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En 2006, Laurent Gaudé publie le roman Eldorado qui croise deux histoires. D’une part l’histoire de Salvatore Piracci, un garde-côte sicilien chargé de surveiller les embarcations amenant illégalement des immigrés clandestins sur l’île de Lampedusa. D’autre part l’histoire de Soleiman, un jeune Soudanais qui traverse l’Afrique du Nord pour tenter de rejoindre l’Europe.

En 2023, les étudiantes et étudiants PPPE entreprennent une commémoration numérique autour de ce roman. A travers ce travail d’écriture d’appropriation, il va s’agir de « célébrer » les 2 personnages principaux du roman en fixant dans notre mémoire les traces de leur parcours et de notre lecture. Il va s’agir aussi de « célébrer » celles et ceux qui depuis des décennies tentent de traverser la mer Méditerranée pour trouver refuge en Europe et si souvent y disparaissent, engloutis à jamais.

Appel de l’association SOS Méditerranée (octobre 2023)

Cette commémoration engage la question des droits humains, donc les valeurs que l’École est censée transmettre, donc aussi notre future mission d’enseignant·es.

Rappel de la Déclaration des droits humains de 1948 :

Article premier : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 3Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

 Article 14 :  Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.

La question des lieux de mémoire est d’ailleurs plusieurs fois posée dans le roman de Laurent Gaudé, par exemple lors du passage de Salvatore Piracci au cimetière de Lampedusa :

« Il était face à un petit groupe de stèles dressées les unes contre les autres. C’étaient de petits monticules de terre, surmontés de croix en bois, plantées un peu de biais. Les croix ne portaient aucun nom – simplement une date. Le commandant connaissait l’histoire de ces tombes. C’étaient celles des premiers immigrants .(…) Mais au fil des mois, il en vint s’échouer encore davantage. Le cimetière devin trop petit, et les villageois se lassèrent. Devant le nombre, ils demandèrent à l’Etat de prendre en charge les cadavres, et plus aucune tombe anonyme ne fut creusée dans l’enceinte du cimetière. Où aillaient maintenant les corps échoués sur la plage ? »

Eldorado, pages 110-111

La question des lieux de mémoire est aussi soulevée par des artistes contemporains qui érigent des œuvres sanctuaires à la mémoire des migrants disparus : « Les anges inconscients », une sculpture grandeur nature de Timothy Schmalz inaugurée place Saint-Pierre en 2019, « Muséo Atlantico », près de 250 sculptures de James deCaires Taylor immergées au large des Canaries …

Et si nous essayions à notre tour d’ériger des « stèles » pour garder le souvenir de ces migrants ?

Et si nous tentions de collecter et fixer les traces de leur passage et de leur existence ?

Et si nous le faisions à notre manière et sur nos supports : numériques ?

Il va ainsi s’agir de recréer numériquement les traces des personnages en recréant leurs traces numériques. Ce travail doit permettre de faire voir la traçabilité qui est désormais notre destin dans nos existences numérisées, mais aussi de transformer les traces numériques en signes de vie et gestes de mémoire. Cela suppose de les choisir, fixer, penser, agencer pour leur donner forme et sens. Cela suppose de transformer la conservation, subie, en mémoire au travail. Cela nous invite aussi, en creux, à éditorialiser nos propres traces pour retrouver un peu de pouvoir d’agir.

D’où notre mission :

convertir les données (collectées, instrumentalisées)

en souvenirs (sélectionnés, designés, partagés),

subvertir le data center pour le transformer en mémorial.

 

MEMORABILIA NUMERIQUES

 

Memorabilia : objets collectés parce que connectés de façon intéressante à une personne ou un événement (Définition Dictionnaire de Cambridge)

Propositions de memorabilia numériques :

  • Trace Réseau social = trace  visuelle = selfie intérieur. Consigne : Produire une photo ou un dessin qui constituera un autoportrait symbolique du personnage à un moment précis du roman.
  • Trace Cellulaire = trace vocale = mémo-monologue. Consigne : au cours du voyage, le personnage a enregistré sur son smartphone un mémo audio où il livre ses sentiments, pensées, aspirations …
  • Trace Application de streaming = trace musicale = playlist de voyage. Consigne : proposer une série de morceaux de musique qui pourraient accompagner et jalonner le parcours du personnage
  • Trace Géolocalisation = trace spatiale = cartographie du voyage. Consigne : Sur une carte uMap, reconstituer le voyage du personnage à travers des marqueurs-étapes.
  • Trace boite mail = trace écrite = le dernier courriel. Consigne : Vous avez retrouvé sur la boite de messagerie du personnage un mail écrit par le héros à la fin de son parcours romanesque. Il livre ses sentiments et réflexions sur certains épisodes ou sur d’autres personnages rencontrés. Il éclaire les leçons qu’il tire de son voyage et le sens qu’il donne au mot « Eldorado »

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SUR L’ARDOISIÈRE

 

Images 2 et 3 réalisées avec plateforme d’Intelligence Artificielle Text to Image Craiyon

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