Fiche synthèse 3 : désir et bonheur

13 octobre 2013 0 Par Caroline Sarroul

 

Désir comme manque / Pénia (Platon) Désir comme puissance/ Poros ( Calliclès)
Causes de cette conception :

– expérience des souffrances, des déceptions du désir et de notre finitude ( origine ontologique du désir comme manque à être, le mythe d’ Aristophane), de notre soumission au temps (qui nous pousse à désirer ce qu’on n’a pas, plus ce qu’on n’est pas encore ou plus) et de notre ubris

– si le désir est vu comme effet de la conscience d’un manque, il est aussi créateur de manque

– volonté dualiste de distinguer raison et désir, d’opposer esprit/ volonté /humanité et corps/désir/animalité dans une logique rationaliste, condamnant le sensible ; affirmant que seul le désir peut nous détourner du Bien et du Vrai ( concupiscence de la chair, péché, acrasie) et dévaluant la vie ( morale ascétique, condamnation de la vie)

-entrer dans la logique du désir, c’est s’inscrire dans celle du principe de plaisir qui se heurte au principe de réalité = souffrance ; condamnation du désir comme refus de souffrir

Causes de cette conception– expérience de la force du désir, de sa vitalité ( « malheur à celui qui n’a plus rien à désirer » : ennui mortel)

 

– le désir comme créateur de valeur

 

– le désir comme essence de l’homme ( effort pour persévérer dans son être, Spinoza) ; l’animal n’a que des besoins ; condamnation injuste du désir : « c’est une triste et sauvage superstition qui interdit de prendre du plaisir… » Spinoza ; confusion entre désir et « bêtise des passions » Nietzsche ; Rousseau , le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, « Quoiqu’en disent les moralistes, l’entendement doit beaucoup aux passions, qui d’un commun aveu, lui doivent aussi beaucoup : c’est par leur activité que notre raison se perfectionne ;nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouir »

– vaincre une souffrance procure du plaisir et est signe de puissance et acceptation de la vie

 

 

La souffrance ne vient pas du désir mais de ses errances, de ses frustrations

Conséquences : ascétisme, « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » ; rechercher dans l’existence d’autres buts que la satisfaction des désirs : ne pas souffrir en se contentant de la satisfaction des besoins, la vertu ( Kant)

Conséquences : Voie 1. discriminer les désirs, mieux se connaître pour désirer en accord avec soi, accepter ce que l’on est et assumer sa puissance et la vie d’où JOIE

« Partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. La mère qui regarde son enfant est joyeuse, parce qu’elle a conscience de l’avoir créé, phy­siquement et moralement. Le commerçant qui développe ses affaires, le chef d’usine qui voit prospérer son industrie, est-il joyeux en —raison de l’argent qu’il gagne et de la notoriété qu’il acquiert ? Richesse et considération entrent évidemment pour beaucoup dans la satisfaction qu’il ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutôt que de la joie, et ce qu’il goûte de joie vraie est le sentiment d’avoir monté une entreprise qui marche, d’avoir appelé quelque chose à la vie. Prenez des joies exceptionnelles, celle de l’artiste qui a réalisé sa pensée, celle du savant qui a découvert ou inventé. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. Erreur profonde ! On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sûr d’avoir réussi. […] Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison d’être dans une création qui peut, à la différence de celle de l’artiste et du savant, se poursuivre à tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi, l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde ? » Bergson, L’Énergie spirituelle

OU Voie 2. s’abandonner aux désirs, voie hédoniste d’où PLAISIR

Limites : voir Désir comme puissance 

 

Limites : voie 2 : cetteexaltation de la vie n’en est que la négation car c’est chercher inconsciemment à éteindre le désir, donc un désir de mort. Il y a aussi une complaisance excessive de l’individu à l’égard de lui-même, incapable de se refuser quoi que ce soit, dans une attitude passivité à l’égard de lui-même. Une victoire sur soi offre une satisfaction plus grande que de céder à ses désirs.

Le bonheur n’est pas qu’une succession de plaisirs éphémères