en passant Nos ancêtres…les Gaulois ?????

« Ce ne sont pas les ancêtres qui font une nation »
La reprise de ce mythe par Nicolas Sarkozy est « une manipulation et une méconnaissance de l’histoire », souligne l’archéologue et historien Jean-Paul Demoule.

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(Source : à partir de l’article du Nouvel Observateur sur « Sarkozy et nos ancêtres gaulois,  ce ne sont pas les ancêtres qui font une nation » publié le 21/09/16.)

« Nos ancêtres les Gaulois », le mythe remonte à la IIIe République mais il n’a  » aucun sens sur le plan historique » , explique l’archéologue et historien Jean-Paul Demoule.

L’histoire de France peut-elle être réduite aux Gaulois ?
Si ce n’était pas un ancien président de la République, ma réaction première serait de sourire. Mais c’est à la fois une manipulation et une méconnaissance de l’histoire.
La population française actuelle est le résultat d’un métissage permanent. Les plus anciens « français » sont les Homo erectus qui vivaient il y a 1,2 million d’années dans le sud de la France. Puis il y a eu les hommes de Neandertal auxquels se sont mélangés les hommes modernes arrivés en France il y a 40.000 ans. Nous avons tous en moyenne 4% de gênes néandertaliens. Après, les immigrants du Proche-Orient ont apporté l’agriculture et l’élevage il y a 8.000 ans. Et ça continue : les Grecs ont fondé Marseille en 600 avant notre ère, etcPuis, les Romains ont envahi la Gaule. Ils la décrivent d’ailleurs comme un territoire divisé en trois parties habitées de peuples qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres avec des langues, des institutions, des cultures différentes. Ces trois régions étaient elles-mêmes divisées en une soixantaine de petits Etats qui se faisaient la guerre. Il n’y avait pas de sentiment national. Parler des « Gaulois » est donc une généralité.
Viennent ensuite les Francs, les Wisigoth, les Lombards, les Bretons, les Vikings, les Arabes, les Juifs expulsés d’Espagne… Ce mélange permanent n’a jamais cessé. Réduire la France à « nos ancêtres les Gaulois » n’a aucun sens sur le plan historique.
Cette phrase « nos ancêtres les Gaulois » est pourtant tout droit sortie des manuels d’histoire de la IIIe République…
La IIIe République fonde l’école gratuite laïque et obligatoire, mais elle veut aussi fonder un sentiment national. Il faut souligner que la IIIe République nait de la défaite de Sedan face aux Allemands, en 1870. Et, auparavant, la royauté et l’aristocratie s’étaient revendiqué des Francs. Donc par opposition, la IIIe République va se revendiquer des Gaulois qui ont comme elle été vaincus.
Au 18 siècle, les élites françaises considéraient au contraire les Gaulois comme des sauvages et des barbares. Quand le musée du Louvre est construit, on y met des objets grecs et romains parce que ce sont les racines culturelles des élites françaises. On n’y met aucun objet gaulois.

S’en référer aux racines gauloises, c’est ce que vous appelez un mythe ?
Oui c’est un mythe. Les Gaulois ayant été vaincus, ils ont souvent été évoqués dans les périodes difficiles, comme par le régime de Vichy par exemple. C’est principalement l’extrême droite qui se réclame des Gaulois. Nicolas Sarkozy chasse sur ces terres, ça parait assez logique qu’il reprenne ce mythe. Le paradoxe, c’est que l’ancien président a lui-même des origines juives espagnoles.

Faire vivre ce mythe est-il dangereux ?
C’est toujours dangereux de comprendre de travers des faits historiques et de dire n’importe quoi. Ce ne sont pas les ancêtres qui font une nation, c’est le vivre ensemble. Comme le disait Ernest Renan : « La nation est un plébiscite de tous les jours. »
D’autant que la notion de nation est récente, elle ne date que de la révolution et du romantisme. Avant, il n’y avait que des rois régnant sur des sujets.

François Fillon veut revoir les programmes d’histoire, qui selon lui doivent enseigner le « récit national ». Une proposition qui s’inscrit dans la même logique ?
On a affaire au même type de discours. A chaque rentrée scolaire, il y a une offensive de la droite la plus à droite dans « Valeurs Actuelles » ou le « Figaro Histoire ». Avec une vision totalement réactionnaire et simpliste selon laquelle ce serait les grands hommes qui feraient la France et que ce ne serait plus enseigné. Propos recueillis par Estelle Grosso pour le Nouvel Observateur.

Une infographie de la revue slate qui rappelle le mode de société archaïque pratiqué par « nos ancêtres »  Gaulois.

http://m.slate.fr/story/123675/ancetres-les-gaulois-infographie

INFOGRAPHIE. Tout ce que vous ne saviez pas sur «nos ancêtres les Gaulois»

FranceHistoire |  Par Agathe Charnet

20.09.2016 – 17 h 37mis à jour le 20.09.2016 à 17 h 59

Est-ce que ça vaut vraiment la peine de se la péter et de se réclamer de mecs qui pratiquaient l’esclavagisme et les sacrifices humains?

Nos ancêtres les Gaulois, si chers à Nicolas Sakorzy, étaient animistes, pratiquaient la polygamie pour les plus aisés d’entre eux et contribuaient à une déforestation active des forêts celtiques.

C’est sûr qu’il est plus aisé, d’un point de vue politique, de conserver l’image d’Epinal d’un irréductible et vaillant moustachu, blond comme un viking, prêt à tout pour résister à l’envahisseur romain.

Mais, nous apprend Emile Thévenot dans Histoire des Gaulois (Que sais-je?, 1946), les Gaulois étaient plutôt du genre «moins bruns et plus grands que les Romains, moins blonds et moins grands que les Germains ». Quant à leur chauvinisme, s’ils menèrent en effet de nombreux combats contre les romains, il n’était pas commun à tous les Gaulois qui pratiquaient allégrement le commerce avec l’ennemi, contribuant ainsi à la romanisation.

Enfin, parler de «Gaulois» pour désigner les tribus qui vécurent dans ce qui est aujourd’hui la France a peu de sens. Le terme de «Gaulois» provient d’ailleurs du latin «Gallia», occurence qui désignait les peuples «romano-barbares» qui menaçaient les Romains en… Italie!  Les peuples gaulois se caractérisaient d’ailleurs par une forte diversité linguistique (latin, celte, germanique, langues d’oc, langues d’oïl, parlers francs…) et ethniques.

«Les Barbares», comme les surnommaient les Romains, sont donc bien différents de nos souvenirs d’écoliers. La «celtomanie», l’édification du mythe gaulois dans les manuels scolaires et l’imaginaire républicain date d’ailleurs du XIXème siècle, où les romantiques cherchent une inspiration ailleurs que dans les vestiges gréco-romains.

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