Faire son devoir est-ce perdre sa liberté?

4 avril 2012 0 Par Caroline Sarroul

 

Faire son devoir (B) est-ce perdre sa liberté ? (A)

Devoirs juridiques, sociaux et moraux

1) Devoir = contrainte, obligation ( = nécessité face à laquelle il n’y a aucune liberté, si ce n’est celle d’accepter la nécessité comprise)

? devoirs « transcendants » : thèses religieuse, sociologique, psychanalytique

 

2) Devoir ? contrainte, car si le devoir contrarie un penchant ( d’où résistance et sentiment de contrainte et le caractère impératif du devoir), se sentir obligé implique un consentement, d’où ? d’un sentiment de contrainte extérieure.

  • Servitude volontaire par reconnaissance de cette transcendance extérieure (ou son ignorance)
  • devoir : prescription de la raison comme transcendance intérieure ( Kant) : les 2 impératifs catégoriques)
A = Bsi A ? B

 

 

  • A n’est-il pas même non B ?
  • Quels B pourraient être = à non A ?
  • A quoi = A ? ( par rapport à B) 
-1) indépendance : faire tout ce qui nous plaît sans contrainte , ni limites, ni dépendances vis-à-vis d’autrui 

TR : cette indépendance peut masquer une HETERONOMIE = une liberté illusoire et impossible de par  « l’insociable sociabilité » de l’homme ( Kant) et la soumission inévitable en tant qu’être vivant aux lois de la nature et au processus vital.

2) autonomie : ne faire que ce que l’on veut ( volonté raisonnable) , n’obéir qu’à des lois qu’on s’est soi-même prescrites ou avec lesquelles on peut s’accorder

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1) Tous les devoirs sont du même ordre2) On pourrait faire son devoir sans être libre, or on peut penser qu’il n’y a pas de devoir sans liberté :

– qu’il n’ y a devoirs, que parce qu’il y a  droits ( liberté politique, cf. Benjamin Constant)

– qu’il n’ y a devoir moral que parce qu’il y a liberté. Pour être moral, il faut :

– connaître le bien et le mal

– pouvoir choisir le bien comme le mal

– choisir le bien uniquement par respect de la loi morale, de manière désintéressée ( Kant)

L’animal et l’enfant ignorent le devoir moral, même si pitié naturelle (Rousseau) et sentiment d’injustice face aux promesses non tenues, partages inégaux, rétributions injustifiées ( Ricoeur)

1) pour perdre sa liberté, il faut l’avoir au préalable ( illusion du libre-arbitre d’ailleurs entretenu selon Nietzsche pour exiger de l’homme des devoirs en le rendant responsable et coupable) 

 

2)  pour perdre sa liberté, il faut pouvoir la perdre ( thèse de Sartre, nous sommes condamnés à être libres et on ne peut pas se délester de ce fardeau)

Introduction : Tout devoir est vécu comme une contrainte que nous impose la société ou notre propre conscience, raison. Cette contrainte semble s’opposer en même temps qu’à nos désirs, à notre liberté, pensée spontanément comme droit proportionnel à la capacité de satisfaire ces mêmes désirs. Les contrarier, ce serait donc en apparence contrarier notre liberté. Mais, pour nous convaincre de remplir nos devoirs, on  brandit souvent les droits qui en découlent. Si chacun remplit ses devoirs, ce seront les droits de chacun qui seront respectés en retour, les devoirs des uns étant les droits des autres, si chacun fait son devoir, chacun pourra ne faire que ce qu’il veut ( à défaut de pouvoir faire tout ce qui lui plaît) sans être soumis aux autres. Aussi on peut se demander si faire son devoir, c’est réellement perdre sa liberté ? La liberté exclut-elle toute contrariété ou la possibilité même d’être contrarié et de pouvoir se contrarier est-elle le marque de la liberté ? [S’interroger sur la nature de la liberté et son éventuelle perte, c’est présupposer qu’elle est et peut être perdue, sans que nos devoirs ne le soient pour autant.] Nous nous demanderons en quoi nos devoirs semblent naturellement s’opposer à l’idée que nous nous faisons de la liberté, si s’en tenir là ce n’est confondre devoir et contrainte, liberté et licence et …

[si on peut perdre sa liberté] ou [ si d’ailleurs il y a aurait devoir sans liberté] ou ce qui s’oppose véritablement à  la liberté si ce n’est le devoir en lui-même (  réponse : des devoirs imposés du dehors et refusés du dedans), ou si ce n’est pas dans l’expérience du devoir que se révèle pleinement la liberté ( III renforçant le II)

I. Devoir = contrainte imposée du dehors et liberté = absence de contrainte.

– il n’y a devoir que parce qu’il n’y a pas inclination naturelle : inutile de prescrire ce qui nous plaît. Dans une morale doloriste, héritée du judéo-christianisme, devoir rime avec sacrifice. Faire son devoir doit coûter, s’accompagner sinon d’un déplaisir, d’une absence de plaisir. Le devoir contrarie nos désirs, on fait ce qui déplaît ? liberté comme faire tout ce qui nous plaît

– nos devoirs semblent nous dépasser, soumission à une transcendance extérieure ( Dieu, Société, Etat, inconscient, culture..) qui fait que nous n’ agissons pas conformément à la volonté d’un autre ( Autre) qui nous dépasse et opprime

– l’impératif du devoir semble réduire l’éventail de nos choix, par la menace d’une sanction, d’une exclusion ( Anneau de Gygès, Platon)

TR : mais nous avons en réalité le choix ( on peut refuser de remplir certains devoirs – au nom d’autres ( ex. kant et devoir de véracité contre devoir d’humanité ou d’assistance à autrui) et se sentir obligé est différent d’être contraint. Le sentiment d’obligation présuppose une reconnaissance de la légitimité de la prescription.

II. Devoir = impératif reconnu du dedans et liberté = absence de sentiment de contrainte = obéissance à une règle prescrite par soi , en accord avec soi.

A. le refus de faire son devoir peut n’être que céder à un penchant, à un intérêt immédiat et signe d’impuissance plutôt que de liberté ( acrasie « je vois le meilleur,je l’approuve et je fais le pire » Spinoza, âme à l’envers pour Platon, la partie impétueuse l’emportant sur la partie rationnelle – allégorie du sac de peau)

B. faire son devoir présuppose un consentement qui est signe de liberté : c’est notre choix, notre « déchiffrement de la situation » ( Sartre), c’est nous qui reconnaissons la légitimité de ce qui nous est prescrit, on reste libre de ne pas le faire ( seule la mauvaise foi ou une « extraordinaire superficialité » ( cas d’Eichmann selon Hannah Arendt) peut nous laisser penser que nous n’avons pas le choix.

C. si d’un point de vue politique, faire son devoir implique en retour des droits ( garantie de notre liberté extérieure), le fait de sentir obligé par la loi morale et de répondre à notre devoir est le signe de notre liberté intérieure selon Kant : la loi morale comme fait de la raison, capacité de ne pas être déterminé par notre existence empirique. Obéir aux prescriptions de sa raison, c’est obéir à soi-même, donc être autonome.

D. il n’ y a devoir que parce qu’il y a liberté et  peut-être que  « l’honneur d’être homme comporte des devoirs » Jankélévitch (  p 433)                                

           III.  selon le plan choisi