Bonjour à tous,
Sujet de chronique qui va parler au plus grand nombre, je pense.
En ces premières semaines de septembre, vous avez des soupçons, des doutes, des questionnements sur tel ou tel élève. En vous, chante la petite ritournelle : « N’y a t-il pas plus chez cet enfant que de simples difficultés ? » Les évaluations diagnostiques vous ont confortées dans cette idée lancinante mais vous ne savez pas comment faire pour l’aider plus. Vous le savez car de plus en plus d’entre nous y sont sensibilisés en formation, nos classes abritent 2 ou 3 élèves DYS en moyenne.
Par DYS on entend : tout enfant qui souffre d’un trouble des apprentissages lié à l’oral, l’écrit, la motricité fine ou encore la structuration cognitive. On entend donc parler de plus en plus souvent de dyslexie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie ou dysorthographie.
Donc pour aider au mieux certains d’entre nous qui seraient perdus dans ce jargon plus connu des maîtres E ou psychologues scolaires, je vais vous présenter chacune des DYS et vous donner quelques moyens de les détecter (même si vous ne pouvez pas poser de diagnostic vous-même). Vous trouverez aussi quelques pistes d’aménagement à proposer en classe. En fin de chronique, comme toujours, je vous proposerai quelques sites très bien faits proposant foule d’outils, tous mieux pensés et réalisés les uns que les autres.
- C’est quoi tous ces DYS machins ?
La dyslexie :
La dyslexie est une difficulté d’apprentissage de l’orthographe et de la lecture. Ce trouble concerne entre 8 et 10 % des enfants et en grande majorité des garçons (trois fois plus que les filles).
La dyslexie n’a pas d’origine psychiatrique et n’a pas pour origine une déficience intellectuelle. Elle pourrait être d’origine génétique ou être due à une pathologie affectant le développement cérébral au cours de la grossesse mais des recherches sont encore en cours.
Les difficultés d’un dyslexique :
- a du mal à épeler les mots nouveaux ou inconnus,
- a du mal à lire des mots nouveaux ou inconnus (les remplace par des mots qu’il connait),
- le langage oral est peu structuré,
- peut changer l’orthographe d’un mot utilisé plusieurs fois dans une production de texte (l’orthographe lexicale n’est pas figée),
- lit avec difficultés car s’aide surtout des mots qu’il a photographiés (en global).
Attention il existe plusieurs formes de dyslexie je vous renvoie à cet excellent article du site orthophonie
La dyscalculie
La dyscalculie est un trouble du langage écrit en rapport avec les chiffres et le calcul.
L’élève a des difficultés à :
- à évaluer de petite quantités,
- à dénombrer (sans avoir à énumérer),
- à écrire les chiffres (va écrire 202 au lieu de 22 ou encore 609 au lieu de 69),
- à lire des nombres (par exemple, l’enfant inverse visuellement les chiffres et lit 6 au lieu de 9 ou 52 au lieu de 25),
- à lire une suite de nombres,
- à comprendre le sens des nombres et à les comparer,
- à réaliser des calculs arithmétiques simples (du type 5 – 2 = ?), que ce soit à l’écrit ou en calcul mental. Il va compter sur ses doigts et continuera à utiliser cette méthode car il ne parviendra pas à passer à l’abstraction du calcul mental,
- à mémoriser les tables d’addition et de multiplication,
- à distinguer les différents symboles : +, -, × et / avec la difficulté à comprendre des concepts tels que « deux fois plus que », « moins que », etc.
La dyspraxie
La dyspraxie est un trouble dans l’exécution automatique de gestes déterminés.
L’élève doit contrôler volontairement chacun de ses gestes, ce qui est très coûteux en attention, et rend la coordination des mouvements complexes de la vie courante extrêmement difficile, donc rarement obtenue.
Cette difficulté se traduit par :
- une écriture mal formée, lacunaire,
- une tenue de l’outil scripteur défaillante,
- le plus grand mal à classer, ordonner dans des classeurs, porte-vues etc.
- une incapacité à planifier des gestes (handicapant en sport, en géométrie, en représentation dans l’espace pour poser des opérations par exemple),
- une problématique pour des gestes complexes comme faire ses lacets ou pour le découpage.
Il est à savoir que les grands prématurés présentent plus de risques.
De nouveau, je vous renvoie vers cet excellent article du site orthophonie.com qui vous précisera notamment les différentes formes de la dyspraxie qui peut également être une dyspraxie verbale.
La dysorthographie :
C’est un trouble dans la capacité à acquérir les compétences en orthographe.
L’élève a des difficultés à :
- respecter l’orthographe des mots car il les mémorise avec le plus grand mal,
- fautes d’orthographe ;
- découpages anarchiques des mots avec des mots collés (pas de réglementation des mots dans la phrase), notamment les articles avec les noms auxquels ils renvoient (« unabit » pour « un habit » ou encore ojourdui pour aujourd’hui) ;
- sons transformés (« fagile » pour « fragile ») ou syllabes (« vragile ») avec des confusions de sons répétées et qui perdurent dans le temps,
- ajout de lettres ou de syllabes erronées, exemple pour les mots de plus de 3 syllabes comme « autobus » l’élève va écrire « automobus » ou« otmobobus »,
- inversion des lettres dans un mot (« fargile » notamment sur ceux qui contiennent les syllabes complexes « cre-dre-fre-bre », « octobre sera écrit « october »),
- à recopier un texte, avec des oublis de mots, de lignes entières ou des parties manquantes,
- à conjuguer et à faire l’accord correctement dans le groupe nominal et le groupe verbal,
- à organiser des phrases syntaxiquement correctes ; exemple pour : « Le chat a mordu la souris.» L’élève va écrire « Le cha amdu alsouri ».
Je vous vois venir, on aurait tendance à y inclure plus de la moitié des élèves ^^ Cependant il faut que les erreurs soient flagrantes, répétées, et qu’il n’y ait pas ou peu d’évolution sur une longue période d’apprentissage afin d’avérer une dysorthographie.
La dysphasie :
La dysphasie est un trouble lié à la communication verbale.
Elle peut cibler plus particulièrement l’expression (« dysphasie expressive »), la compréhension (« dysphasie de réception ») ou les deux à la fois (« dysphasie mixte »).
C’est un trouble structurel de l’apprentissage du langage, d’une anomalie du développement du langage.
Les difficultés sont donc :
- une altération du langage oral,
- des phrases mal structurées,
- un style syntaxique très télégraphique,
- une compréhension déficitaire du langage oral,
- une faiblesse du vocabulaire.
2. Alors quoi faire en classe, comment aider nos élèves DYS ?
Tout d’abord, je rappelle que vous ne pouvez pas poser de diagnostic. Il faut donc communiquer avec la famille, prendre des rendez-vous, inciter les parents à prendre rendez-vous avec un orthophoniste pour réaliser un bilan.
Une fois le bilan établi et le diagnostic posé, il va falloir :
- différencier les tâches et activités de classe (dans ma classe je propose le plus souvent 3 niveaux de différenciation en production d’écrit, en lecture / compréhension ou encore en numération),
- proposer des supports différenciés (des sous-mains spécifiques DYS, utiliser les cartes mentales appelées aussi cartes heuristiques, utiliser l’orthographe illustrée, penser aux polices d’écriture spéciales DYS),
- laisser plus de temps,
- donner des consignes de passation plus visuelles avec beaucoup d’exemples et des élèves démonstrateurs,
- être en aide, en soutien plus fréquemment avec cet élève,
- mettre en place un système de tutorat entre pairs (on ne peut pas encore se dédoubler en permanence),
- avoir recours à la co-intervention avec un maître E (si vous avez la chance d’avoir l’intervention dans votre école)
- se servir des maîtres E ou des orthophonistes comme personnes ressources,
- consulter les sites d’enseignants spécialisés comme Dys é moi zazou.
Pour vous aider voici une liste non-exhaustive d’outils et de sites à consulter et à garder dans vos favoris ou marque-pages :
- Garder dans vos classeurs les schémas bulles sur chaque DYS afin de vous aider à repérer les enfants DYS
Vous les trouverez ici : Dys en schémas bulle
- Une mine d’or d’informations pour enseignants, parents sur tous les troubles avec un dictionnaire illustré, des films d’animation, l’explication des dysfonctionnements cognitifs, les textes officiels sur les DYS : le site du CNDP de Versailles.
- Une référence pour aider les DYS : l’ANAPEDYS association nationale d’association de parents et d’enfants DYS.
- Une application en ligne pour adapter tout type de texte aux élèves DYS Aidodys
- Des logiciels, des outils, du matériel pour les élèves DYS sur le site Dysmoitout
Voilà j’espère vous avoir pour le moins éclairés et au mieux aidés.
Courage, et surtout ne laissez pas vos élèves DYS de coté, car ils ont toute leur place dans votre classe et méritent encore plus votre attention, même si souvent il est vrai nous nous faisons « vampiriser ».
À bon entendeur.
À très vite
Ludiquement
Mathieu Quénée
Merci pour cet article qui fait plaisir à lire.
En revanche, je conseillerais plutôt une consultation à l’hôpital dans un service de neurologie spécialisé dans les troubles dys, le temps des orthophonistes n’arrive qu’après que le diagnostic ait été posé. C’est vraiment important.
Merci Mathieu pour ce dossier synthétique et très complet … comme d’habitude d’ailleurs 😉 …
Et: « Vous le savez car de plus en plus d’entre nous y sont sensibilisés en formation » …
Enfin … aurais-je envie de dire !!!
Cordi@lement
alain l.
Merci.