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La zone euro pourrait-elle exploser ?

Récemment, un article de  Thibaut SCHEPMAN, publié sur le site de 20 minutes, a osé reconstituer le scénario catastrophe que tout le monde redoute mais dont personne ne parle vraiment. Je vais ici essayer d’en reprendre les principaux mécanismes pour essayer de mieux en expliquer les enjeux. Il faut tout d’abord savoir que personne n’a pensé opportun de prévoir cette éventualité. En effet , aucun texte européen ne l’évoque et, dans la bouche de beaucoup, c’est un sujet pour le moins… tabou ! Et pourtant, à écouter certains analystes européens – comme le gourou de la finance zurichoise Marc FABER –  l’hypothèse vaut la peine – c’est le mot -d’être envisagée.

1. Quel en serait l’élément déclencheur ? 

Un refus net de l’Allemagne pour une nouvelle dépense. Comme l’explique T. Schepman, s’il fallait  discuter d’un nouveau plan d’aide à apporter à plusieurs pays en difficulté, la moitié des pays de la zone ne peuvent y contribuer faute de fonds suffisants. Ce serait donc, une nouvelle fois, à l’Autriche, aux Pays-Bas à la Finlande et surtout à la France et à l’Allemagne d’y contribuer. Seulement, depuis le dernier plan d’aide, l’Allemagne a clairement fait comprendre qu’aucune aide supplémentaire ne pourrait être envisagée sans une sortie temporaire de l’euro pour la Grèce et l’Irlande. Imaginons alors que les autres membres refusent catégoriquement cette éventualité, l’Allemagne pourrait très bien décider de sortir d’eux mêmes du système… Si la sortie volontaire de pays en difficulté semble inimaginable parce que suicidaire, elle est tout à fait plausible pour un pays comme l’Allemagne ou la France.

2. Quelle est la probabilité qu’une telle crise se déclenche  ? 

Un seul élément déclencheur ne suffirait pas : il  faudrait une conjonction d’événements défavorables.

1. les résultats économiques des pays européens ne s’améliorent pas. Traduction : les décisions politiques, les différents plans mis en oeuvre n’ont pas d’effet sur la dette publique de chacun des États européens…

2. Une forte et durable chute du dollar. Christian Saint-Etienne, professeur d’économie à Paris Dauphine, estime en effet que  «lorsqu’un euro vaut plus d’1,50 ou 1,60 dollars, les économies du sud de la zone euro ne sont plus du tout compétitives et leur croissance est étranglée». De fait, leur situation s’aggrave sans qu’ils ne puissent rien y faire…

3. l’Union européenne ne parvient plus à mettre en place des solutions d’urgence. Traduction : il n’y a plus d’argent dans les caisses (plus d’augmentation du Fonds de stabilisation financière). «Pour  l’instant, la BCE aurait acheté 10 milliards de dettes. On pense que l’Allemagne ne laissera pas l’institution acheter plus de 100 milliards de ces dettes», explique Christian Saint-Etienne. Mais ces mesures d’urgence ne sont pas éternelles. Certaisn estiment déjà que l’Europe – en déclin – n’a simplement plus les moyens…

3Quelles en seraient les conséquences  ? 

C’est la partie la plus délicate, car il est diffcile d’éviter la pure spéculation. Tout dépendra de la valeur des nouvelles « anciennes monnaies ».

les nouvelles « anciennes monnaies » ne vaudront pas grand chose, car le retour à des monnaies nationales se fera dans un contexte de crise, grave.

la dette des pays concernés va gravement s’alourdir puisque toutes ces monnaies auraient probablement une valeur moindre que l’euro. Or la dette des Etats, elle, resterait libellée en euros, et leur coûterait donc plus cher. Pour chacun des États, ce sera une très mauvaise surprise car un très mauvais calcul…

les importations coûteront également plus chers. Seul un pays très exportateur comme l’Allemagne y gagnerait. Mais il perdrait du même coup l’immense marché commercial que représente la zone euro…

 

Il ne s’agit pas ici de jouer au pessimiste donneur de leçons mais plutôt d’analyser la situation objectivement et de réfléchir sur les données du problème de la crise croissante. Personne ne peut imaginer qu’un jour ou l’autre, la dette devra être payer. Par qui et comment ? L’explosion de la zone Euro sera peut-être une conséquence inévitable. mais qui peut vraiment la souhaiter ?


4 commentaires

  1. Bonjour, c’est de nouveau Alexandre Himmelein
    La conjonction d’évènement dont vous parlez dans votre 2nd partie ne me paraisse pas si improbable que ça, surtout dans cette période de crise où l’Europe n’arrive pas à se mettre d’accord. Pensez vous que, si la zone euro explosait, il vaudrait mieux en recréer une en comité réduit avec des états relativement « fiable » afin d’éviter les conséquences listés si dessous ou non ? Et ne pensez vous pas que la fin de la zone euro pourrait également rimer avec la fin du poids économique et politique de l’europe dans le monde a plus ou moyen terme ?

  2. Tu as raison Alexandre… J’ai rédigé cet article début août. Depuis, l’Union Européenne s’embourbe de plus en plus et de jour en jour dans un marasme politico-financier dont les marchés restent les seuls juges. La faillite de la Grèce devient inéluctable. Et après, à qui le tour ? Pour beaucoup de spécialistes, il apparaît indispensable de repartir sur des bases claires et des règles à suivre. Mais comment les faire respecter ? Comment une communauté peut se faire respecter si ses membres n’honorent pas leurs engagements ? Là est la vraie question. Ensuite, nul n’est aveugle… Aujourd’hui même, les 5 grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont proposé leur aide financière à la zone Euro (voir ce lien : http://www.lematin.ch/actu/economie/les-emergents-du-brics-pourraient-venir-en-aide-l%E2%80%99europe)
    Quant à savoir ce qu’il « faudrait faire », cela relève de la prise de position politique, ce à quoi je me refuse catégoriquement. Observe, écoute et tu trouveras seul une bien meilleure réponse ;-)

  3. Et ne pensez vous pas que l’aide des Brics marque un tournant dans la suprématie de l’Europe sur le monde, et la preuve que nous ne sommes plus les modèles que nous étions autrefois ?

  4. Bien évidemment… Un peu comme après la première ou la seconde guerre mondiale : l’Europe n’est plus une grande puissance. Elle est désormais reléguée au statut de puissance moyenne. Quand on se souvient de certains discours moralisateurs en 1991, quand la Russie renaissait des cendres de l’URSS, on se dit qu’elle a bien fait du chemin !

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