Pour rappel, on entend par limite Nord-Sud une ligne de frontières opposant du Nord au Sud des pays développés à ceux qui le sont moins. Traditionnellement, de l’Europe à l’Afrique subsaharienne, on trace cette limite le long de la Méditerranée pour opposer l’Europe à l’Afrique. Cela suppose des regroupements et différences statistiques qu’il convient de vérifier.

Démarche :

on « prend à témoin » 3 pays d’Europe, 3 pays d’Afrique du Nord et 4 pays d’Afrique subsaharienne pour former un bloc géographique compact et contigu.

A partir des données statistiques de la Banque Mondiale, on s’intéresse dans un premier temps à l’espérance de vie (durée moyenne d’une vie)

1) On obtient ici des données sur le Sénégal de 2000 à 2016. Sur la même page, on peut afficher des comparaisons en sélectionnant les pays étudiés (Mauritanie, Mali, Niger ; Maroc, Algérie, Tunisie ; Espagne, France, Italie)

2) Il faut ensuite ouvrir une feuille de calcul « Excel », remplir une colonne pays, une colonne pour l’année 2000 et une colonne pour l’année 2016. (Télécharger la feuille de données)

3) Se rendre par la suite sur l’outil de cartographie « Khartis »

a) Dans la rubrique « Sélectionner un fond de carte », cliquer sur « Monde », puis copier-coller les données de la feuille Excel dans le cadre indiqué.

Cliquer sur « suivant »

b) Cliquer une nouvelle fois sur suivant et ajuster le zoom de manière à cibler l’espace étudié (la France tout en haut, le Sénégal tout en bas)

c) Cliquer ensuite sur l’onglet « + » puis sur l’année 2000.

Choisir « Valeurs, surfaces », modifier la gamme de couleurs (du jaune au rouge)

d) En cliquant sur « seuils manuels », on va chercher à fabriquer sa propre légende en prenant en compte le graphique nommé « diagramme de fréquences »

L’observation attentive du diagramme nous présente plusieurs options :

• On peut établir 3 classes de légende en regroupant les valeurs contiguës
• On peut aussi choisir 4 classes en adoptant un principe de valeurs arrondies et d’intervalles réguliers : moins de 55 ans, de 55 à 65, de 65 à 75, + de  75 ans

On obtient ainsi une répartition qui s’affiche selon la gamme de couleurs choisie

On prend surtout conscience que la limite supérieure de 75 ans est artificielle. Il aurait été tout autant justifié de l’abaisser de quelques années pour faire basculer quelques pays dans le groupe des pays les plus développés.

A ce stade, on obtient le résultat cartographique suivant :

Il convient de le finaliser en passant à l’étape suivante (cliquer sur la flèche en bas de la page)

e) Titre, légende et publication

• On renseigne les rubriques suivantes

• On affiche le nom des pays dans la rubrique étiquette. On peut aussi choisir d’afficher les valeurs (le nom des pays pourra être ajouté manuellement)
• Dans « légende », « éditer », on apporte les précisions nécessaires pour comprendre la légende

Ainsi finalisée, la carte peut être téléchargée en format PNG

Analyse

Si la différence Nord Sud apparaît clairement, on ne peut pour autant parler d’une opposition Nord Sud permettant de tracer une limite entre deux zones géographiques. Il est ici davantage question d’un gradient qui s’étire de l’Europe aux pays d’Afrique subsaharienne en passant par le Maghreb.

Toutefois, ce gradient lui-même se retrouve contesté quand on observe les différences importantes au sein même de l’Afrique sahélienne. En 2000, il y avait autant d’écart entre le Sénégal et le Mali qu’entre le Sénégal et le Maroc.

Ceci nous amène à nous interroger sur la situation la plus récente à partir des données de 2016.

En conservant les mêmes valeurs pour les classes de légende (il a fallu modifier le seuil inférieur), nous arrivons au résultat suivant

D’emblée, on observe que si l’on devait s’obliger à tracer une limite Nord Sud, celle-ci passerait au sud du Maghreb et non au Nord. C’est ce que confirme par ailleurs le diagramme de fréquence

On constate également une hétérogénéité accrue au sein de l’Afrique sahélienne (pays répartis sur 3 classes de légende au lieu de 2)

On arrive ainsi à déconstruire à partir de ce critère 2 idées couramment répandues :

• une limite Nord Sud séparant l’Europe de l’Afrique,
• une Afrique subsaharienne au niveau de développement homogène.

Il n’est pas inintéressant de constater qu’en modifiant les seuils de valeur, on peut arriver à un résultat cartographique plus conforme aux perceptions traditionnelles.

Ceci démontre qu’une production cartographique procède d’une manipulation de chiffres qui, dans un souci d’objectivité, nous incite à remonter à la source statistique.

En la circonstance, sur les deux cartes publiées pour les mêmes chiffres de l’année 2016, c’est bien la 1ère qui semble la plus « honnête ».