« Pétain avait de surcroît dans son entourage des hommes […] intelligents et compétents qui ont conduit d’autres hommes à se faire les complices d’un Reich aux abois : la Solution finale, le travail obligatoire, les représailles contre une Résistance de plus en plus énergique. Comment expliquer une erreur de jugement aussi monstrueuse ? […] La vie ne fut manifestement pas plus facile en France que dans les pays d’Europe occidentale entièrement occupés. C’est donc pour d’autres motifs évidemment que les Français se sont laissés entraîner jusqu’au bout sur une mauvaise pente. L’inertie bureaucratique, l’impossibilité de voir quoi que ce soit au-delà de l’efficacité administrative, ont joué sans aucun doute. Mais il y eut surtout l’attrait de la Révolution nationale (Vichy et Pétain) pour ceux qui en étaient férus.
Rober Paxton, « La France de Vichy », Seuil, 1973.
Le document 1 est un texte extrait de l’ouvrage « La France de Vichy », publié en 1973 par l’historien américain R. Paxton. Dans ce passage, l’auteur défend la thèse d’une complicité volontaire des responsables de Vichy avec l’occupant allemand qu’il explique par la parenté idéologique de la Révolution Nationale avec le Reich et non par le seul souci de Pétain de limiter les effets de l’occupation. La publication de cet ouvrage s’inscrit dans un contexte de remise en cause du mythe résistancialiste et de la théorie du bouclier ( R.Aron) illustrée dès 1971 par le film de M. Ophüls, « Le Chagrin et la Pitié » ainsi que la polémique qui avait suivi la grâce accordée par le président Pompidou au milicien Touvier.