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Pourquoi comparer Obama à Martin Luther King ?
45 ans jour pour jour après le légendaire discours de Martin Luther King -« I have a dream…« -, Barack Obama a électrisé les 75000 fans réunis dans le stade des Broncos de Denver en conclusion de la convention démocrate. Le sénateur de l’Illinois a accepté la nomination de son parti et sera donc le premier noir en position d’entrer à la Maison blanche… Le show millimétré s’est déroulé exactement comme prévu et Barack Obama était bien décidé à faire résonner cet évènement exceptionnel avec l’histoire, 45 ans après le « rêve » de Martin Luther King. Après avoir été acclamé pendant plusieurs minutes, le candidat démocrate a lancé avec punch le duel qui l’opposera au camp républicain s’appliquant pendant un discours de plus d’une heure à décocher des attaques cinglantes contre son rival.
“Il y a exactement 45 ans, mon père était à Washington […] et proclamait : J’ai fait un rêve, qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance”, a dit le fils du Dr King. “Nous sommes tous les enfants de ce rêve et [il] est présent dans nos coeurs et nos esprits. Mais pas seulement. Il vit dans nos espoirs et nos rêves, la compétence et le courage, la droiture et l’aisance de Barack Obama […] Alors que j’attendais de venir sur le podium, je ne pouvais m’empêcher de penser combien mon père aurait été fier. Fier de Barack Obama, fier du parti qui l’a nommé et fier de l’Amérique qui va l’élire”, a dit Martin Luther King III aux 75 000 personnes rassemblées à l’Ivesco Stadium de Denver dans l’attente du candidat démocrate à la Maison Blanche.
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Fils et petit-fils de pasteur Martin Luther King est devenu un des plus grands défenseurs des droits de l’homme et de la paix de ce siècle. Elevé dans une société régie par la ségrégation (sud des Etats-Unis), il va très vite lutter en faveur de l’intégration des Noirs dans la société américaine. Son action commence en 1955, lors de l’affaire du boycott des transports publics de Montgomery et se poursuit dans la revendication des «Civil Rights» (droits civiques). Arrêté, injurié, menacé de mort, sa maison dynamitée, il ne cesse de prôner le recours à la non-violence : rassemblements, marches (comme celle de Washington – plus de 250’000 marcheurs de la paix -), sit-in, manifestations et désobéissance civile. Il se bat également pour l’obtention des «Social Rights» (droits sociaux), car les Noirs se trouvent trop souvent dans la misère.
En 1964, il est le plus jeune lauréat du Prix Nobel de la paix a être récompensé : il n’a que 36 ans. En 1968, à Memphis (Tennessee), M.L. King est assassiné, alors qu’il vient soutenir une grève des éboueurs de la ville. L’enquête est menée de façon hâtive, son assassin est rapidement arrêté, jugé et condamné à la prison à perpétuité.
C’est quoi la Convention démocrate ?
“Show must go on” pourrait-on ajouter comme sous-titre à cette question. En effet, ces conventions démocrate ou républicaine) sont de véritables shows. Certains estiment que celle des Démocrates aurait couté presque aussi cher que le film Titanic (soit presque 150 millions de dollars). Et tout ça à dépenser en seulement quatre jours ! Cette année, c’est les démocrates qui ouvrent le bal des conventions à Denver, dans le Colorado, de lundi 28 jusqu’au 29 août. Les républicains, eux, tiennent la leur du 1 au 4 septembre.
Mais à quoi peuvent-elles donc bien servir ?
1. Nominer formellement les candidats à la présidence et à la vice-présidence
2. Rassembler le parti derrière un programme commun (voyez celui des Démocrates ICI, celui des républicains est en en cours d’élaboration)
3. Gérer les rapports de force à l’intérieur du parti (savoir qui a le droit d’être devant sur la photo)
4. Dynamiser au mieux la candidature de son poulain ; avec, au choix, des confettis, des supporters déchaînés, des chapeaux colorés ou bien tout ensemble !
Voilà. Ce sont les grandes idées. Mais en pratique, à quoi vont-ils passer leur temps pendant quatre jours ? En fait, le programme est assez précis. Ils sont d’ailleurs disponibles, pour les Républicains à cette adresse et pour les Démocrates à cette adresse. En voici les grandes lignes :
• Les deux premiers jours:
C’est plutôt formel: les notables du parti lancent les discours de bienvenue. Les comités déterminant les règles du parti en termes de vote des délégués et de déroulement de l’événement viennent au rapport.
Le temps fort revient au “keynote speaker” : une étoile montante ou une figure du parti prend la parole pour donner le ton de la convention et de la campagne. Mark Warner, l’ancien gouverneur de Virginie et candidat au Sénat, s’y colle cette année pour les démocrates (pour les républicains, il s’agit de Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York et candidat malheureux). En 1988, l’honneur était revenu à un jeune gouverneur de l’Arkansas nommé Bill Clinton et en 2004, à un sénateur de l’Illinois, un certain Barack Obama.
Hillary Clinton prendra la parole le deuxième jour, Bill Clinton le lendemain.
Le deuxième jour est consacré à la négociation puis l’adoption d’une plateforme qui reflète la ligne politique et les priorités du parti.
• Le troisième jour
C’est l’heure du «roll call vote» (vote par appel nominal): le secrétaire de la convention appelle les délégations de chaque Etat. Pour chacune d’entre elles, un représentant annonce leur vote. Le candidat a besoin de la majorité des votes pour décrocher la nomination. Il s’agit normalement d’une formalité, sauf en cas de division importante du parti. Cette année, il va falloir faire de gros efforts pour panser les plaies causées par les âpres affrontements médiatiaues entre Barack et Hillary. Un ancien supporter d’Hillary sur cinq décalre, pour le moment, vouloir voter républicain pour barrer la route à Obama… Un “roll call vote” permettra d’ailleurs aux délégués qui le souhaitent de manifester leur soutien à Hillary Clinton…
• Le quatrième jour
Un petit film biographique vient rappeler la vie et l’œuvre du candidat. Celui-ci, après avoir laissé la parole à une figure du parti (Al Gore, cette année côté démocrate) et son running mate, prononce son discours d’intronisation. A la fin, c’est l’heure du lâcher de ballon ! Pour vous imaginer un peu l’ambiance que cela peut-être, voyez celle de la Convention qui intronisa John Kerry en 2004…
[youtube]http://fr.youtube.com/watch?v=9FTtIbkTWTY[/youtube]
Pour compléter ce billet :
– la très bonne synthèse de Gilles Bouvaist sur le site de 20 minutes.fr (dont ce billet s’est inspiré)
– le Best Of en images des plus célèbres Conventions, c’est sur 20 minutes.fr
– le site officiel de la Convention du parti démocrate
– le site officiel de la Convention du parti républicain
Un duel démocrate qui profite aux républicains ?
D’après le décompte du New York Times , la confortable victoire de Hillary Clinton en Pennsylvanie en pourcentage (près de dix points d’avance) ne lui a donné qu’un très maigre bonus en nombre de délégués : elle en obtient 64 (63 pour Barack Obama). C’est donc loin d’être une franche victoire. En effet, Clinton était, hier soir, toujours à la traîne avec 1 593 délégués contre 1 724 pour Barack Obama.
Voyant fondre son avance au profit du sénateur de l’Illinois, Clinton est partie en guerre. Mercredi dernier, lors d’un âpre débat télévisé, elle a dénoncé l’« élitisme » d’Obama. Elle a aussi lancé lundi soir un clip catastrophiste mêlant images de la crise des missiles à Cuba en 1962 et de Ben Laden. Une agressivité qui passe mal. Ainsi le cinéaste Michael Moore s’est dit « dégoûté » par le ton de Clinton et a décidé de rallier Obama.[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/ZDap46WOCmA" width="425" height="350" wmode="transparent" /]
Pire, le duel démocrate pourrait profiter aux républicains lors du scrutin de novembre. D’après un article du quotidien 20 Minutes, assuré de l’investiture, John McCain a tout le temps de travailler ses « arguments » mais aussi sa stature internationale, comme il l’a fait il y a quelques semaines au Proche-Orient et en Europe. Mieux, pour Charlotte Lepri, chercheur à l’Iris, « John McCain peut voir dès aujourd’hui les faiblesses du candidat qu’il affrontera. Ce qui lui donne largement le temps de se préparer. »
Comment lutter contre la pauvreté… aux États-Unis ?
Reprenons ici l’excellente question d’Antoine (encore ?!) : est-il vrai que un américain sur huit vit sous le seuil de pauvreté ? Que proposent les démocrates et les républicains pour lutter contre cette pauvreté ?
Tout d’abord, oui, c’est vrai, aux Etats-Unis, près d’un habitant sur huit vit au-dessous du seuil de pauvreté, soit 36,5 millions de personnes en 2006 (dernier chiffre donné par le U.S Census Bureau). Mais il faut remarquer que ce taux de pauvreté a légèrement reculé, pour la première fois depuis dix ans, à 12,3% de la population en 2006 contre 12,6% l’année d’avant (37 millions de pauvres). Mais dans le même temps, le nombre de personnes vivant sans assurance médicale a augmenté, atteignant 47 millions en 2006 soit 15,8% de la population contre 44,8 millions en 2005 (15,3%). Et c’est surtout sur ce point que démocrates et républicains s’opposent : le système d’assurance maladie.
Pour être, une fois encore, très schématique, disons que les Républicains ne croient pas à l’État providence qui aide tout à chacun. Pour eux, l’initiative privée prime avant tout. S’ils ne stigmatisent pas complètement l’initiative privée (on est tout de même aux États-Unis), les Démocrates tentent régulièrement de poser la question du rôle de l’État : doit-il s’occuper plus directement des citoyens ? Lorsque Bill Clinton était président (1993-2001), son épouse (alors proche conseillère) avait déjà proposé, en coulisses, de l’aider à mettre sur pieds un véritable système de santé, en s’inspirant du modèle européen. C’était pour elle une première étape pour traiter la pauvreté dans le pays. Ce fut un échec.
Dire aujourd’hui quelles seront les grandes orientations que LE candidat démocrate et LE candidat républicain défendra est un peu tôt… Chaque candidat à l’investiture à ses idées et c’est à son parti de les approuver ou non. Par exemple, hier soir mardi 26 février, les deux prétendants à l’investiture démocrate ont affiché leurs différences sur presque tous les sujets, à l’occasion de leur dernier débat télévisé sur la chaîne NBC avant les primaires du Texas et de l’Ohio.
Les deux candidats se sont mutuellement accusés de déformer, voire de falsifier leurs propositions. « Le sénateur Obama a dit constamment que j’obligerai les gens à souscrire une assurance-maladie qu’ils puissent se le permettre ou pas. Ce n’est pas vrai », a dit Mme Clinton. La sénatrice de New York affirme que le plan d’assurance-maladie de M. Obama laisserait quinze millions de personnes sur le carreau : « Je conteste cela. Je pense que ce n’est pas fondé », a répliqué le candidat. Nous n’en saurons pas plus pour le moment. Les idées sont en phase de présentation.
Pour en savoir un peu plus sur ce dernier débat, voir l’article que le journal Le Monde lui a consacré. Je vous conseille l’extrait vidéo qui vous y est proposée. En V.O, certes, mais bon… Cela ne peut que vous faire du bien !