Aie confiance!

22 octobre 2011 0 Par Caroline Sarroul

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Un contrat de confiance est une contradiction en soi, car d’un côté  la confiance rend tout  contrat superflu et zelé et d’un autre côté ,  un contrat part du principe que la confiance n’est pas là.

 

 

Petite histoire juive : un père demande à son fils de sauter par la fenêtre. Devant l’hésitation de son rejeton, il lance?: «?Tu n’as pas confiance en ton propre père???» L’enfant se décide alors à sauter et le père ne le rattrape pas. Remontrances paternelles?: «?Tu ne dois avoir confiance en personne, même pas en ton propre père?!?»

                                             

« On peut promettre des actes, mais non des sentiments ; car ceux-ci sont involontaires. Qui promet à l’autre de l’aimer toujours ou de le haïr toujours ou de lui être toujours fidèle promet quelque chose qui n’est pas en son pouvoir ; ce qu’il peut pourtant promettre, ce sont de ces actes qui sont d’ordinaire, sans doute, des suites de l’amour, de la haine, de la fidélité, mais peuvent aussi bien découler d’autres motifs : car les motifs et les voies sont multiples qui mènent à un même acte. La promesse de toujours aimer quelqu’un signifie donc : aussi longtemps que je t’aimerai, je te le témoignerai par des actes d’amour ; si je ne t’aime plus, tu n’en continueras pas moins à être de ma part l’objet des mêmes actes, quoique pour d’autres motifs : de sorte qu’il persistera dans la tête de nos semblables l’illusion que l’amour demeure inchangé et pareil à lui-même. – On promet donc la continuité des apparences de l’amour lorsque, sans s’aveugler soi-même, on jure à quelqu’un un éternel amour. »  NIETZSCHE, Humain, trop humain, § 58

MAIS faire confiance, c’est parier avec une certaine imprudence et avec un certain courage face à l’incertitude nécessaire de l’impondérable, du contingent et risquer d’être trahi, déçu. Et s’il  n’y a pas de garantie dans la confiance,  dire toujours non, c’est vivre dans le blocage, l’angoisse, la peur et  être prisonnier  d’un doute permanent, circulaire et d’une défiance… De même la confiance en  l’autre peut être ce qui lui permet de grandir et de se dépasser, d’accéder à la vertu.

 

    « Je puis vouloir une éclipse, ou simplement un beau soleil qui sèche le grain, au lieu de cette tempête grondeuse et pleureuse ; je puis, à force de vouloir, espérer et croire enfin que les choses iront comme je veux ; mais elles vont leur train. D’où je vois bien que ma prière est d’un nigaud. Mais quand il s’agit de mes frères les hommes, ou de mes sœurs les femmes, tout change. Ce que je crois finit souvent par être vrai. Si je me crois haï, je serai haï ; pour l’amour, de même. Si je crois que l’enfant que j’instruis est incapable d’apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours le rendra stupide ; au contraire, ma confiance et mon attente est comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme. Je prête, dites-vous, à la femme que j’aime, des vertus qu’elle n’a point ; mais si elle sait que je crois en elle, elles les aura. Plus ou moins ; mais il faut essayer ; il faut croire. Le peuple, méprisé, est bientôt méprisable ; estimez-le, il s’élèvera. La défiance a fait plus d’un voleur ; une demi-confiance est comme une injure ; mais si je savais la donner toute, qui donc me tromperait ? Il faut donner d’abord. »                                       ALAIN

 


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