Qu’est-ce que la taxe rose?
Par Victoire Treillou
A travers les rayons des grands magasins, vous avez peut-être remarqué que les prix des cadeaux pour femmes sont parfois bien plus élevés que ceux pour hommes. Cette stratégie marketing, appelée la taxe rose (ou “pink tax”) en anglais, consiste à faire payer les consommateurs plus chers pour les mêmes produits sous prétexte qu’ils sont roses le plus souvent (couleur attribuée souvent au genre féminin comme nous avons pu le voir en sociologie !).
Marion Vaquero, fondatrice de “Pépite sexiste”, une association qui met en lumière les stéréotypes et le sexisme dans le marketing, définit elle-même la taxe rose comme “une différence de prix qui s’applique à des produits qui ciblent les femmes ou les filles et comme ces produits sont souvent rose on les appelle « taxe rose ». On nous envoie beaucoup d’exemples, peu importe les industries, que ce soit les jouets, mais aussi les produits de beauté…”
L’un des rayons des supermarchés dans lequel cette stratégie est la plus flagrante est le rayon jouet. En effet, on observe des différences de prix importantes entre une peluche rose et une peluche bleue, blanche… Certains consommateurs se sont donc penchés sur le sujet, interloqués par ces écarts non-négligeables. Marion Vaquero et d’autres activistes engagés, accompagnés par des distributeurs, des fabricants et des annonceurs ont ainsi contribué à rédiger une “Charte pour une représentation mixte des jouets” en 2019.
Cette charte a été un grand pas en avant dans la reconnaissance de l’existence de cette taxe rose, car le gouvernement français a conclu à la suite d’une enquête en 2015 que “le phénomène n’est pas avéré”, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être prouvé donc on ne peut pas sanctionner les fabricants ou distributeurs. La France est par ailleurs en retard dans ce domaine par rapport aux autres pays, car la taxe rose est apparue dans les années 1990 en Californie, aux Etats-Unis, et des lois vont être prises rapidement pour contrer ce marketing “ultra-genré”.
Mais au-delà du coût supplémentaire pour les jouets roses, l’association Pépite sexiste alerte sur le fait que perpétuer les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge, “ c’est apprendre aux enfants qu’il y a certaines compétences qui sont destinées aux femmes et d’autres qui sont destinées aux hommes.” et cela ne les incite pas à jouer ensemble.
Cette taxe est également très présente dans les rayons de produits de beauté, impactant le prix des rasoirs, des shampoings, des déodorants… tout est fait pour faire payer plus cher le consommateur. Même si certains changements sont apparents comme dans les catalogues de jouets, la taxe rose reste un véritable phénomène de société qu’on ne peut négliger et qui est devenu pour le marketing un véritable terrain de jeu.
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