De ma fenêtre, je vois le monde, qui évolue au cour de la journée. Les arbres feuillus deviennent plus verts de jour en jour, comme les plantes sur le balcon. Au moins 50 coureurs par jour passent dans ma rue, la bonne excuse pour sortir. Le soir, j’observe les gens qui sortent à leur fenêtre pour applaudir, comme un rituel maintenant. A 20 heures, je contemple le soleil, cette boule de feu, descendre, lentement, derrière les immeubles. Quand je suis sur la chaise longue, je lève les yeux, alors, je découvre une étendue de ciel bleu, sans nuages, comme une toile monochrome.

De ma fenêtre, j’entends les sons du monde, la multitude de sons que peut produire une ville presque silencieuse. Le matin, le chant des mésanges charbonnières qui gazouillent sur mon toit me réveille, c’est comme une impression de forêt. A mon balcon, quelques voitures passent. Dans la rue, je perçois l’aboiement des chiens que les maîtres sortent pour se dégourdir. Le soir, comme à chaque fois, les applaudissements, les klaxons des voitures et des scooters, les casseroles frappées et les cris vont crescendo.

De ma fenêtre, je sens les odeurs de la ville. Le matin, l’odeur de l’air plus pur emplit mes poumons. Le printemps qui se réveille et ses odeurs fraîches. L’odeur de la ville qui change. Le bonheur et à la fois la peur flottent dans l’air… Le dur labeur que le personnel de santé endure chaque jour se fait sentir. Et la terre, indifférente à cette épidémie.

Milo Michel-Amadry 3e4