Un call center marocain au Sénégal : quel processus de mondialisation?

Affiches publiées dans Dakar en avril 2017
On recrute au Sénégal pour un call center…marocain. (voir adresse internet « .ma »)
Même si les affiches ne le disent pas, on peut aisément supposer que le service est destiné à la France. (Il existe au Sénégal des services de vente et après vente pour SFR, Free, etc…)
On a donc un fonctionnement à 3 composantes : le client est en France, l’employé au Sénégal et le grand organisateur -l’entreprise- qui siège au Maroc.
Voilà qui modifie la perception Nord Sud. D’abord parce qu’il n’est plus question d’une logique binaire et ensuite parce que l’espace de commandement n’est -dans ce cas- pas au »Nord » traditionnel
Par ailleurs, si on peut parler d’une dynamique de mondialisation, il n’est pas pour autant question d’espace mondialisé. On est bien ici dans une dimension de territoire avec ses logiques propres.
De lieux tout d’abord : de la France au Sénégal en passant par le Maroc, on pourrait tracer un axe à la règle.
De culture également, puisque la sphère économique est celle de la francophonie.
Cette dernière a ses particularités. Si l’on recherche des voix sénégalaises, ce n’est pas uniquement parce qu’elles sont moins cher qu’en France ou (peut être) au Maroc, c’est aussi parce que ce sont celles qui dans l’Afrique francophone ont l’accent le moins marqué.
La voix tel un gisement…
Enfin, il n’aura échappé à personne que la pub fait miroiter de beaux avantages.
Dès lors qu’on trouve un gisement lucratif, le contexte est forcément concurrentiel et peut aussi profiter aux employés.
L’assurance maladie dans un pays sans « sécu » et où les frais médicaux représentent toujours un souci majeur fait figure de belle promesse.
Le transport gratuit est aussi un argument décisif dans un contexte d’étalement urbain de grande métropole.
Au défi de la concurrence des entreprises s’ajoute celui d’une réserve de main d’oeuvre qui n’est pas si abondante que cela, contrairement à ce que l’on pourrait penser de ce genre de tâche peu qualifiée.
Au Sénégal, le français reste la langue officielle et la langue d’enseignement, mais il n’est que très rarement pratiqué couramment, et ce quelle que soit la condition sociale. On puisera donc dans un réservoir restreint, le plus apte,  l’élite de la jeunesse, diplômée mais souvent désœuvrée.
Héritage de la colonisation, le français reste un marqueur social et un filtre économique.
Pas si facile de faire partie de la « Big family la plus cool de Dakar« !
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