Une dure emprise

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Le Consentement est un roman de Vanessa Springora, élu Grand prix des lectrices Elles 2020 dans la catégorie Document et Prix Jean Jacques Rousseau la même année. J’ai découvert ce livre grâce au Prix littéraire Carnot 2023. Le Consentement m’a plu et tout d’abord attirée par son titre annonçant immédiatement le thème principal de l’œuvre.

Le Consentement nous conte l’emprise malsaine qu’a eu un auteur pédophile, un certain G…  (qui n’est autre que Gabiel Matzneff) sur l’autrice dans sa jeunesse ainsi que les répercussions de cette « relation » sur sa vie adulte. Ce récit est une vengeance car Vanessa Springora fige l’image de ce pédophile tout comme lui a figé la sienne dans ses romans. En effet Springora nous explique que Matzneff a écrit plusieurs ouvrages donnant avec précision des détails sur toutes ses relations, notamment sexuelles, avec des mineurs. N’est-ce pas là la véritable illustration de « l’arroseur arrosé » ? Dans son récit Springora remet en question le contexte transigeant de l’époque et la vie précocement adulte qu’elle menée avec sa mère.

Un récit poignant

J’ai énormément apprécié la lecture de cette œuvre dont l’intrigue m’a paru très « simple » à cerner : un pédophile manipulateur qui joue de son charisme sur une adolescente – elle n’a que 14 ans – orpheline de son repère paternel. Mais la simplicité à comprendre l’intrigue n’en fait pas pour autant un livre facile à lire : les personnalités, les relations et les comportements des personnages sont très difficiles à comprendre et la description de ces horreurs vécues par la petite Vanessa font de ce livre un récit très difficile à lire sur le plan émotionnel ; cela peut heurter facilement la sensibilité de certaines personnes fragiles. Personnellement ce récit ne m’a pas choqué le moins du monde, il m’a plutôt ouvert les yeux sur ce que fait réellement un pédophile : la plupart du temps il use de ruse et de manipulation et non pas de violence comme je le pensais.

Le récit de la jeunesse de Vanessa nous donne l’impression de revenir avec elle dans un passé difficile et traumatisant. De plus, elle porte sur son enfance un regard d’adulte ainsi que des réflexions plus mûres. 

L’autobiographie d’une jeunesse volée

Vanessa Springora Source : http://despatin.gobeli.free.fr/ chaine2/031-vanessa.springora.html

Cette œuvre est donc une autobiographie de l’enfance et de l’adolescence de Vanessa Springora. Elle comprend bien, désormais adulte, qu’elle s’est éprise d’admiration pour un homme plus âgé, elle qui a été abandonnée par son père. De plus cet homme dont elle tombe amoureuse est un célèbre écrivain, ce qui ne peut qu’augmenter son admiration. Le Consentement pose question. En effet les définitions de consentement , viol et de victime sont-elles tout à fait exactes ? En effet le consentement est défini comme un acquiescement donné à un projet ; décision de ne pas s’y opposer : mais, comment une adolescente de quatorze ans peut-elle faire face à un homme de plus de quarante ans dont elle est amoureuse. Là encore revient la notion de manipulation, Matzneff lui « monte la tête ». Pour ce qui est du viol, il est défini comme l’acte par lequel une personne en force une autre à avoir des relations sexuelles avec elle, par violence. Mais encore une fois, Matzneff utilise la manipulation pour tromper la jeune fille. Enfin pour le mot « victime », voilà une définition concrète : « personne qui subit les injustices de quelqu’un, ou qui souffre ». Mais Springora est tout de même une victime, victime d’un manipulateur pédophile, mais elle ne s’en est rendue compte que trop tard !

Ce livre nous fait réfléchir en opposant des réflexions d’une enfant à celles d’une adulte. De plus, il décrit à la perfection, selon-moi, les étapes de reconstruction par lesquelles les enfants victimes d’atteintes sexuelles passent et les émotions qui les assaillent : l’angoisse, la honte, la haine, la peur… Cette œuvre permet à Springora de questionner son entourage est plus particulièrement les circonstances de son histoire, revenant sur une époque qui fermait les yeux sur certains faites de pédophilie. Sa mère est également fautive, elle qui ne se rendit pas compte de la manipulation que vivait sa fille.

Pour toutes ces raisons j’attribue cinq étoiles à ce roman, véritable coup de cœur, qui nous fait part d’une jeunesse difficile et d’une reconstruction qui l’est tout autant !

Bonne lecture à vous !!!

Springora, Vanessa. Le consentement. Librairie Générale Française, 01/2021. 210 p. Le Livre de poche, 35992. ISBN 978-2-253-10156-7

Clélya RINGOT, 1ère2

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