l'inconscient

25 juillet 2008 Non Par caroline-sarroul

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                   FREUD, père de la notion d’inconscient, comme partie permanente du psychisme, jusqu’à lui, on ne parlait que d’état d’inconscience, comme défaillance de la conscience, occupant tout le psychisme (esprit)

 Le contenu de l’inconscient

L’inconscient se distingue de la conscience et du pré-conscient , et est constitué en partie par du refoulé.
Le refoulé est le résultat du refoulement, c’est-à-dire l’opération par laquelle « je » cherche inconsciemment à maintenir inconscientes certaines pulsions qui si elles passaient à la conscience serait source de déplaisir et de souffrance. Dc le refoulement a lieu pour éviter le déplaisir .
Car ce déplaisir s’oppose à la logique de l’inconscient qui est que toute pulsion doit parvenir à satisfaction et qu’il faut absolument éviter le déplaisir. C’est le principe de plaisir. A ce principe s’oppose le principe de réalité qui apparaît avec la conscience. La réalité, c’est qu’il y a des limites à la satisfaction de nos pulsions : limites naturelles , sociales, morales.
Lorsqu’il ya conflit entre ces 2 principes, il y a déplaisir et si ce déplaisir est plus grand que le plaisir que pourrait apporter la satisfaction de la pulsion, cette pulsion est renvoyée dans l’inconscient, refoulée.

la seconde Topique (1923):

Ici, Freud va préciser cela en disant que le psychisme est constitué de 3 parties ou instances, 2 parties inconscientes ( le ça et le surmoi ) et une partie consciente le Moi :

– le ça, c’est le fond du psychisme,il est constitué d’une partie héréditaires et innées (pulsions naturelles) et d’une partie acquise ( pulsions refoulées) . Dans sa partie innée, c’est « le réservoir de la libido » qui est l’énergie motrice des pulsions de vie ( et de mort) dont la pulsion sexuelle.
– Le surmoi, c’est au départ une partie du moi qui représente l’influence parentale. Les ordres et défenses des parents sont intériorisés par l’enfant sous la forme d’un système d’obligations et d’interdits, d’une première conscience morale (mais inconsciente !) qui va ensuite prendre en compte les interdits sociaux, la société et ses représentants prenant la place des parents et représentant l’idéal du moi , auquel doit correspondre inconsciemment le moi pour qu’il ya ait satisfaction personnelle, amour de soi. C’est le surmoi qui refoule les pulsions en les censurant et en les empéchant de passer la barrière de la conscience.
– Le moi, c’est ce dont j’ai conscience de moi-même, c’est un compromis entre les pulsions du ça et les exigences du surmoi .

On voit bien la forte présence de l’inconscient et les limites de la conscience. Et le but de la psychanalyse est d’augmenter la part consciente pour réduire la part inconsciente et cela est nécessaire quand le refoulé cherche par des moyens détournés, source de mal-être, à tromper la censure du Surmoi et à obtenir satisfaction. Ces moyens sont ce qu’on appelle les rejetons de l’inconscients. Ce sont des manifestations de l’inconscient.

Ces manifestations sont soit le rêve et les actes manqués (oubli de nom, d’objet, lapsus), soit des manifestations pathologiques comme les névroses. Les névroses sont des formes d’affections mentales comme la névrose obsessionnelle, l’hystérie ou névroses d’angoisse ou phobiques. Elles se caractérisent par des troubles communs : malaise, agressivité, implulsions suicidaires, … . Ces névroses sont l’expression de conflits entre le ça et le surmoi , et une manière d’exprimer à l’âge adulte un moment de l’histoire infantile et une manière pour l’inconscient de satisfaire des pulsions en échappant en partie à la censure du surmoi. C’est une satisfaction déguisée, de substitution d’où la difficulté d’en repérer la cause, et d’en sortir : car si le névrosé est mal consciemment, son inconscient lui est satisfait. Donc il veut guérir mais son inconscient ne le veut pas. D’où le rôle de la psychanalyse et du psychanalyste.

La psychanalyse pose donc un fonctionnement inconscient qui nous échappe et que nous subissons, elle pose aussi une nécessité dans le fonctionnement du psychisme ( c’est d’ailleurs le principe de la « libre » association d’idée, au cours des séances. Le psychanalyste invite le patient soit à raconter rêves et symptômes, soit à parler librement, de ce dont il a envie, puis d’associer des idées sur ce thème.

Cette liberté n’est qu’apparente et illusoire, car ce n’est pas par hasard que nous associons telle idée à telle idée, c’est par un lien inconscient. Un lien que le psychanalyste entrevoit et dont le patient prend conscience peu à peu en le disant.

Le but de la psychanalyse est de faire passer à la conscience ce qui est inconscient, de récupérer une mémoire ( se remémorer pour cesser de commémorer! ) et par cette conscience du passé, gagner une maîtrise dans le présent (actions) et vis-à-vis de l’avenir ( projets), de recouvrer liberté et responsabilité!

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Histoire de la psychanalyse: le cas Anna.O

Anna O. (1856-1936) est le premier cas d’hystérie exposé en 1895 dans les Études sur l’hystérie de Sigmund Freud et Joseph Breuer. L’histoire de cette cure depuis le récit de Freud et Breuer, celui d’Ernest Jones, puis ceux de Albrecht Hirschmüller et d’Henri F. Ellenberger a donné lieu à multiples interprétations ou polémiques.

Freud n’a pas lui-même suivi cette patiente ; elle fut de 1880 à 1882 une patiente de Breuer, qui pratiqua sur elle l’hypnose, technique utilisée couramment par les neurologues au XIXème siècle. Celui-ci conta sa guérison et ses séances à son collègue et ami Freud, qui conceptualisait alors ce qui deviendrait la psychanalyse. Anna O. qualifia ces séances de « ramonage de cheminée ». Elle inventa le terme « talking cure », cure par la parole, pour expliquer les vertus cathartique de la parole, même sous hypnose. Ces mêmes vertus sont celles exploitées par la psychanalyse, mais dans une parole « libre » et éveillée, même si l’effet est moins rapide que sous hypnose, où, dans un état proche du sommeil, les barrières de la censure sont plus aisèment levées.

Anna O.  souffrait de :dépression nerveuse ; épilepsie ; insomnie ; aphasie ; labilité de l’humeur ;hydrophobie ; cécité partielle ; paralysie du bras droit ; oubli de sa langue maternelle (l’allemand) ;
hallucinations de serpents… Ces symptômes sont apparus au moment de la convalescence de son père et ce sont aggravés à la mort de celui-ci. L’hystérie est une maladie psycho-somatique, on exprime par le corps des troubles psychologiques mais sans lésion organique. Par exemple, quand Anna.O a son bras paralysé, en réalité musculairement, du point de vue des nerfs, tout va bien, elle pourrait le bouger librement! L’hystérique est une sorte de malade imaginaire!

L’hypothèse de Breuer, c’est que ces troubles sont des « symptômes commémoratifs ». Anna 0. dit par le corps des évènements passés traumatisants, elle dit ce qu’elle n’a pu dire et elle n’a pas conscience de rejouer dans le présent une scène du passé. Elle souffre de réminiscence, d’un retour du passé sans conscience de son caractère passé! En racontant ce passé son hypnose, elle va s’en libérer et l’ayant dit par les mots, elle n’aura plus à le dire par le corps, d’où disparition du troubles/

Par exemple, lorsque Breuer l’hypnotisa, elle avoua qu’un jour, elle avait vu son « valet » donner de l’eau au chien dans les verres qui étaient en fait destinés au repas du soir. Ainsi, au lieu de lui exprimer son sentiment de dégoût, elle avait intériorise ce sentiment, qu’elle verbalisait sous hypnose. Quand elle se réveilla, Anna O. n’est plus hydrophobe.

Dans Cinq leçons de psychanalyse de Freud, où il reprend dans le détail ce cas Anna.o, il donne une autre version de la disparition de ce trouble, et vous trouverez l’explication de tous les autres troubles psychiques ou physiques.

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Pour aller plus loin!

Si vous êtes friant d’analyse de rêves, de lapsus, de névroses, lisez:

Ou regardez ces deux vidéos sur la psychanalyse des enfants et Françoise DOLTO, une psychanalyste qui a travaillé sur leurs troubles. Cliquez sur les liens en haut de la page!

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Les critiques

Cette notion d’inconscient a fait l’objet de différentes critiques d’ordre moral ( n’est-ce pas un peu facile de se cacher derrière les pulsion de son ça ou les faiblesses de son surmoi pour se déresponsabiliser) comme chez Alain qui se méfie de la tendance à « grossir » le terme d’inconscient ; d’ordre épistémologique ( scientifique) avec K.Popper : Freud rangeait sa théorie parmi les théories scientifiques et voyait même à travers elle, la 3ème blessure narcissique infligée par la science à l’homme après la théorie héliocentriste de Copernic et Galilée et la théorie de l’évolution des espèces qui ont décentré l’homme ( il n’est plus avec la terre le centre de l’univers) et ramené l’homme à un simple animal supérieur, même pas maître de lui-même ( « le moi n’est pas maître dans sa propre maison »). Popper va montrer que cette théorie ne peut répondre aux critères de scientificité, en particulier celui de la falsification.
A celle-ci s’ajoute celle de Paul Ricoeur qui souligne les vertus de la psychanalyse et le rôle du psychanalyste, mais en « bon » philosophe préfère à la théorie de Freud, malgré tout très ruineuse pour la conscience et ses pouvoirs ( car bien des choses lui échappe radicalement !), une autre perception de ce que Freud range sous ce terme d’inconscient.

Il étudie dans Philosophie de la volonté les relations entre volontaire et involontaire. Il affirme l’échec de la doctrine de la transparence de la conscience. Pour lui, la thérapeutique psychanalytique a un sens. On retrouve dans les textes suivants les thèmes propres à la psychanalyse :transfert, significations inconscientes, travail libérateur de la conscience. Mais difficile de dire si Ricoeur parle ici d’un inconscient au sens de Freud ou s’il rejoint une approche classique des « choses inconscientes »

TEXTE 1
« Si la conscience ne peut faire sa propre exégèse et ne peut restaurer son propre empire, il est légitime de penser qu’un autre puisse l’expliquer à elle-même et l’aider à se reconquérir ; c’est le principe de la cure psychanalytique. Là où l’effort ne fait qu’exalter l’impulsion morbide, un patient désenveloppement des thèmes morbides par l’analyste doit faire la relève de l’effort stérile. La maladie n’est point la faute, la cure n’est point la morale. Le sens profond de la cure n’est pas une explication de la conscience par l’inconscient , mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le détour d’une autre conscience déchiffreuse. L’analyste est l’accoucheur de la liberté, en aidant le malade à former la pensée qui convient à son mal ; il dénoue sa conscience et lui rend sa fluidité ; la psychanalyse est une guérison par l’esprit ; le véritable analyste n’est pas le despote de la conscience malade, mais le serviteur d’une liberté à restaurer. En quoi la cure, pour n’être pas une éthique n’en est pas moins la condition d’une éthique retrouvée, là où la volonté succombe au terrible. L’éthique en effet n’est jamais qu’une réconciliation du moi avec son propre corps et avec toutes les puissances involontaires ; quand l’irruption des forces interdites marque le triomphe d’un involontaire absolu, la psychanalyse replace le patient dans des conditions normales où il peut à nouveau tenter avec sa libre volonté une telle réconciliation. » (1949)

TEXTE 2
« Si la thérapeutique analytique agit « en transformant l’inconscient en conscient », c’est que la conscience est beaucoup plus qu’une qualité ajoutée qui ne change pas l’essence du psychisme. Il est faux que la cure fasse passer le « souvenir » pathogène* de l’inconscient dans le conscient, elle conduit à former un souvenir là où il y avait « quelque chose » qui opprimait la conscience, « quelque chose » qui était issu du passé mais qui était un infra-souvenir et qui , sans doute, opprimait la conscience parce qu’elle ne pouvait plus former un souvenir sur cette matière mnémonique* et affective de nature psychique. Quand on dit que la cure cathartique* élargit le champ de régulation de la conscience, le mot conscience ne signifie plus seulement cette maigre connaissance surajoutée à des souvenirs intrinsèquement inconscients ; il désigne l’émergence même du souvenir qui me joint à mon passé et ainsi collabore à la synthèse du moi qui ne saurait exister sans au moins une conscience irréfléchie grâce à laquelle il s’apparaît confusément ; le « conscient » consiste à former la représentation libératrice de l’événement passé dont la « trace psychique » troublait la conscience sans pouvoir accéder à la dignité du souvenir. Rien donc dans la psychanalyse ne nous contraint à faire penser l’inconscient ; mais il reste que la conscience a un envers, un dessous, impensable hors d’elle et sans elle, qui n’est point une pensée mais qui n’est pas le corps non plus. » (1963)

(Pathogène : générateur de troubles pathologiques ; mnémonique : qui intéresse la mémoire ; cathartique : qui consiste à purger, à libérer, à extérioriser..)