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Hitler, portrait de jeunesse

Le destin d’Adolf Hitler est pour le moins paradoxal. Né autrichien, il devint le maître de l’Allemagne; petit et brun, il exalta une prétendue «race supérieure» d’hommes grands et blonds; désireux de bâtir un «Reich de mille ans», il entraîna son pays, en cinq ans, dans un effondrement total.
Quatrième enfant d’un douanier, il est né le 20 avril 1889 à Braunau-am-Inn, petite ville de Haute-Autriche (à la frontière bavaroise) située alors dans l’empire austro-hongrois. Son père, Alois Hitler, est un fonctionnaire des douanes qui vit dans l’aisance. Il a épousé en troisièmes noces sa cousine, de 22 ans plus jeune que lui. Contrairement à ce que sa biographie officielle laisse entendre, Hitler jouit d’une enfance heureuse. Son seul souci est de pouvoir s’épanouir dans la peinture ou l’architecture, alors que son père veut le diriger vers la fonction publique.

Lors de sa scolarité à Linz, il ne manifeste que des aptitudes très moyennes. Il décide d’ailleurs d’abandonner ses études secondaires et il s’enfuit du domicile familial dès l’âge de seize ans en 1908 (son père est mort en 1903, sa mère en 1907) et gagne la capitale, Vienne ! Sur place, il entame alors une existence oisive, fréquentant les théâtres, découvrant la musique wagnérienne et consacrant de nombreuses heures à l’élaboration de projets architecturaux plus ou moins fantaisistes. Il éprouve une violente amertume en 1909 à l’occasion de son deuxième échec à l’examen d’entrée à l’École des Beaux-Arts de Vienne. Artiste raté, il dilapide dans la bohême la fortune laissée par son père et découvre très vite la misère et les refuges pour sans-abri.

Une fois l’héritage paternel épuisé, il vit, difficilement, d’une pension d’orphelin et du dessin de cartes postales et d’aquarelles. Il vivote en vendant dans la rue des dessins de Vienne. Clochard aigri, sans joie et sans relation féminine connue, il rumine sa haine de la bourgeoisie cosmopolite de Vienne, joyeuse et prospère. Ses loisirs se passent dans la lecture de quelques livres de vulgarisation qui exaltent la nation germanique… C’est durant ces années viennoises que l’antisémitisme en vient à occuper une place centrale dans sa vision du monde. Ecoutant les discours du chrétien-social Karl Lueger et du nationaliste pangermaniste Georg von Schönerer, lisant les pamphlets racistes d’Adolf Lanz, Hitler croit découvrir dans le judaïsme la source de tous les maux qui menaceraient la nation allemande et la «race aryenne».

Août 1914 va changer son destin comme celui du monde. Hitler, qui s’est établi à Munich deux ans plus tôt, s’engage comme volontaire dans l’armée bavaroise… Il est affecté au 16e régiment d’infanterie de réserve. Dans les tranchées, les différences sociales et les humiliations de la vie civile s’effacent. Ayant été blessé à deux reprises, il finit la guerre avec le grade de caporal, et est décoré de la croix de fer de première classe. Traumatisé par la défaite, il rejoint le dépôt de son régiment alors aux mains d’un conseil de soldats (novembre 1918). Comme beaucoup de soldats démobilisés et sans ressources, Hitler reste dans l’armée et finira par être employé comme «officier politique» pour infiltrer et dépister à Munich les trublions révolutionnaires, communistes, anarchistes… D’indic, il devient militant et s’engage lui-même dans un groupuscule nationaliste comme il en existe pléthore dans l’Allemagne déboussolée de l’après-guerre.

Hitler se fait remarquer par ses qualités d’orateur – sa voix magnétique et gutturale fascine l’assistance -, et s’impose à la présidence du parti en juillet 1921. A cette date, le NSDAP compte déjà plus de 3.000 militants, des troupes paramilitaires, les sections d’assaut (SA), et dispose d’un journal, le Völkischer Beobachter. Deux années plus tard, le NSDAP domine tous les autres groupuscules extrémistes, rassemblant 55.000 militants. Aux côtés du général Ludendorff, l’ancien caporal est devenu l’une des deux grandes figures de l’extrême droite munichoise, et sa réputation commence à s’étendre hors de Bavière.

Le 8 novembre 1923, alors que l’Allemagne connaît une situation économique et politique dramatique, Hitler tente un coup de force, mais le putsch, mal organisé, échoue lamentablement : seize nazis sont tués par la police munichoise, et Hitler lui-même est arrêté. Lors du procès qui s’ensuit, le chef du parti nazi n’en réussit pas moins à se présenter comme un patriote révolté par les agissements d’une république indigne, ce qui lui vaut la sympathie de toute l’Allemagne nationaliste. Le reste de l’Allemagne ne tardera pas à apprendre à le connaître…

Pour en savoir plus :

– article du site Herodote.net sur Les débuts cahotiques de Hitler *

– la biographie de Adolf HITLER sur le site MEMO *

– la biographie de Adolf HITLER sur le site SECONDE GUERRE MONDIALE

– Ian KERSHAW, Le Mythe Hitler, image et réalité sous le IIIe Reich. Traduit de l’anglais par Paul Chemla, Flammarion, 414 p. *

– Norman MAILER, Un château en forêt. Traduit de l’anglais par G.Meudal, Plon, 454 p. Dans ce roman, ce grand écrivain américain raconte l’enfance de Hitler à travers les yeux d’un SS, envoyé du diable. C’est sa manière d’expliquer pourquoi il ne croit pas à la banalité du mal. Voir son interview donnée au magazine L’Express

(*) Ces sources ont été utilisées, entre autres, pour la rédaction de cet article.[kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/186Qe9QTBzC9x2ve5" width="425" height="335" wmode="transparent" /]


7 commentaires

  1. Hitler, hitler… Mais je ne comprends pas pourquoi cet était aussi obsédé par la « race pure » ! Pour moi, c’est le plus cruel des hommes… Enfin, disons, l’und e splus cruels (je n’oublie pas Staline et d’autres…)

  2. On observe effectivement chez Hitler une obsession récurrente : celle de la pureté du sang germanique, de la grandeur historique d’une seule race, le tout motivé par sa haine féroce et jusqu’auboutiste des Juifs, uniques responsables, à ses yeux, de la situation catastrophique dans laquelle se trouve plongée l’Allemagne…

    Ce délire paranoïde et mégalomane est cependant cohérent, car il est organisé, structuré par la recherche obsédée d’un responsable ultime, d’un principe du mal expliquant les malheurs du temps, même si Hitler n’a jamais défini véritablement son idéologie de manière systématique et suivie. Car derrière une certaine obscurité conceptuelle et un style plus que douteux apparaît toujours une grande clarté du contenu et une grande cohérence. Hitler est peut-être fou. Mais un fou très intelligent…

  3. Quand l’idée des camps de concentration et des chambres à gaz a-t-elle « germé » ?

  4. L’allusion à l’extermination physique des juifs dans Mein Kampf fait encore l’objet d’un débat d’historiens. Pour une partie d’entre-eux, ce projet n’a pas été explicitement décrit dans ce livre, tandis que l’autre partie estime que l’antisémitisme qui s’y exprime est non seulement alarmant, mais s’appuie sur une terminologie significative. Le projet d’extermination totale des juifs a pu germer dans l’esprit d’Hitler et de ses séides assez tôt, mais il ne semble pas qu’il ait établi de plan précis ou de méthodologie pour passer à l’acte avant la guerre. Mais les déclarations d’Adolf Hitler sur les Juifs montrent qu’il nourrissait le projet de destruction physique des Juifs et que la guerre fut pour lui l’occasion d’annoncer cette destruction, puis d’en commenter la mise en œuvre…
    Les premiers camps nazis furent créés dès 1933, l’année de l’arrivée de Hitler au pouvoir, pour enfermer les Allemands opposés à Hitler : communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes… Les premiers furent Dachau et Oranienburg.
    Les premières expériences de gazage ont lieu, quant à elles, à Auschwitz au début de septembre 1941. C’est en novembre de la même année que sont installées les premières chambres à gaz à Belzec et à Chelmno. A peu près en même temps sont construits les camp d’Auschwitz II – Birkenau et de Maïdanek.

  5. J’ai lu un livre « La valise d’Hanna ». Est-ce que quand Hanna se fait gazer, Hitler était au pouvoir ? Si oui… c’est vraiment LE plus cruel des hommes ! Même Staline, à côté, paraît plus sympa…

  6. Une petite anecdote gaie dans ce triste article : Hitler bébé était vraiment moche ! On comprend pourquoi ilvoulait se venger sur les autres…

  7. Pour ne pas oublier tout le mal qu’a engendré le nazisme, des rescapés d’Auschwitz racontent dans les collèges et les lycées en France et en Allemagne ce qu’ils ont vécu. A voir : un documentaire de Daniel et Pascal Cling, il a été diffusé mercredi soir (23 janvier) sur ARTE, et repasse dans la nuit de samedi à dimanche (à enregistrer).
    Détails sur le site d’ARTE: http://www.arte.tv/fr/histoire-societe/les-mercredis-de-l-histoire/1898616.html

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