Que gagne-t-on à échanger?

18 mars 2012 0 Par Caroline Sarroul

Que gagne-t-  on à échanger ?
1. gain : profit que l’on tire d’une entreprise, d’un travail, d’un commerce, d’une vente individu indéterminé 1. dans un échange a) échanger, c’est d’abord faire des échanges économiques (latin excambiare = troquer)

b) échanges de paroles, idées, …

2. gain : succès, victoire, réel avantage et bénéfice ( social, humain) collectif 2. dans le fait de faire des échanges  et de faire de l‘échange une activité, centrale de notre société.

Plan à éviter avec « que… » : plan catalogue ( I. ceci, II. Cela et enfin Ceci, même si en I, II, III  même si on ne parle pas des  mêmes échanges dans chaque partie)

Plan possible :

 I. (Si on peut penser qu’) on gagne à échanger ce qu’on gagne dans un échange et peut-être plus :

1. même si le principe de l’échange est celui du donnant/donnant présupposant une équivalence entre les biens échangés, si on accepte de céder un bien ou une  somme d’argent , c’est par intérêt  pour obtenir ce qu’on n’a pas ou pas assez et que l’autre a et en trop ( et idem de son côté). Donc dans un échange, on gagne ce dont on a besoin et qu’on ne pouvait obtenir seul. L’échange est le résultat de la division des talents ( Platon : « l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même et le besoin qu’il éprouve pour une foule de choses » , du travail et …

2. il est ce qui permet en même temps la vie sociale, car si chacun vivait en autarcie, nous vivrions côte à côte mais pas comme il semble « ensemble » (et sans la renaissance des besoins on n’aurait que des rapports très occasionnels). « s’il n’y avait pas d’échanges, il ne saurait y avoir de vie sociale et il n’y aurait pas davantage d’échange sans égalité, ni d’égalité sans commune mesure » selon Aristote, d’où l’abandon du troc pour la monnaie comme commune mesure faisant des biens et services des marchandises, les échanges économiques semblent créer des liens

3. les échanges favorisent la paix ( condition et effet du commerce selon Montesquieu) et même si chacun n’y cherche que son intérêt, cela favorise l’opulence de la société : théorie de la main invisible selon Adam Smith.

II. ( en réalité) le fait d’échanger n’est pas  un bénéfice pour l’individu et le collectif

1. lorsque l’échange devient le cœur de l’économie, il peut entraîner une perversion des valeurs : la valeur d’échange devient plus importante que la valeur d’usage, on ne voit plus nécessairement les choses pour ce qu’elles sont mais pour ce qu’elles valent sur le marché  ou en  argent ; on croit que ce qui vaut dans l’échange, vaut en soi, on peut se créer de faux besoins et croire que « je dépense donc je suis » selon Beigbeder dans 99 fr.

2. il peut aussi entraîner une perversion des hommes :

– « si l’esprit de commerce unit les nations, il n’unit pas de même les particuliers. Nous voyons que, dans les pays  où l’on n’est affecté que de l’esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales: les plus petites choses, celles que l’humanité demande, s’y font ou s’y donnent pour de l’argent. L’esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d’un côté au brigandage, et de l’autre à ces vertus morales qui font qu’on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité, et qu’on peut les négliger pour ceux des autres. » Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre XX, chap. 2

– échanger peut faire que politiquement on ferme les yeux sur les agissements de l’Etat qui est notre partenaire économique. On peut même penser que l’ordre économique commande l’ordre politique.

3. les échanges créent en réalité un faux-lien et une fausse paix car ils ne sont fondés que sur l’intérêt privé et souvent le profit: selon Durkheim dans De la division du travail social , « si l’intérêt rapproche les hommes ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur. Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l’opération terminée, chacun se retrouve et se reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact…si même on regarde au fond des choses, on verra que toute cette harmonie des intérêts recèle un conflit latent ou simplement ajourné. »

III. Quand échanger est-il vraiment un bénéfice ?

1. si l’échange économique reste une réponse aux besoins ( limités par nature) et à des désirs modérés dans un respect de la hiérarchie des ordres ( gouvernés par la politique, elle-même soumise à la morale et le tout à l’éthique selon Comte-Sponville dans Le capitalisme est-il moral?)

2. si l’argent ne reste qu’un intermédiaire ( un signe qui ne vaut pas en lui-même mais pour ce à quoi il renvoie, comme un mot) qui facilite la circulation des biens et favorise la vitalité du marché du travail ; on dévitalise l’échange en  faisant de l’argent une fin, un objet de spéculation.

3. si on considère d’autres échanges plus enrichissants pour l’homme : échange d’idées, de paroles, d’expériences, de sentiments. 

A. de Tocqueville De la démocratie en Amérique« Quoique le désir d’acquérir des biens de ce monde soit la passion dominante des Américains, il y a des moments de relâche où leur âme semble briser à tout à coup les liens matériels qui la retiennent et s’échapper impétueusement vers le ciel. »