Huile sur toile (3,25 m x 2,6 m)
Eugène DELACROIX (1798-1863)
Style : Romantisme
Conservée au Musée du Louvre, Paris

Le Romantisme : Mouvement artistique du 19ème siècle.
Les artistes romantiques montrent la réalité sans l’embellir. Ils s’inspirent de faits d’actualité.
Si ce tableau avait été classique, la Liberté regarderait devant elle, elle serait centrée dans le tableau, se trouverait sur un socle et le drapeau ne serait pas tronqué .Les artistes exercent une nouvelle liberté, celle de choisir leurs sujets et d’exprimer leurs sentiments. Les peintres romantiques livrent leurs états d’âme et veulent partager leurs émotions. La fonction principale de leur oeuvre est de stimuler notre imaginaire.
Delacroix privilégie la couleur au dessin, l’imagination au savoir, la spontanéité du geste sur la maîtrise.
Des peintres romantiques : Delacroix, Géricault
Des écrivains / poètes romantiques : Victor Hugo, Balzac, Flaubert, Baudelaire

Le contexte historique :

Charles X, défenseur de l’église et de la tradition monarchique règne depuis six ans lorsque le 26 juillet 1830, il censure la presse et réduit le droit de vote. Menée par les étudiants de Polytechniques, le peuple se révolte durant trois journées appelées 3 glorieuses. Charles X doit quitter la France.Mais c’est une révolution ratée : la monarchie ne cède pas à la République. La bourgeoisie d’affaires préfère confier le pouvoir au duc d’Orléans qui passe pour libéral et devient Louis-Philippe 1er, roi des Français.

L’allégorie de la liberté :

Une femme, poitrine dénudée, le fusil dans la main gauche et le dra-peau tricolore dans la main droite semble mener la révolte. Elle est coiffée du bonnet phrygien comme les révolutionnaires de 1789. Ce personnage est une allégorie (un symbole) de la liberté qui guide le peuple dans cette révolution.
Le peuple la suit et continue le combat malgré les morts.
Elle est sale, pleine de poussière, a du poil aux aisselles. Son drapeau n’est pas entièrement visibles. Ces détails ont choqué les gens à l’époque. Ce tableau est différent des tableaux de la Période Clas-sique qui représentaient la liberté comme une divinité grecque. Ici la Liberté est plus humaine, plus proche du peuple.Le tableau est très mal reçu par le public. La « liberté» est accablée d’injures : sale, dévergondée, débraillée, plus proche d’une poissarde que d’une déesse, bronzée par le soleil de juillet ou par la crasse, les seins { l’air, rouge de sueur. Elle est en sus jugée disgracieuse, peu féminine, avec une musculature proche de celle d’un homme.
Jusque là, il était d’usage de peindre des allégories idéalisées : belles, célestes, sereines. A la même époque, Bartoldi par exemple, avec sa « Statue de la liberté », respecte cette règle : il sculpte une liberté statique, couronnée d’un diadème, universelle, rationnelle et pacifique.
De plus, cette « Liberté » est entourée d’individus dangereux, armés, jeunes. Des détails sordides complètent le tableau : pieds sales, ongles noirs, poil pubien du cadavre au 1er plan.

Le drapeau tricolore :

Il est le symbole d’une répartition équitable du pouvoir entre le roi (blanc) et la nation. C’est aussi le symbole d’une nation réconciliée avec son histoire : celle de la révolution et de l’empire.
En plaçant le drapeau au centre du tableau, Delacroix semble glorifier le nouveau gouvernement.Avec La liberté guidant le peuple, Delacroix sert la propagande de Louis Philippe qui vient de rétablir le drapeau tricolore.Pourtant, un an après son achat, le tableau est censuré pendant 25 ans.
Le tableau ne plait à personne : ni à Louis-Philippe, ni aux partisans d’une République respectable. Il met en scène un peuple qui se libère lui-même, guidé par une idée et non par un chef. C’est un peuple qui représente une menace : on ne sait où il va, ce qu’il veut : les personnages déferlent hors du tableau dans une révolution perpétuelle, prête à tout renverser.

Les plans :
Premier plan : trois morts, au sol, pierres, bois, casques de combattants : illustration du slogan révolutionnaire : « la Liberté ou la mort »
Deuxième plan : les combattants, les armes à la main, la Liberté, c’est une fille du peuple, qui incarne la révolte et la victoire, le drapeau, symbole de lutte se déploie derrière elle. Elle entraîne les hommes vers la victoire.
Arrière-plan : le paysage, Notre-Dame, la fumée, le ciel, un enfant regarde la liberté