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à partir d’articles de La Croix 

Climat, « l’humanité a le choix »

 

D’après les scientifiques, il est encore possible de limiter les dommages « irrémédiables » causés par le changement climatique, à condition d’entamer sans attendre des politiques climatiques volontaristes.

Au fil des rapports, le constat des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ne fait que se renforcer. Oui, le réchauffement climatique en cours, et son cortège de dérèglements, est « sans équivoque ». Et oui, les activités humaines sont en première ligne pour expliquer les changements observés depuis les années 1950.

« La preuve de l’influence humaine sur le climat a augmenté depuis le précédent rapport », peut-on lire dans le résumé du 5e rapport du Giec, rendu public dimanche 2 novembre à Copenhague après une semaine de travaux (et intégralement disponible en ligne)

e rapport de synthèse – dont les différentes parties ont été rendues publiques progressivement depuis mars dernier – a été élaboré par plus de 800 scientifiques, qui ont passé en revue plus de 30 000 études scientifiques publiées dans le monde ces dernières années.

« L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de glace et de neige ont diminué, le niveau des mers a augmenté et la concentration de CO 2 a augmenté pour atteindre un niveau inégalé depuis au moins 800 000 ans », précise ainsi le Giec.

4 DEGRÉS DE PLUS EN 2100

D’après le climatologue Hervé Le Treut, « le diagnostic initial, posé par les scientifiques dès 1979, ne fait donc que se confirmer ». À une exception près?: les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté plus rapidement qu’attendu, alors même que les signaux d’alarme émis par les scientifiques n’ont cessé de se multiplier.

« Dans les années 1950, 1 à 2 milliards de tonnes de CO 2 étaient émises chaque année en moyenne dans l’atmosphère, relève Hervé Le Treut. Nous en sommes aujourd’hui à 10 milliards de tonnes. »

Faute de corriger la tendance actuelle, le monde se dirigerait vers une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre supérieure à 4 degrés en 2100. Un monde peu enviable où se multiplieraient vagues de chaleur, épisodes d’intenses précipitations, submersions liées à l’augmentation du niveau des mers, insécurité alimentaire, et disparition massive d’espèces végétales et animales.

Pour laisser une chance de rester sous les 2 degrés d’ici à la fin du siècle – objectif adopté par la communauté internationale en 2009 –, les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites dans une proportion de 40 à 70 % en 2050 par rapport à 2010 et quasiment nulles en 2100.

AMBITIEUX MAIS PAS IMPOSSIBLE

Un objectif extrêmement ambitieux, qui implique de se détourner des énergies fossiles omniprésentes aujourd’hui dans le système mondial et de limiter drastiquement la déforestation. Ambitieux mais pas impossible, a insisté dimanche le président du Giec, Rajendra Kumar Pachauri. « La transition vers une économie bas-carbone est techniquement faisable », assure le communiqué du Giec.

De grands progrès peuvent être ainsi enregistrés en matière d’efficacité énergétique. « Utiliser moins d’énergie pour atteindre un objectif donné constitue un grand champ d’amélioration,assure Nicolas Bériot, le secrétaire général de l’observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc). Beaucoup de solutions sont à notre portée, par exemple mettre au point des moteurs plus sobres en carburant. »

> À lire?: Quels sont les freins à la lutte contre le changement climatique??

Les experts du Giec mettent aussi l’accent sur le développement des sources de production d’électricité décarbonées, comme le solaire, l’éolien et le nucléaire.

D’après le Giec, mettre en place des politiques volontaristes de baisse des émissions de gaz à effet de serre aurait même un impact limité sur la croissance. Selon le rapport, rester dans l’épure des 2 degrés ferait baisser de 0,06 point le taux annuel de la croissance mondiale, estimé entre 1,6 et 3 % au cours du XXIe  siècle.

« Il reste en la matière de grandes incertitudes et les estimations varient selon les modèles »,tempère Stéphane Hallegatte, économiste à la Banque mondiale et l’un des auteurs du rapport. L’une des principales incertitudes réside dans l’accessibilité de certaines technologies comme la capture et le stockage de CO2. L’autre incertitude vient de l’échéance à laquelle seront mises en place les politiques climatiques?: plus on attend et plus leur coût sera élevé.

UNE BONNE NOUVELLE…

Si la prudence est donc de mise sur les chiffres, les études récentes vont néanmoins toutes dans le même sens?: « Remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables?; construire des bâtiments sobres en énergie, créer des infrastructures de transports et des villes durables n’engendre qu’un faible surcoût par rapport à un scénario “businesse-as-usual” »,assure Stéphane Hallegatte.

Les risques entraînés par le changement climatique sont plus globaux, plus sévères et surtout plus irréversibles que les risques associés aux politiques climatiques. « Une fois que les particules de CO 2 sont émises dans l’atmosphère, il est très difficile de revenir en arrière », rappelle le chercheur. Et, surtout, « l’inaction coûtera beaucoup, beaucoup plus cher », a répété dimanche le président du Giec.

S’il insiste sur l’ampleur des dégâts irrémédiables encourus par la planète et ses habitants, le 5erapport du Giec recèle donc une bonne nouvelle. « Toute une gamme d’options est à notre disposition pour nous adapter, dans une certaine mesure, au changement climatique en cours, et surtout pour prévenir une partie des changements encore à venir, assure le vice-président du Giec, le climatologue Jean-Pascal van Ypersele. L’humanité a le choix. » À condition, toutefois, d’agir fort et dès maintenant.

EMMANUELLE RÉJU

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Quels sont les freins à la lutte contre le changement climatique??

Si les opinions publiques sont désormais acquises à l’idée du changement climatique, de nombreux facteurs, essentiellement d’ordre psychologique, expliquent une forme d’attentisme au sein de la population.

C’est sans controverse majeure qu’a été rendu public dimanche 2 novembre le rapport de synthèse du Giec, dont les résultats ont été livrés par étapes depuis mars 2014.

S’il reste un fond important de climatoscepticisme, essentiellement chez les personnes âgées, c’est surtout la lassitude qui semble gagner aujourd’hui des opinions publiques découragées par ces constats scientifiques alarmants qui ne sont guère suivis d’effets.

QUESTION DE TEMPÉRATURE

Pour Annamaria Lammel, anthropologue et spécialiste de psychologie environnementale, les opinions publiques sont désormais majoritairement acquises à l’idée que le changement climatique est bel et bien en cours. Plus on vit en contact avec la nature, et plus cette perception s’affine, selon les résultats d’une enquête réalisée auprès d’habitants de La Rochelle, de Grenoble et de Paris.

Ainsi, « les Parisiens ont une représentation binaire du changement climatique, qui se résume à une question de température, explique Annamaria Lammel. Les Rochelais et les Grenoblois ont, eux, une vision plus systémique des changements en cours, car ils y intègrent les effets sur le niveau des mers ou la fonte des glaciers. »

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SOLUTIONS SCIENTIFIQUES

De même, les Parisiens, peu exposés au risque, se montrent les plus flegmatiques. « Ils ont un haut niveau de confiance dans la capacité des sociétés à s’adapter au changement et dans celle des scientifiques à trouver des solutions », constate la chercheuse.

En Nouvelle-Calédonie, en Guyane, c’est ­l’anxiété qui l’emporte, face à des changements perçus dans leur globalité.

COMPLEXITÉ DU SYSTÈME CLIMATIQUE

Admettre le fait scientifique ne se traduit pas pour autant en actions. « Il est tout à fait naïf de penser que la connaissance scientifique motive à elle seule le passage à l’acte », assure le politologue François Gemenne, spécialiste des questions climatiques.

De nombreux freins aboutissent plutôt à une position attentiste. D’abord la complexité du système climatique, non réductible aux aléas de la météo sur le court terme. « Que se produise en France un été pourri, et les gens vont se mettre à douter de la réalité du changement climatique », note-t-il.

LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE DE NOS GRANDS-PARENTS

Les freins sont aussi, et surtout, d’ordre psychologique. L’expérience du changement climatique dépasse largement celle de l’expérience humaine. Ce sont en effet les émissions de gaz à effet de serre de nos grands-parents qui ont des conséquences aujourd’hui.

Et si nous réduisons nos émissions, ce ne pourra être qu’au bénéfice des générations futures.« Or, les individus ont le plus grand mal à se projeter au-delà de leur propre existence », relève Annamaria Lammel.

Une façon de penser caractéristique de l’individu, et qu’aucune institution n’est parvenue à corriger. « Il y a même une forme de désincitation à agir, ajoute François Gemenne, puisque, quoi que nous fassions, les effets du changement climatique sont fixés pour les cinquante prochaines années. »

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METTRE DE L’HUMAIN DANS LE DÉBAT SCIENTIFIQUE

À cette distance temporelle s’ajoute une grande distance entre acteurs et victimes du changement climatique. Car ce sont les pays les plus pauvres – qui ne sont responsables qu’à la marge des émissions produites – qui en subissent et en subiront les plus graves conséquences.

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Reste que « la majorité des gens se sentent impuissants en tant qu’individus », souligne encore Annamaria Lammel. Le découragement menace d’autant plus que les messages sont contradictoires. « Il y a, d’un côté, un message catastrophiste qui met l’accent sur l’ampleur des menaces, et de l’autre un message qui prône les petits gestes individuels et minimise le problème, observe François Gemenne. Cette conjonction crée de la confusion dans l’esprit du public. »

La solution?? « Mettre en scène le scénario qui identifie les obstacles à surmonter ensemble et la voie pour y arriver », prône-t-il. Bref, remettre de l’humain dans un débat qui s’est voulu jusque-là purement scientifique, en mobilisant des valeurs comme l’équité, la justice et la notion de solidarité de tous sur une planète unique.

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EMMANUELLE RÉJU

 

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): actualité, ARTICLE DE PRESSE, COURS TES, croissance et crises, économie de l'environnement, politiques économiques

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