être qu’avec le temps cela viendra.

Tendrement,

Emma B.

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