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Juste la fin du monde, scène 3

Texte 1

Suzanne, scène 3

Texte

Parfois, tu nous envoyais des lettres,

parfois tu nous envoies des lettres, ce ne sont pas des lettres, qu’est-ce que c’est ?

de petits mots, juste des petits mots, une ou deux phrases,

rien, comment est-ce qu’on dit ?

elliptiques.

« Parfois, tu nous envoyais des lettres elliptiques. »

Je pensais, lorsque tu es parti

(ce que j’ai pensé lorsque tu es parti),

lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie

(là que ça commence),

je pensais que ton métier, ce que tu faisais ou allais faire

dans la vie,

ce que tu souhaitais faire dans la vie,

je pensais que ton métier était d’écrire (serait d’écrire)

ou que, de toute façon

-et nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, tu

ne peux pas ne pas le savoir, une certaine forme d’admiration,

c’est le terme exact, une certaine forme d’admiration

pour toi à cause de ça -,

ou que, de toute façon,

si tu en avais la nécessité,

si tu en éprouvais la nécessité,

si tu en avais, soudain, l’obligation ou le désir, tu saurais

écrire,

te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer

plus encore.

Mais jamais, nous concernant, jamais tu ne te sers de cette possibilité, de ce don (on dit

comme ça, c’est une sorte de don, je crois, tu ris)

jamais, nous concernant, tu ne te sers de cette qualité

-c’est le mot et un drôle de mot puisqu’il s’agit de toi-

jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes, avec

nous, pour nous.

Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas

dignes.

C’est pour les autres.

Juste la fin du Monde, Jean-Luc Lagarce, Première partie, scène 3

 

 

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