Amour, cristallisation ou hormones

10 mai 2009 0 Par caroline-sarroul

 

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 « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections » écrivait Stendhal dans  De l’amour (1822).

 La cristallisation se vit à distance de l’objet aimé ; la distance  est la garante même de l’amour, l’espace vital du signe qui permet ce dernier. Si le signe est la marque de l’impossibilité de se rejoindre dans la réalité, le lien fusionnel qu’est la relation charnelle, va, lui, en supprimant la distance qui  séparait jusqu’alors, abolir l’espace de jeu des signes qui pouvaient s’échanger et  plonger dans une relation dont il n’y a alors plus rien à dire.   La suppression de la distance dans la proximité du quotidien,  équivaut proprement, dans l’esprit de Stendhal, à la mort des signes et donc à l’opposé même de l’amour… Décristallisation!!

Une autre explication moins « glamour » si on adhère à une approche matérialiste, celle de Lucy Vincent, neurobiologiste au CNRS dans Petits arrangements avec l’amour :  » l’amour programmé dure environ 3 ans: un phénomène physique qui ne doit rien à la volonté ou aux qualités des partenaires, mais tout à la physico-chimie des hormones, de leurs récepteurs et du génome humain » . Cet amour programmé, c’est l’amour fou aveugle et aveuglé, que l’on appelait romantiquement la passion. Mais pour cette neurobiologiste, ce n’est qu’affaire d’ocytocine et de vasopressine, deux hormones archaïques et d’aires du cerveau mise en repos, celles qui d’ordinaire font qu’on s’attache aux défauts, qu’on juge sans bienveillance ni charité. Dans cette phase, le cerveau ne voit pas de l’être aimé ce que nous voyons,et comme nous voyons à travers le cerveau, on ne voit pas ce qui crèvera les yeux plus tard.

Son dernier livre vient de paraître: