Le temps qui court, une pensée…

Il était une fois une jeune fille dont la mère est gravement malade. Elle ne comprend pas ses « derniers » mots et n’ose pas lui demander encore une fois de répéter. Sarah voit sa mère mourir. Les mots qu’elle retient de cette dernière phrase sont : « Tant que tu penseras à moi tout le temps, sans jamais m’oublier plus de cinq minutes, je ne mourrai pas tout à fait. » Elle va donc se munir d’une montre avec laquelle jamais elle n’oubliera de penser à sa mère : si elle oublie, sa montre sonnera ! Plus tard, son père reprend goût à la vie, il se met avec une dame. Sarah et lui vont vivre chez elle, mais aussi avec ses 2 filles. Une vie cruelle commence pour Sarah…

Cendrillon (Babel)

Cendrillon, de Joël Pommerat (source : https://booknode.com/cendrillon_01017053/covers)

Joël Pommerat a revisité le conte de Cendrillon avec une touche de modernité, il conserve des éléments du conte original tant dans l’écriture que dans la forme et en modifie d’autres (je vous laisse découvrir lesquels). Pommerat crée à partir de cette modernité le nœud du destin de la jeune fille qui se fait offrir par son père une grosse montre équipée d’une sonnerie comme un réveil pour contrôler le temps et ne pas oublier de penser à sa mère. 

Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est qu’en lisant cette pièce j’avais l’impression d’être dans l’histoire, que ça se passait devant moi, j’étais adsorbée par cette réécriture ! L’auteur ajoute aussi une touche comique malgré la « cruauté » présente ici. Par exemple, le vocabulaire familier employé par les personnages peut rendre cette réécriture moins cruelle. J’ai ressenti beaucoup d’émotions en lisant cette pièce. Le dégoût, à cause de la manière dont sa belle-famille « traite » Sarah, oui il y a toujours cette affreuse belle-mère. Je trouve cela très stéréotypé mais la belle-mère reste la même que dans le conte (une femme odieuse, très hautaine envers sa belle-fille). Mais cette fameuse belle-mère est-elle totalement mauvaise ? Pour les belles-sœurs je les ai trouvé moins odieuses malgré le surnom qu’elles donnent à la jeune femme, « Cendrier »… C’est grâce au Prince que Sarah s’appellera Cendrillon. C’est une pièce où la cruauté est très présente (mort de la mère dès le début par exemple). Pour sa belle-famille Sarah est vue telle une « bête », ne faisant pas partie de la famille. Plus je lisais cette pièce, plus j’étais surprise. Par le fait que Cendrillon aide le Prince car il pense que sa mère va rentrer après des années d’absence, on peut percevoir un effet miroir entre ces personnages : ils ont perdu leur mère, ils en souffrent (car perdre une personne que l’on aime est l’étape la plus difficile à vivre). Cette jeune fille va aider à surmonter les problèmes du prince en les évoquant et en lui faisant prendre conscience de la situation. Dans cette pièce l’importance de la mort mais aussi de l’amour, le fait que tout ne soit pas rose ou noir, crée le réel. En effet la vie n’est pas toujours belle. Nous avons tous au moins une fois dans notre vie eu une étape à surmonter… C’est ce qui m’a le plus plu dans cette pièce. Malgré la perte de sa mère Sarah surmonte ses problèmes. Bien que sa vie ne soit pas rose, elle arrive à aider les autres, elle arrive à surpasser ce qu’elle vit, ce que je trouve essentiel dans une vie !           

 cendrillon-pommerat1

Représentation au TNP (Villeurbanne) du 13 au 22 mars 2014.

Source : https://musid.fr/

 

« Les mots sont très utiles, mais ils peuvent être aussi très dangereux.

Surtout si on les comprend de travers »

Je vous conseille de lire cette pièce qui se lit rapidement (on ne voit pas le temps passer). Bien qu’il y ait toujours cette magie du conte original, elle est plus réaliste, et les épreuves que vit Sarah ne peuvent que vous toucher.

Pommerat, Joël. Cendrillon. Actes Sud, 01-06-2013. 162 p.

DUCHATEAU Camille 1èreL

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