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Pourquoi cette offensive israélienne à Gaza ?

Vous êtes quelques uns à vous inquiéter de ce qui se passe en ce moment au Proche Orient, en Israël. Comme à chaque fois dans cette zone, la « crise » est complexe et périlleuse pour l’équilibre précaire des forces dans la région. La réponse à vos question est toute aussi délicate à formuler quand on veut rester objectif et ne tomber dans aucun esprit partisan. C’est pourquoi, m’efforçant d’être simple, je n’entrerai pas dans les détails.  Néanmoins, il m’est impossible de répondre à une telle question en 5 lignes. N’hésitez pas à lire cet article en plusieurs fois, mais surtout, ne vous contentez pas de la fin : sans contexte historique solide, la situation actuelle est difficile à comprendre.Que ceux qui veulent aller plus loin se reportent aux liens cités au bas de cet article. Leur contenu n’engage que leurs seuls rédacteurs…

1. Comment est né Israël ?
Deux mille ans de persécutions ont conduit les Juifs à revendiquer et à bâtir leur propre État. Ce sont les conquêtes assyriennes, babyloniennes, puis romaines qui ont amené les Juifs à quitter leur berceau historique, « Eretz Israël », et à s’exiler à travers le monde entre 70 avant J.-C. et 135 après J.-C. À la fin de l’Antiquité, les Juifs vivant en Terre sainte sont très minoritaires par rapport à ceux de la diaspora – ceux qui sont dispersés à travers le monde. Ces derniers entretiennent, au fil des siècles, le rêve d’un retour. Comme pour répondre à la souffrance imposée par des persécutions qui se multiplient à partir de 1880, le gouvernement britannique, en 1903, propose aux Juifs de leur donner une partie de l’Ouganda pour y créer un « foyer national juif ». Cette proposition a finalement été repoussée en 1905…En 1922, la SDN (Société des nations) accorde un mandat aux Britanniques pour faciliter l’immigration des Juifs en Palestine. Dés lors, les affrontements avec la population arabe seront de plus en plus nombreux et violents, notamment entre 1935 et 1939, période de la grande révolte arabe.
Puis vint la Shoah et ses six millions de morts en camps d’extermination. Ce sont les trois quarts des Juifs de l’Europe occupée par l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale qui furent alors exécutés, soit les deux tiers de la population juive européenne totale et environ 40 % des Juifs du monde – soit entre cinq et six millions de victimes. Son impact moral, culturel et religieux a été immense et universel. De fait, la question de la création d’un État juif en Palestine s’impose à l’opinion internationale. Submergée par l’arrivée d’immigrants survivants de la Shoah dans une Palestine secouée par des affrontements entre Juifs et Arabes, la Grande-Bretagne remet son mandat à la SDN. Cette dernière décide finalement de créer un État juif à partir de la Palestine : 55 % du territoire pour les Juifs, le reste pour les Arabes, et une zone internationale autour de Jérusalem. Le 14 mai 1948, Israël proclame son indépendance alors que les derniers Britanniques quittent le pays. Dés les premières heures, la Ligue arabe déclare la guerre au nouvel État.

2. Qu’est-ce que la bande de Gaza ?

Petit à petit, les contours de ce jeune État vont être redessinés. En 1949, il s’octroie 73 % de la Palestine mandataire (au lieu des 55 % prévus). La communauté internationale l’accepte sans vraiment réagir. Tout naturellement, les Arabes se sentent spoliés. Pour toute réponse, les Juifs – par la voix de leur Premier ministre, David Ben Gourion – clament haut et fort que c’est l’ensemble de la Palestine qui doit, à terme, leur revenir. Les conflits israéolo-arabes de 1967 (guerre des Six-Jours), 1973 (guerre du Kippour), 1982 (guerre du Liban), 1987 (première Intifada) et 2000 (seconde Intifada) trouvent leur source dans cette situation complexe.

À lissue de la guerre des Six jours (1967), la bande de Gaza – étroite bande de terre étroite située au sud-ouest de l’État d’Israël – fut occupée par Israël puisque, pour les Juifs, Gaza fait partie de la Terre d’Israël (Eretz Israel). C’est pour cela que vingt-et-une colonies juives y furent implantées.
Le poids démographique de la population palestinienne – 1,5 millions d’habitants dont une bonne part issue des populations expulsées d’Israël en 1947/48 – a, dès l’origine, posé un problème majeur aux dirigeants israéliens. Certains recommandaient depuis 1974 l’« abandon de Gaza ». Ce fut le gouvernement d’Ariel Sharon qui s’y résolut, l’administration directe s’avérant toujours plus difficile. De nombreuses recommandations internationales demandaient alors que ce retrait soit conduit par négociation avec l’Autorité palestinienne, en vain…  Sharon s’en tint à l’exécution unilatérale de sa décision d’évacuation. Le 17 août 2005, le gouvernement israélien ordonna à l’armée et à la police l’évacuation des colonies juives de la bande de Gaza. Et le 12 septembre 2005 les troupes israéliennes quittaient la bande de Gaza, après 38 ans d’occupation.

3. C’est quoi le Hamas ?
Le Hamas se présente lui-même comme un « mouvement de résistance palestinien ». Il ne reconnaît pas l’État d’Israël, et s’oppose sur ce point au Fatah et à l’Autorité palestinienne. Les attaques de sa branche armée visent indistinctement civils et militaires israéliens. Ce mouvement a créé un vaste réseau d’assistance sociale en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, et a remporté les élections législatives palestiniennes de 2006 et dirigé deux gouvernements successifs de l’Autorité palestinienne.
La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, a décidé de ne pas reconduire la trêve avec Israël le 19 décembre dernier. Le  4 novembre dernier, un raid israélien avait tué six de ses membres dans la bande de Gaza (contrôlée par le mouvement islamiste depuis le mois de juin 2007). C’est la raison pour laquelle les tirs de roquette dans le sud d’Israël, qui avaient plus ou moins cessé depuis quatre mois et demi, ont repris depuis. En représailles, l’Etat hébreu a renforcé son blocus sur la bande de Gaza, aggravant la situation humanitaire.

4. Pourquoi cette offensive a t’elle été déclenchée ?
Une escalade a été observée du 23 au 24 décembre 2008 lorsque plus de 70 engins ont été tirés en réplique à une attaque israélienne qui avait fait trois morts parmi les membres des Brigades Ezzedine al-Qassam. Or, la portée des roquettes, jusque-là limitée, a atteint ces derniers temps un rayon de 30 km, menaçant les populations dans les villes du sud d’Israël.

Jouant la retenue, l’Etat hébreu a fini par riposter, le plus violemment depuis la guerre des 6 jours en 1967. «Le gouvernement israélien a d’abord voulu afficher sa patience sur la scène internationale avant de contre-attaquer, en ayant eu le temps de préparer son offensive», souligne Frédéric Encel, professeur à Sciences-Po et à l’école supérieure de gestion de Paris.

5. Que cherche vraiment Israël ?
Le premier objectif est de faire cesser les tirs de roquettes. Mais le gouvernement d’Ehud Olmert cherche surtout à affaiblir politiquement et matériellement le Hamas en lui montrant que «frapper Israël peut lui coûter très cher». De fait, le mouvement islamiste a reconnu que ses installations avaient été lourdement touchées et qu’un grand nombre de ses combattants avaient péri ou avaient été blessés. Tsahal – l’armée israélienne – a notamment visé les tunnels qui ont permis au Hamas, selon Israël, de s’approvisionner en armes et munitions depuis l’Egypte pendant la trêve.

La mobilisation de milliers de réservistes et l’envoi de chars israéliens à la frontière présageaient de l’imminence d’une ou de plusieurs incursions terrestres, «éventuellement pour sécuriser les zones de tirs de roquette», selon Dominique Thomas. C’est chose faite depuis le 3 janvier. Mais la perspective d’une reprise du contrôle de la bande de Gaza, évacuée à l’été 2005, semble improbable selon plusieurs spécialistes. Cela coûterait beaucoup trop cher ! Alors, quel est l’objectif final ?

6. Quelles peuvent être les conséquences de cette offensive ?
En fait, comme l’explique Philippe Thureau-Dangin (éditorial du 08/01/09), la brutalité de l’attaque et son calendrier ne peuvent s’expliquer que par un calcul géopolitique de grande ampleur. D’abord, Israël a toujours su “jusqu’où aller trop loin” sans fâcher son allié américain. Dans six mois, lorsque le gouvernement Obama aura entamé des négociations avec Téhéran, l’attaque eût été impossible. Car son véritable motif, explique Al-Hayat, est de tendre un piège au véritable ennemi, l’Iran. Si Ahmadinejad et Khamenei décidaient de réagir, Israël aurait alors un prétexte pour mener un raid contre les installations nucléaires iraniennes. S’ils ne bougent pas, au moins le Hamas est-il affaibli, et le prestige de l’Iran durablement atteint dans le monde musulman radical. Mais cette stratégie habile a son angle aveugle. A savoir que déverser de nouvelles images de morts et de blessés dans une région déjà humiliée ne peut que susciter de nouvelles vocations, militantes ou terroristes. Al-Qaida peut se frotter les mains.

C’est ce qui explique pourquoi les capitales européennes cherchent à présenter des initiatives de cessez-le-feu. Elles sont bien conscientes que cette offensive contre Gaza ne fera que renforcer le Hamas au détriment des forces modérés en Palestine et plus généralement dans le monde arabe. Comme l’explique Abdelbari Atouan
dans Al-Quds Al-Arabi, les dirigeants européens commencent à deviner que la poursuite de cette guerre comporte des risques importants. Elle pourrait coûter cher à leurs propres citoyens : les attentats de Madrid en 2004 et de Londres en 2005 avaient été provoqués par l’occupation américaine de l’Irak.

Aujourd’hui, les images en provenance de Gaza auront probablement un impact aussi grand – pour ne pas dire plus – sur les islamistes en colère sur le continent européen et en Afrique du Nord. C’est là qu’on verra peut-être se réveiller les cellules dormantes d’Al-Qaida…[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x7xppy_la-guerre-sinstalle-gaza_news[/dailymotion]

Pour aller plus loin :

– les clés pour comprendre le conflit, par 20minutes.fr

– petite histoire de la bande de Gaza, par Wikipedia

– The Israeli attacks on Gaza, par le journal The guardian (en anglais)

– histoire de la création d’Israël, par Marion Krivine de l’Institut du patrimoine Ben Gourion

– l’éditorial de Philippe Thureau-Dangin, sur Courrier International

– dossier sur les 60 ans d’Israël, par les Clés de l’Actualité Juniors


5 commentaires

  1. Merci pour cet article qui nous « éclaire » un petit peu… Mais tout cela reste tout de même bien compliqué ! En espérant que tout cela cesse bientôt… Mais qui nous écoute ????

  2. Je viens d’apprendre qu’un cessez-le-feu a été déclaré ce soir ! Mais alors, pourquoi des roquettes sont-elles encore tirées ? Je ne comprends pas… Pourquoi tirer pendant un cessez-le-feu ?!

  3. C’est vrai, Floriane, après vingt-deux jours de conflit, Israéliens et palestiniens sont parvenus ce dimanche à un cessez-le-feu. En fait, aucun combat ni bombardement n’a eu lieu ce dimanche, hormis des accrochages tôt dans la matinée, après des tirs de roquettes palestiniennes. Au total une vingtaine ont été tirées par le Hamas, et deux Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne.Ces dernières « escarmouches » s’expliquent par le temps qu’il faut pour que chaque combattant obéisse. C’est aussi une manière de gagner du temps et du territoire avant que ne commence les pourparlers de paix. C’est un vieux classique de la diplomatie !

  4. Merci pour la réponse ! Le monde est bizarre tout de même…

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