Hannah Arendt et la crise de la culture!

31 décembre 2008 0 Par caroline-sarroul

         

Juive allemande et philosophe, née à Hanovre en 1906, formée par deux grands maîtres, Heidegger et Jaspers, Hannah Arendt a connu deux fois l’exil, en France (1933), puis aux États-Unis (1941), dont elle devint citoyenne. Elle mourut en 1975.

Son œuvre politique s’appuie sur une analyse du totalitarisme, dont elle retrace la généalogie dans nos sociétés modernes et dont elle fait ressortir les implications historiques et philosophiques dans Les origines du totalitarisme (1951), Eichmann à Jérusalem et Essai sur la Révolution publiés en 1963, Du mensonge à la violence (1972).

A partir du fait totalitaire, Hannah Arendt propose une relecture critique des notions fondamentales du politique qui ont émergé en Occident avec les cités grecques et qui ont été occultées par les dérives totalitaires: liberté et justice, autorité et raison, responsabilité et vertu,….

      Between Past and Future. Eight Exercises in Political Thought, traduit en français sous le titre La Crise de la culture. (Huit exercices de pensée politique), est pour la première édition, parue en 1961 et était composée de six essais. La traduction française basée sur la deuxième édition, parue en 1968 est composée de huit essais complétés d’une importante préface.
Dans La Crise de la Culture, Hannah Arendt part de l’ « usure » de la tradition dans nos sociétés qui nous rend « incompréhensible » un certain nombre de concepts de la pensée politique occidentale qui sont nés avec Aristote et Platon, et dont elle fait l’histoire « critique », de leur naissance à leur remise en cause moderne : l’Histoire, l’autorité, la liberté, l’éducation, la culture …. Parallèlement, elle essaye d’envisager les conséquences de leur crise ou de leur déclin pour nos sociétés. 

 On peut organiser ces 8 essais en trois parties.

1. partie liminaire, composé de 2 essais « La tradition et l’âge moderne » et « Le concept d’histoire » : antique et moderne qui traitent de la rupture moderne dans la tradition et du concept d’histoire par lequel l’âge moderne a voulu tourner le dos à la tradition philosophique

2. partie qui examine en 2 essais deux concepts politiques centraux et liés, l’autorité et la liberté, en montrant qu’aux questions : « qu’est-ce que l’autorité ?  »  et « qu’est-ce que la liberté », aucune des réponses fournies par la tradition ne sont plus bonnes ni utilisables.

3. partie composée de 4 essais : « La crise de l’éducation », « la crise de la culture : sa portée sociale et politique », « vérité et politique », « la conquête de l’espace et la dimension de l’homme » qui sont des tentatives pour appliquer le mode de pensée mis en place dans les deux premières parties à des problèmes contemporains plus immédiats.

 

Ce livre est aussi passionnant car il fait d’abord dans la prologue une analyse trés inattendue des deux évènements majeurs du XXeme siècle qui sont, pour elle, la conquête spatiale et le début de l’automatisation dans le travail, qu’elle interpréte comme trés inquiétants…Je vous laisse découvrir pourquoi! Elle y fait aussi une analyse trés pertinente des 3 aspects de la vie active que sont le travail, l’oeuvre et l’action politique…Un ouvrage lisible, bien écrit et trés utile pour les sujets sur le travail et l’art en particulier!