Une micro-société à réinventer !

Me revoilà, pour vous parler… de l’égalité femme-homme.

Et oui, encore. En fait, depuis que j’ai publié mes deux premiers articles à ce sujet (ici et ), plein de gens m’envoient des liens, des articles, ou des initiatives… et je me suis dit que j’allais les partager avec vous ! Je commence donc cette nouvelle série avec un domaine très concret : l’aménagement de la cour de récréation.

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La cour de récré : un espace traditionnellement genré

Dans l’ensemble, on constate que les cours de récréation se ressemblent toutes : un terrain de sport au milieu (foot/basket/hand), et le reste est organisé autour. Edith Maruéjouls, géographe du genre, a lancé le débat dans une vidéo TedX intitulée « Est-ce important que les filles jouent au foot ? » Suite à cela, elle a travaillé sur la répartition des espaces dans la cour de récréation avec plusieurs écoles. Dans cette interview donnée au Nouvel Obs, elle rappelle l’inégalité du partage des espaces de loisirs (qui s’adressent essentiellement aux garçons) ainsi que leur inégale valeur :

« Les pratiques de loisirs des garçons sont survalorisées et sur-portées par les collectivités. Tout cela légitime la présence masculine dans l’espace public et a tendance à reléguer les filles à l’espace privé ou à l’espace scolaire. »

Elle point du doigt l’injustice de cette situation, et le fait que cela ancre, dès le plus jeune âge, des automatismes que l’on retrouve ensuite dans le monde professionnel :

« Ce sont malheureusement des mécanismes que l’on retrouve ensuite lors que l’on étudie le monde du travail (les divisions verticales et horizontales entre les métiers dits de femmes et ceux dits des hommes, les murs et les plafonds de verre entre les postes et les responsabilités), le monde de la citoyenneté (inégale valeur de la parole, inégale valeur de l’expertise, etc.), l’espace politique (inégale représentation), l’espace public (inégal partage, inégale présence, inégale légitimité) ou l’espace médiatique. »

Et si on faisait disparaître ces frontières ?

Heureusement, face à cette situation, des solutions existent ! Prenons par exemple Thomas Urdy, maire adjoint à l’urbanisme et à l’environnement de Trappes en Yvelines, qui a décidé de réaménager progressivement les cours des 36 écoles maternelles et élémentaires de la ville. Quand on voit le résultat, ça donne envie :

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(crédit photo : Thomas Urdy)

Un espace coloré, plus aéré, et plus inclusif, qui met aux oubliettes l’éternel îlot central dédié aux sports de « garçons ». Thomas Urdy espère ainsi faire reculer le sexisme et l’homophobie : «  On ne va pas supprimer les terrains de foot, parce qu’on ne va tout simplement pas genrer le football, les filles aussi y jouent. En revanche, nous ne le placerons pas au milieu de la cour, et mettrons ainsi un terme à la prédominance masculine au centre . » (pour lire l’article complet, c’est par ici)

Et si on n’a pas le budget peinture ?

C’est sûr que tout réaménager, ça fait rêver, mais ça prend du temps. Alors, que faire dans l’immédiat, et à moindre coût ? Dans cet article du HuffingtonPost, on vous dévoile deux pistes : Edith Maruéjouls, toujours elle, a élaboré deux tactiques avec les équipes enseignantes des écoles qu’elle a observées. La première idée consiste… à jouer au babyfoot !

« La symbolique de la maîtresse jouant à ce jeu nous plaisait et contrastait avec les idées reçues sur le genre. » Problème : les plus dominants avaient tendance à accaparer le jeu… Solution : « Nous avons mis en place des plannings très serrés mélangeant filles et garçons pour qu’à chaque récréation, tout le monde joue deux balles, maximum. Même si on gagne, on est obligé de céder sa place. Les règles sont affichées près des babyfoots. Et ça marche. »

Enfin, et voici la solution la plus low cost qui soit (donc plus d’excuses !) à l’école primaire du Peyrouat à Mont-de-Marsan, des récréations sans ballon sont organisées : tous les jeudis, d’autres jeux collectifs sont proposés par les enseignants. Suite à cette initiative, les enseignants ont constaté que la mixité revenaient dans les rangs, pour aller à la cantine par exemple.

Bon, je crois qu’on n’a plus trop d’excuses maintenant… on s’y met ?!

Une chronique de Cécile Thivolle-Gonnet

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