Mon état d’avancement

Je me suis interrogée dès le début de l’année sur les enjeux et les modalités de la prise en compte des contextes pluri- et multiculturels à l’école. Je voulais savoir quelle était la place de la culture de l’élève dans l’école. Bien consciente que mon thème était trop global j’ai attendu le début de mon stage pour affiner ma question centrale. De nombreuses questions ont alors émergé, comme : comment faire une culture de classe avec des élèves qui ont une culture familiale et/ou extérieure à l’école différente de celle-ci ? Comment mélanger les cultures religieuses ou sociales des élèves parfois très différentes sans qu’il y ait de conflit dans la classe ? Comment l’élève conçoit sa pratique culturelle face à une pratique culturelle différente d’un autre élève de la classe ? Comment légitimer la culture familiale à l’école ?

Mon stage est dans une « zone » sensible de Caen en REP +, de nombreuses cultures se mélangent au sein de la classe et elles sont en rivalités. On voit bien que la culture de l’élève est en opposition avec la culture scolaire universelle. Les pratiques scolaires seraient un arbitraire culturel propre à un groupe alors que toutes les cultures sont relatives et que toutes les pratiques se valent. Or, il ne faut pas que la culture scolaire surplombe ou soit privilégiée de celle de la culture d’origine de l’élève, mais l’école favorise cette transmission avec son schéma maitre-élève, savant-apprenant.

Au sein d’une même classe il y a autant de pratiques culturelles familiales que d’élèves, il est donc important de ne pas les hiérarchiser ni de les différencier car elles ne vont pas à l’encontre de la culture de l’école. Ainsi ma problématique de recherche cette année se porte sur : Comment moduler la culture de l’élève et la culture scolaire de l’école, pour diminuer l’écart entre la culture illégitime et la culture légitime ?

Les différents extraits de Luc Collès m’ont aidé dans cette réflexion.

« Lors de l’éducation, les faits de culture apparaissent comme des faits de nature tout à fait normaux et universels. Les étapes de la socialisation d’un individu dans sa communauté sont enfouies dans l’oubli, si bien qu’il va jusqu’à ignorer que ce qui lui paraît «évident» est une construction du monde qui relève de son environnement. » Luc Collès

Cette partie me semble tout à fait importante dans la construction sociale d’un élève. Un élève se construit tout d’abord en tant que personne au sein de son environnement proche, sa famille. Il se construit donc une culture individuelle, son identité sociale de manière innée, il ne va pas s’en rendre compte. Puis lorsque l’élève est en âge d’aller à l’école, se construit en parallèle à sa culture personnelle, la culture scolaire. La question du lien entre ces deux cultures est essentielle à l’école. La première est innée alors que la seconde est imposée, comment mêler ces deux cultures pour qu’elles ne se construisent pas en opposition.

«Le phénomène de la dissonance cognitive. Ce phénomène est récurrent dans les situations scolaires multiculturelles. La relation de dissonance est une relation de désaccord, d’opposition, de contradiction. Selon Léon Festinger (1962), les représentations d’un individu entrent en dissonance lorsque l’une d’entre elles implique psychologiquement le contraire de l’autre. Le malaise provoqué dans pareille situation pousse l’individu à éviter tout élément qui crée la dissonance et à réduire celui qui l’augmenterait. »

Si je mets en lien cet extrait de Luc Collès avec ce que j’ai pu voir en stage notamment dans les conflits entre les différentes communautés, je confirme l’attitude de rejet et d’opposition à l’autre quand la différence entre les deux élèves est soit trop grande soit en contradiction avec sa culture personnelle. Il est arrivé à de nombreuses reprises, souvent lors de la récréation, que des « clans » au sein de la classe se forment sans qu’une réconciliation soit possible. Une fois en classe ces conflits se poursuivaient et c’est à ce moment-là que nous comprenions que le problème était dû à une différence sur des valeurs ou des croyances personnelles mais partagées en groupe. Ce phénomène de dissonance avait aussi lieu entre leur culture et la culture de l’effort de l’école.

C’est pour cela que je pense utiliser la deuxième méthodologie : Le détour par l’analyse des heurts de la rencontre, avec le phénomène de dissonance comme point d’entrée pour mon projet en opposant culture personnelle et de l’école.

Une réflexion sur « Mon état d’avancement »

  1. Attention à être bien précise sur le sens des mots. La culture scolaire n’est pas « universelle ». Je pense que vous vouliez parler d’une culture commune que l’école veut créer. A moins qu’il ne s’agisse d’une perspective bourdieusienne ( une culture dominante , celle des élites ?). A clarifier donc.
    Par ailleurs attention lorsque vous dites que « toutes les pratiques se valent », car c’est du relativisme culturel, et cela pose aussi question. La pratique qui consiste à interdire l’accès à l’école aux petites filles dans certains pays n’est pas une pratique que l’on peut accepter sans la discuter.
    Il faut bien cibler, donc ce que vous mettez derrière « culture légitime » et « culture illégitime » afin de ne pas faire de confusion.

Laisser un commentaire